I.

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“Putain Max, je devrais archi pas être là gros”, je lui tape le genou pour qu’il se réveille.

“Yo, il est presque 9h bordel, je bosse aujourd'hui ! Gros je suis trop perché, dis-moi que t’as encore ce truc qui fait redescendre !”

“Meeec… Vas-y t'abuse…”

Sa putain de voix est claire alors qu’il a pas bougé, ce fils de pute me fout les jetons, il peut être dans n’importe quel état, c’est comme si il pouvait revenir à lui-même sur demande. Il me tend une Puff et ajoute, d’un ton hautain :

“Prend ça, mais c'est la dernière fois, faut que t'arrête de faire ça, je te jure…”

Abasourdi, je ne laisse échapper qu’un début de phrase, ne sachant finalement pas vraiment quoi dire. Ce connard est drogué jusqu'à l’os et il ose me faire la morale.

Je prends la Puff et tire une longue bouffée. Je la laisse remplir mes poumons. Je ne suis pas tout à fait relevé que je sens déjà les effets se diffuser dans mon sang. J’adore cette sensation, tu sens réellement le produit se propager dans ton corps. Ça devrait me rendre tout léger normalement, mais avec la charge que j’ai déjà, j'espère juste me rapprocher assez du sol pour ne pas sombrer. J’entreprends chancelant de quitter la chambre.

“À ce soir !” Je lance derrière moi à qui voudra bien l’entendre tant la musique est encore beaucoup trop forte, surtout pour l’heure.

La musique joue encore doucement des sons de psy trans, ça n’a pas la même saveur, et pourtant Carla danse encore devant les baffles. Dans les ruines d’une soirée trop longue. Y’en a quelques-uns qui dorment par terre, j’espère, au milieu de bouteilles vides ou à moitié renversées, des mégots sur un carrelage dont la colorimétrie est impossible à définir. Le canapé n’a jamais porté autant de personne d’un coup, ça dépasse de partout, on peut observer les affres d’un combat auquel certains ont payé de leur place sur le divin divan.

La table basse devant ressemble à une skyline dystopique où plus on s'éloigne du centre et plus la situation se dégrade. Passant des palais de verre, quoique certains écroulés, on descendait vers les suburbs où s’y mêlaient drogues et débris divers.

Je longe le mur pour garder un appui qui soit sûr. Dans la cuisine, deux types sont assis face à face, les yeux écarquillés, que de pupille, la mâchoire écrasée, ils sont plongés dans une conversation. En tout cas ils échangent des sons, entre grognement et grincement de dent, mais ils ont l’air de se comprendre. Ils semblent correspondre.

J’arrive à l’escalier, je prends une nouvelle taffe, en récompense pour l'épreuve endurée et pour me redonner un peu plus de force, je commence l’ascension. Chaque marche, je tangue vers l’autre côté, mais j’avance. J’arrive en haut, et quand j’ouvre la porte, un peu trop rapidement, je suis ébloui par la lumière du dehors. La fraîcheur matinale m’enveloppe, je crois me sentir mal. Je m'assieds un instant, reprends mon souffle et mes esprits et allume une cigarette. J’en n’ai même pas envie putain, je l’écrase contre l’escalier, me relève doucement et ferme la porte. Direction la gare.

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