J'ai pris un sac pour récupérer toutes les affaires d'Estelle, David m'attend avec un sac de sport :

–Je suis paré, t'as plus qu'à me montrer le chemin.

–Très bien.

Je l'amène devant l'immeuble dans lequel habitait Estelle, David me prévient :

–Bon, je t'explique les bases, d'abord, tu ne touches à rien sans gants et ensuite, tu dois faire vite, moins on reste là-bas, moins on a de chance de se faire arrêter.

–Je comprends.

Nous arrivons dans le quartier riche, c'est là qu'est l'immeuble, David souffle :

–Oh ! Génial, on doit rentrer par effraction chez des riches, dis-moi qu'il y a plusieurs entrées.

–L'immeuble a une sortie de secours.

–Des caméras ?

–Je n'y ai jamais fait attention, ça fait longtemps que je n'y suis pas allée.

–Dans ce cas regarde toujours tes pieds, si les cams voient ton visage, on est foutu.

–Je comprends, je ferais attention.

Nous nous dirigeons vers la sortie de secours, David me tend une casquette et des gants :

–Met ça pendant que je m'occupe de la serrure.

Je fais ce qu'il dit, il tourne la poignée

:

–Fermé évidemment.

Il s'agenouille et inspecte la serrure :

–Alors qu'est-ce que tu as à me raconter ?

Il sort ses outils et crochète la serrure :

–Donc comme ça il ne t'utilise pas souvent, une simple serrure ? Moi qui pensais que la sécurité des riches était leur priorité et voilà ! Baisse la tête.

Il ouvre la porte et rentre :

–C'est quel étage ?

–Troisième à droite.

–Dac.

David prend les escaliers, je lui demande :

–Pourquoi on prend pas l'ascenseur ?

–Ils sont équipés de caméras et très certainement couverts de miroir, non ?

Maintenant qu'il le dit, je me souviens que nous nous amusions à prendre l'ascenseur quand nous étions petites parce qu'il nous reflétait, il doit certainement y avoir une caméra que ma mémoire à effacer. Nous arrivons au troisième palier, il va directement vers la porte de gauche et dépose un scotch opaque sur le judas :

–Oh cas où. Bon voyons voir la serrure, celle-là hum d'accord, je vois, donc tu as deux serrures ? Encore heureux que je puisse vous atteindre les filles, vous allez pas résister bien longtemps, voilà une qui a succombé à mon charme et la deuxième ? Oui, je sens que tu viens, un peu plus et voilà ! Tu peux récupérer le scotch ?

Je mets deux secondes à comprendre qu'il me parle, j'enlève le scotch, il ouvre la porte et nous rentrons dans l'appartement, il referme derrière moi, l'endroit est spacieux avec beaucoup de décoration qui doivent coûter une fortune :

–Ah ! Une alarme, voyons… c'est une basique et j'ai une minute pour la désactiver, ça ne doit pas être les plus riches de l'immeuble. Hum… il sort une poudre et souffle sur les boutons du digicode, bon, mon instinct dit que c'est zéro-quatre-cinq-un, j'entends un petit bip, c'est bon, on peut souffler !

Je lui demande :

–Tu parles souvent aux objets ?

–Ça m'aide à me concentrer.

–Si tu le dis, bon, je dois récupérer des affaires.

–Une petite question ? Je peux voler ce vase ? Il est tellement beau !

Il me montre un vase que je trouve personnellement moche :

–Si tu veux.

Il le prend dans ses bras :

–Ouh bébé ! Je vais t'aimer comme personne ne t'a jamais aimé avant !

Je le laisse à son amour de vase moche, je prends les affaires d'Estelle et les fourrent dans mon sac, je retrouve David qui fait le tour du propriétaire :

–Chouette baraque, dommage que les propriétaires aient de si mauvais goût.

–Ah bon ?

–Ils ont mis du Chopin à côté d'Antonio Vivaldi ses monstres !

