Quoi ?!
Nous retournons au rez-de-chaussée, en nous voyant arriver, Shusendo nous demande :
–Alors comment ça s'est passé ?
Je lui réponds :
–Max m'a fait pleurer.
Taïba fonce sur Max et le soulève en le secouant :
–Tu l'as fait pleurer !? Espèce de sans-cœur !
–Arrête de me secouer !
Je dis à Taïba :
–Tu pourras lui casser les couilles de ma part ?
–Avec plaisir !
–Hey ! Je suis pas d'accord avec ça !
Je lui tire la langue :
–Qui aime bien châtie bien !
Nous rigolons tous ensemble, puis je finis par dire :
–Bon c'est pas tout ça ! Mais demain, j'ai cours et je dois lire "Le Cid" avant mercredi.
Cynthia qui dormait jusque-là sursaute en demandant :
–Qui m'appelle ?!
Aziz la rassure :
–On parlait d'un bouquin, ne t'en fais pas Cynthia.
Elle se remet confortablement dans sa couverture :
–J'ai crû être revenue dans le passé.
Aziz nous dit :
–Allons nous coucher, la journée a été longue. Allez Cynthia !
Elle s'allonge sur le canapé en disant :
–Non, réveille-moi demain matin vers quatorze heures.
–N'attrape pas froid.
–Zzzz…
Je lâche :
–P'tain elle s'est endormie vite !
–Elle a passé cinq heures à soigner une trentaine de blessés, c'est normal, me dit Taïba.
Gloriam nous dit :
–Pour une fois, elle ne fait rien de bizarre avec mon bras.
Shusendo lui prend le bras et le tend vers Cynthia :
–Ça peut changer si tu veux !
Gloriam essaye de s'extirper de ce piège, la scène est tellement burlesque que nous éclatons de rire. Nous finissons par monter les escaliers et rejoindre nos chambres, j'ai fait une courte nuit sans rêve. Mes cours se passent sans accroc et je suis aux anges, tout le monde le remarque :
–Dis-moi Rose ? T'aurais pas quelque chose à nous annoncer ? Me demande Jessie.
–Euh non ! Pourquoi ?
–Chais pas, tu as l'air heureuse, mais genre, tu irradies l'univers là.
Émile lui dit :
–Je l'ai vu lorgner sur des bagues tout à l'heure en allant acheter notre déjeuner.
Estelle saute d'un bond et tape des mains sur la table :
–C'est qui ? Qui t'a demandé en mariage !? Je veux des noms ! C'est qui ton témoin !? Tu vas faire combien d'enfants !? Et enfin, c'est quand qu'on mange !?
Je lui réponds :
–Alors personne, j'ai pas choisi qui serait mon témoin, j'ai pas envie d'avoir d'enfant pour le moment et c'est vrai qui fait un peu faim.
–Bon, dépêchons-nous de manger, on reprend dans vingt minutes, nous informe Jessie.
Après les cours, je passe au restaurant, j'ai bien envie de taquiner Claire. Je rentre par la porte de service, il n'y a personne, bizarre ! Il y a toujours le père de Claire qui cuisine à cette heure-là. Je demande :
–Il y a quelqu'un ?!
Personne ne me répond, vu que les murs sont insonorisés entre la cuisine et la salle, ils doivent être là-bas, je pousse la porte battante :
–Il y a quelqu'un ?
J'entends la voix du père de Claire me dire :
–Tiens Rose ! Viens par ici !
Je le remarque assis à une table avec sa femme, sa fille et Taïba, qu'est-ce qui se passe ici ? Je me rapproche, Claire n'a pas du tout l'air à l'aise et on dirait qu'elle est au bord des larmes, Taïba me fixe avec un air qui en dit long. Une fois à leur côté, son père me demande :
–Tu le savais pour eux deux ?
Claire lui crie :
–Elle n'a rien à voir dans cette histoire !
Son père fait un signe de la main pour lui dire de se taire :
–Alors ?
Je regarde Taïba et Claire, puis finit par souffler :
–Oui, je le savais qu'elles sortent ensemble.
–Ah ! Tu vois que… Hein !
Taïba frappe sur la table :
–Rose !!! T'es conne ou quoi !?
–Quoi ?! C'était pas par rapport à vous deux ?!
Claire est toute pâle et au bord des larmes, elle murmure :
–Je suis foutue.
