Chapitre 15 : Nettoyage gênant
La femme semble avoir une cinquantaine d'années, comme Almerick. Elle possède de courts cheveux roux, des tâches de rousseur et se dévoile encore plus petite que lui, qui n'est déjà pas très grand. Le visage doté d'une expression de colère étrangement douce, comme bougonne, elle dévisage le soldat, qui commence à bégayer devant elle. Lui pourtant si bourru.
- Alicia...Ma douce ne t'énerve pas s'il te plaît...
Elle hausse encore plus le ton.
- Ne me dis pas ce que je dois faire ! Fais ton travail plutôt ! Toi, jeune homme, suis-moi, vite.
Allan se fait tout petit, comprennant que la femme de son partenaire de conversation n'est pas une rigolote.
- Oui madame...
Elle s'approche de Almerick, toujours effrayé face à elle et l'embrasse, avant de lui faire un léger sourire.
- Si je ne me montre pas autoritaire devant les autres, tu vas avoir des problèmes pour ce retard. Retourne à ton poste gros niguaud.
Puis elle ferme la porte derrière elle, laissant l'homme, déboussolé et rassuré à la fois, sur le pallier de la porte. De l'autre côté, une cuisine immense acceuille Allan avec l'émanation du délicat fumet d'un cochon à la broche et de pommes de terre frittes, dans une grande marmitte remplie d'huile. De nombreux hommes et et femmes s'affèrent à leurs tâches respectives. Des casserolles en métal jonchent les murs et une longue table en bois traverse la pièce. Sur celle-ci, du fromage, des fruits et légumes et des énormes miches de pain. Allan se met à saliver rien qu'en reniflant ce qui l'entoure, mais la servante lui fait signe de la suivre rapidement. Elle amène le jeune hommedans une pièce collée à la cuisine. Au milieu de la pièce, un grand bac rempli d'eau dont la vapeur s'échappe par une fenêtre. Elle ouvre la porte et se met à crier à pleins poumons.
- Theresa ! Elise ! Venez ici, dépêchez-vous !
Deux jeunes femmes d'une vingtaine d'années et d'une grande beauté arrivent, regardant Allan de la tête au pied. La gouvernante leur donne ses ordres avec autorité, laissant Allan dans le brouillard, n'entendant plus ce qu'il se passe autour de lui, puis elle se tourne vers lui.
- Déshabille-toi mon garçon.
Allan reste abasourdit par ses mots.
- Euh...Comment ça ?
Elle se met à souffler, sûrement pressée.
- Enlève tous tes vêtements, elle vont te laver.
Allan rougit d'un coup et commence à bafouiller.
- Que...Quoi !? Non ! Non, non, non. Je peux le faire seule.
Elle s'impatience et devient un peu plus sèche.
- Cesse tes bêtises. Allons, dépêche-toi ou j'appelle la garde.
Allan, vivant le moment le plus gênant de sa vie, commence alors à enlever ces vêtements, ne gardant que son caleçon. La gouvernante le regarde, étonnée.
- Et bien ? Qu'attends-tu ? Enlève-le. D'ailleurs, tu me diras où tu as trouvé ces vêtements, je n'en ai jamais vu.
Allan, se cachant du regard des deux jeunes servantes amusées, réponds doucement.
- Chez Battenwear...Je peux le garder ? S'il-vous-plaît...
Une des deux jeunes servantes, amusée, lui lance une pique, amusant sa compère.
- Et bien ? On a peur de montrer ce qu'il se cache là dessous ?
Alicia s'énerve.
- Theresa ! Tais-toi donc ! Bon, dépêchez-vous. Je veux qu'il soit prêt dans moins de vingt minutes.
Puis elle quitte la pièce. Allan, toujours extrêmement gêné, passe les dix minutes suivantes à se faire frotter par les deux jeunes femmes. Au fond, il est plutôt heureux de cette situation, mais il ne peux s'empêcher de penser à Amélia et rougit de honte. Bien qu'il se sorte pas avec elle, il se sent obligé de lui rester fidèle en toutes circonstances. Après ce moment de toilette, elles commencent à donner des vêtements à Allan, une chemise de lin, un pantalon de soi, ainsi qu'une paire de bottes en cuir. Puis, elles l'aide à s'habiller. L'une des deux servantes, Elise, commence à questionner Allan.
- Tu viens d'où tombeur ?
Allan, sentant le sarcasme, répond agacé et à la fois gêné.
- De Princeton, dans le New Jersey.
Les deux filles se regardent, déroutées. Elise insiste.
- C'est dans quelle nation ça ?
Allan ne peut s'empêcher de rigoler et décide de leur tourner en bourrique pour se venger.
- Les terres noires du Mordor, au fin fond de la terre du milieu. Notre grand dirigeant, Sauron, m'a demandé de visiter ces contrées pour mieux les connaîtrent !
Les deux filles, à défaut d'être effrayées, semblent au contraire très excitées par cette annonce.
- Whoaaaaa, mais c'est trop cool ! C'est comment là-bas ???
- Si le roi t'as choisi, tu dois être quelqu'un d'important ! T'es un prince ou quelque chose comme ça ???
Allan s'amuse de leur réaction.
- Oui, quelque chose comme ça !
Un éclair de malice apparaît alors dans les yeux des jeunes femmes, qui deviennent plus tactiles avec Allan. Lui caressant le dos, les épaules et les bras.
- Et tu as besoin d'une reine pour gouverner, je me trompe ?
- Voire même de deux reines, peut-être qu'une serait lassant à la longue...
Allan commence à nouveau à bafouiller.
- Non...Je...Mais c'est que...
Alors que les filles deviennent insistantes et de plus en plus tactiles, la porte s'ouvre violemment et la gouvernante apparaît.
- Il est prêt ?
Les deux filles redeviennent très sérieuses et baissent la tête.
- Oui madame.
- Tch... Presque.
Allan n'a pas le temps de souffler que Alicia le tire par le bras.
- Dépêche-toi, le roi attend, tu es en retard !
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