Il claque la porte et une nouvelle fois le sommeil me rattrape, à mon réveil, je me retrouve ligoté à une chaise, les bras liés aux accoudoirs. Atlas apparaît devant moi avec une petite table à roulette, je remarque une seringue vide à côté d'un bocal rempli d'un liquide bizarre avec comme étiquette Scopolamine :

–Heureux de te revoir parmi nous, petite question avant de commencer, tu ne voudrais pas par hasard me dire quoi que ce soit ?

–Tu peux toujours rêver !

–Oh, mais mon rêve va devenir réalité dans quelques instants, grâce à ceci.

Il me montre le bocal qui est fermé par un bouchon en liège :

–Ceci est un sérum de vérité, dans quelques secondes ton esprit va être embrouillé par cette drogue qui va faire disparaître tous tes repères. Tu vas confondre la réalité et l'imaginaire et tu vas tout me dire de ton plein gré.

Il remplit la seringue et tapote le bout, je pâlis devant la pointe :

–Oh ! Peur des aiguilles ?

Je continue de fixer la pointe sans rien dire, je sens une goutte de sueur perler le long de mon front :

–Ne t'en fais pas, tu ne vas absolument rien sentir.

Il me pique le bras, une sensation bizarre me parcourt l'échine, la pièce s'étire et tourne, j'ai l'impression de voir une spirale infinie avec des tons de couleur inédite. J'ai mal au crâne, j'entends la voix d'Atlas au loin comme un écho qui me dit :

–Dis-moi tout, je suis ton seul ami ici.

De la brume envahit mon champ de vision, une fois dissiper ; je me retrouve dans la salle d'interrogatoire où je suis enfermée depuis trois jours. Devant moi se tient une personne avec un sac en toile de jute sur la tête, la voix d'Atlas en fond toujours comme un écho me dit :

–Dis-moi toute la vérité.

Je dois mettre toute ma volonté pour lui répondre un simple :

–Non.

J'ai la bouche sèche, j'ai un mal de crâne horrible :

–Regarde ce qui arrive quand tu dis non.

La personne qui est devant moi n'a plus de sac sur sa tête, c'est Max, complètement défiguré et sanguinolent, il n'a pas l'air de respirer, ses yeux livides me fixent, serait-ce de ma faute ? Je fais un effort surhumain pour faire une simple phrase :

–Non Max, qu'est-ce que vous lui avez fait ?

–C'est le sort qu'on réserve à tous tes amis si tu ne réponds pas.

Je n'arrive pas à remettre de l'ordre dans mes idées, je ne dois rien dire, je :

–Non… Je… Je ne dirais rien.

Je cligne des yeux dont j'ai l'impression qu'ils vont sortir de leurs orbites et la personne défigurée n'est plus la même, cette fois-ci c'est Shusendo. Je cligne une nouvelle fois des yeux et c'est maintenant Taïba, puis David, Aziz, Cynthia et enfin Gloriam, je pleure en les voyants :

–Merde… Qu'est-ce qu'ils vous ont fait ?

La voix d'Atlas mue en une voix inhumaine :

–Tout est entièrement de TA FAUTE !

–Non ! Non ! Non ! Non !

–Ton entêtement a causé leur perte ! Tu veux qu'on continue ?

Deux personnes apparaissent devant moi, c'est Émile et Estelle, en larmes, j'essaye de me dégager de mes liens en hurlant :

–Pourquoi sont-ils là ? Vous m'avez moi ! Ils n'ont rien à voir dans cette histoire !

–Tout est de ta faute, réponds-moi et tout s'arrêtera, je suis ton seul ami ici.

–Je… non… c'est d'accord, qu'est-ce que vous voulez savoir ?

–Qui as-tu effacé ?

Ma mémoire est brouillée, je ne me rappelle plus des noms, j'ai leur forme :

–J'ai effacé, des données, un… un loup géant, puis j'ai… j'ai effacé un serpent et une femme à la fois morte et vivante.

–Voilà ! C'est bien, continue, qu'as-tu vu dans l'autre plan ?

L'endroit où je suis change subitement, je suis dans le Somnium ? La boule noire est devant moi, Père ? Il me regarde de ses deux yeux rouges et me dit :

–Rose, suis mes pas et devient dieu.

–Hein ?

La voix d'Atlas toujours aussi inhumaine me demande :

–Tu n'as pas bien compris la question ?

Père continue :

–Dieu a un corps, Dieu a un esprit, Dieu est amour, il ne cherche qu'à protéger, rejoins-moi et mes enfants.

–Que ?

Une sorte de fil part de la boule et me rejoint, la sensation est bizarre, je me sens bizarrement bien, plus forte :

–Tu es la parfaite candidate pour devenir aussi divine que moi, j'ai gardé un œil sur toi depuis notre première rencontre. Tes deux prisonniers sont la preuve que tu es celle que j’attends depuis si longtemps, Rose, rejoins-nous et je ferai de toi une gardienne du paradis.

Je me réveille dans la salle d'interrogatoire du début dans ma chaise, mais je ne suis plus attachée, qu'est-ce qui s'est passé ? J'ai l'esprit embrouillé pendant plusieurs secondes, puis je remarque Atlas qui est dehors, il tient la porte du pied, il parle à quelqu'un :

–Elle sera juste complément à l'ouest durant les prochains jours le temps que son organisme absorbe le produit et le rejette.

J'entends une voix familière lui répondre :

–Comment c'est possible ? Tu n'as pas bien dosé ou quoi ?