Son père lui crie dessus :
–Tu es homo !?
–Papa ! Je voulais te…
Il la coupe :
–Non ! C'est pas possible !
Taïba lui hurle dessus :
–Vous allez vous calmer ouais ! On est ensemble depuis plus de quatre ans ! Et on s'aime ! Quoi que vous fassiez pour protester, rien ne changera !
Il se calme direct et croise les bras :
–Je n'imaginais pas ça, tout ce que je voulais, c'était que tu te trouves un homme, peu importe qui tant que vous vous aimiez tous les deux, cela serait égoïste de ma part de dire que je refuse votre amour.
Claire reprend des couleurs :
–Papa tu…
–Tu es ma fille, peu importe qui tu aimes et ça le restera éternellement. Excusez-moi pour mon comportement ! Je n'aurais jamais dû réagir comme ça !
Claire et Taïba se regarde les yeux pétillant de bonheur, son père ajoute :
–Et t'as intérêt à nous inviter pour ton mariage !
Claire lui dit :
–Merci Papa !
Sa mère lui dit :
–Je me demandais quand est-ce que tu allais nous le dire.
Son mari et Claire la regarde étonné :
–Tu le savais ? Demandent-ils en même temps.
–Allons ma chérie, tu ne peux rien me cacher, je suis ta mère, je l'ai su dès que tu nous as présenté Taïba.
–Et tu n'as pas jugé bon de m'en parler ?
–J'attendais qu'elles le disent, je ne voulais pas te brusquer, même si au final ça n'a pas changé grand-chose et surtout ! Elle lance un regard de tueuse à son mari, je t'aurais tué si tu ne l'avais pas accepté !
Je l'entends déglutir, la mère de Claire se lève en disant :
–Bon, c'est pas tout ça, mais nous avons un service à assurer !
Elle part vers la cuisine en fredonnant une chanson, son mari la suit quelques secondes après, je sens une main frapper le dessus de mon crâne :
–Aie !
C'est Taïba qui m'a fait mal, elle me dit en serrant les dents :
–Toi t'as d'la chance que je te fasse pas sauter la tête !
Puis, elle se jette dans mes bras :
–Et je te remercie ! Tu as réussi à réaliser notre rêve.
Je lui souris :
–Hé bien ! J'attends avec impatience que tu me proposes d'être ton témoin ! Tu me l'as promis après tout !
Elle s'écarte de moi :
–T'es bête !
Plus de peur que de mal ! Heureusement que je suis maladroite, ou sinon j’ai beaucoup de chance, je pense que je peux remercier ma bonne étoile. Suite à ça j'en ai plus entendu parler jusqu'à vendredi après les cours, Claire est venue me voir :
–Rose, je suis venu te remettre ton invitation à mon mariage en main propre.
Elle me tend une enveloppe :
–Ouvre-la.
Je fais ce qu'elle me dit :
Rose
Vous êtes invité au mariage de Claire Bilo et de Taïba Adunato Familia, en tant que témoin de Taïba, le mariage aura lieu le 1er février à 10 h s'ensuivra un repas dans la salle des fêtes ou vous êtes là aussi convié. N'hésitez pas à proposer à vos amis de venir.
Ça tombe pile le premier jour des vacances d'hiver. Je lui dis :
–Mais c'est dans moins de deux semaines !
–On en pouvait plus d'attendre, donc dès qu'on a su que le maire avait un trou ce jour-là, on a sauté dessus.
–D'accord, en tout cas, je comprends maintenant pourquoi tu ne m'as jamais dit ton nom de famille, Bilo j'crois pas qu'y ait pire.
–Mais je t'en merde ! Bon avant d'oublier, voilà pour toi !
Elle me donne un écrin bleu, je l'ouvre et y découvre une sublime alliance :
–À donner à la mariée le jour du mariage.
Je la prends dans mes bras :
–Je suis tellement heureuse pour vous !
–Hey ! Les vœux de bonheur sont à faire après l'union !
–M'en fout !
–Ah ah ah ! Bon allez j'te laisse, j'ai une robe à essayer !
Elle se sépare de mon étreinte et part en direction du centre-ville, je rejoins Émile, Estelle et Jessie qui me demandent :
–Qu'est-ce qu'elle t'a dit ?
Je leur réponds le sourire jusqu'aux oreilles :
–Je suis le témoin d'une mariée !
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