Je me frappe le front :

–Et sinon pour les faire plonger ? C'en est où ?

Il me montre un paquet transparent qui contient une poudre blanche :

–J'ai plus qu'à jeter ça aux toilettes.

–De la cocaïne ?

–Et ouais, plus qu'à appeler les stups et ils plongeront pour dix ans.

–Est-ce qu'on pourrait ajouter un mot ?

–Pourquoi ça ?

–Ils ont jeté leur fille dehors, je veux qu'ils sachent que c'est à cause de ça qu'ils vont plonger.

Il sourit :

–Taïba connaît une personne qui pourra leur faire comprendre leur erreur.

–Parfait.

J'entends le bruit de la chasse d'eau, David fait :

–On y va.

Il passe devant, nous refermons la porte et quittons l'immeuble, une fois partie du quartier riche, je lui rends ses affaires :

–J'te remercie pour ton aide.

–Tu pourras me remercier si on ne se fait pas attraper, tu rentres avec moi ?

–Je dois déposer mon butin d'abord, je vous retrouve directement à la salle des fêtes.

–D'accord, fait attention sur le chemin.

Nous nous quittons, je marche jusque chez Émile, c'est sa mère qui m'ouvre :

–Rose ?

–J'étais venue donner des affaires à Estelle, ils sont là tous les deux ?

–Non, tu les as loupés, ils sont partis il y a une heure, ils m'ont dit qu'ils devaient discuter.

–Oh ! D'accord, on m'attend autre part, vous pourrez leur dire que je suis passée ?

Je lui tends le sac de vêtements en même temps, elle le prend :

–Oui bien sûr.

–J'vous remercie.

Je vais à la salle des fêtes, je croise Gloriam avec le type qu'il avait rencontré durant la messe :

–J'accepterai uniquement si tu acceptes mes frères et sœurs.

–Il suffit de me les présenter.

–Ça tombe bien, toute la famille se réunit pour le mariage d'une de mes sœurs.

–Ç'a lieu quand ?

–Dans trois jours.

–Ah, tu ne perds pas ton temps toi !

–Vaut mieux ça que de patienter deux-mille ans !

–C'est vrai, tu as raison. On se reverra avant ?

–Si tu veux.

–Très bien, je t'enverrai un message.

–J'attends de l'avoir.

Ils se font au revoir de la main, je dis à Gloriam :

–Dis donc, c'est l'amour fou entre vous deux.

–Je crois.

–Tu crois ?

–Il dit que je le fais rire, mais je ne vois pas ce que je dis de si drôle.

–Et toi ?

–Il est… gentil, je crois, il m'apprend des trucs et on sort ensemble ? Je crois que c'est comme ça qu'on dit.

–Vous faites quoi durant vos sorties ?

–Il me montre des endroits, on se balade, ces derniers temps, il veut qu'on se tienne la main tout le temps.

Moi aussi j'aimerais leur tenir la main, je lui réponds :

–Il est gravement atteint de la maladie d'amour.

–Une maladie hein ?

–C'est une expression.

–Je crois comprendre, c'est parce que vous agissez différemment sous l'influence de l'amour, non ?

–Hé bien, tu as raison.

–Le cœur s'accélère, la peau sécrète de la sueur et votre cerveau vous fait faire des actes inconsidérés.

–C'est étonnamment précis venant de toi.

–J'ai ressenti ça, je crois.

–Tu es tombé sous son charme ?

–Je crois, il a beau être timide, son amour est rayonnant, ça fait peur une lumière blanche qui irradie comme celle-là, moi qui suis fait d'ombre, j'ai peur de disparaître sous sa lumière.

–Pourquoi as-tu peur ? Tu n'as jamais vu de lumière ?

–Non, peu importe où tu te situes, il y aura toujours une part d'ombres dans les plus puissantes lumières, et il y aura toujours une petite lueur dans les plus écrasantes ténèbres.

–Tu es sûr de toi ?

–Je crois.