–Non tout était en ordre, son corps doit être plus sensible aux produits.

–Mouais, prévenez-moi quand elle sera réveillée, je m'en occuperai personnellement.

–Laissez-moi faire, j'étais sur le point de la faire parler.

–Ça fait une semaine ! Une semaine qu'on n'arrive à rien avec eux et une semaine que leur message tourne sans discontinuer ! Je me demande si j'ai bien fait de vous laisser faire ! Il me semblait que vous étiez le meilleur non !?

Je suis ici depuis une semaine ?! Je pensais que cela faisait moins de trois jours :

–Mais je le suis, le problème, c'est que ça demande du temps de les faire craquer, l'asiatique et l'américaine vont bientôt parler, y'a que l'africain et l'arabe ou je n'ai pas réussi à avancer. Puis il y a aussi la chose bizarre.

–Concentrez-vous sur les deux premiers et faites-les parlé !

–Très bien patron. On fait quoi de celle-là ?

–Les médecins vont la garder sous surveillance, ils seront là d'une minute à l'autre, montrez-moi plutôt les deux autres et faites les parler.

–Suivez-moi.

Ils partent, je me jette sur la porte juste avant qu'elle ne claque, j'attends de ne plus entendre le bruit de leur pas avant de pencher ma tête dehors. La porte donne sur un couloir blanc et aseptisé où il n'y a personne, des placards muraux sont fixés à côté de certaines portes et des vitres sont à l'opposé pour observer la pièce. Il faut que je me dépêche, je m'accroupis et fonce jusqu'aux boîtiers devant moi et l'ouvre, trois clés sont accrochées avec une étiquette indiquant porte 1, porte 2 et liens :

–Sérieusement ?!

Je prends les trois et regarde par la fenêtre qui est à l'intérieur, je tombe sur David, il n'a pas l'air d'être en forme. Je teste la clef porte 1, qui ne marche pas, note à moi-même, clef porte 1 INUTILE, je teste l'autre clef qui déverrouille la porte, je fonce sur David en disant :

–David ! David ! Ça va !?

Il ouvre difficilement les yeux et me répond difficilement :

–Rose ? Tu es réelle ?

Je le libère de ses menottes en lui répondant :

–C'est bien moi, il faut se dépêcher, on n'a pas beaucoup de temps.

Je l'aide à se relever et fonce vers un autre boîtier, nous tombons sur Max qui est aussi amoché, je le libère ; il arrive à marcher tout seul, heureusement d'ailleurs parce que je n'aurai pas eu la force de les soutenir tous les deux. Je continue à avancer en soutenant David, les deux autres portes sont occupées par Shusendo qui est en train d'être interrogé par Atlas et l'autre est occupé par Cynthia, Max me demande :

–Pourquoi on ne va pas sauver Cynthia ?

Je lui dis ce que je sais :

–Ils ont dit qu'il voulait voir l'asiatique et l'américaine, on va les sauver en dernier.

Il ne fait aucune remarque, de toute façon, nous ne sommes pas dans la pleine mesure de nos moyens, même si je ne sais pas ce qui m'est arrivée, mais j'ai l'impression d'être en forme. La prochaine porte donne sur Aziz sans ses prothèses, Max me conseille :

–Vaut mieux pas le libérer tant qu'on ne sait pas où sont ses augmentations.

Je vais à la porte suivante, dedans se trouve Gloriam menotté et nu comme un ver, lui par contre, il a l'air d'aller plutôt bien, j'ouvre la porte et Gloriam nous dit :

–Je vous attendais, je trouvais le temps plutôt long sans vous.

–Ils t'ont fait quelque chose Gloriam ?

–Ils ont essayé de faire des trucs, expériences, je crois, mais il ne s'est rien passé.

–Ils t'ont fait quoi ?

–Alors là !

Il gonfle ses joues et fait un bruit pour signifier son incompréhension, je le libère et il m'aide avec David. Nous nous dirigeons vers la dernière porte, où est Taïba qui est en train de dormir, je la libère de ses menottes pendant que Max la réveille :

–Taïba ! Taïba ! Réveille-toi !

Elle se réveille en se levant et gueule :

–Pays de galles indépendants !!!

Nous la fixons sans rien dire, puis elle se frotte les paupières en disant :

–Ouh là, j'ai un peu gueulé là non ?

Je lui demande :

–Ça t'arrive souvent de hurler ça ?

–Seulement pour le spectacle.

–Contente de voir que tu es toujours la même.

–Il m'en faut plus que ça pour me briser.

Max résume :

–Bon, il nous manque que les augmentations d'Aziz à trouver et on fonce sauver Shu et Cynthia.

Gloriam nous dit en entendant cela :

–Oh, mais les bras et les jambes d'Aziz sont là.

Il nous montre une porte dans le couloir, Taïba lui demande :

–Comment tu sais ça ?

–Je les ai vus les ranger là quand ils m'ont fait faire des expériences, je crois.

–Bon bah, ce fut plus rapide que prévu, dit Max, soulagé.

Nous allons en direction de la porte en question, je l'ouvre et nous tombons sur une salle ou des tonnes d'appareil de sports sont entreposées et au bout sur un établi son posé les augmentations d'Aziz. Nous sommes en train de les prendre quand nous entendons une alarme et la voix qui me dit quelque chose dire :

–Alerte rouge ! Les prisonniers se sont échappés ! Fouiller toute la station ! Trouvez-les ! Que des gardes surveillent la porte qui mène au plan !