Cher toi,

Je ne sais pas pourquoi je couche ces mots sur du papier, pendant une expérience, parce que je ne t'enverrai sans doute jamais ces quelques phrases. Je ne sais même pourquoi j'ai pensé à toi quand on m'a demandé d'écrire une lettre... Peut-être que j'ai juste envie de te dire que je vais bien. Que j'apprends à arrêter de me torturer l'esprit pour un oui ou pour un non. Que j'apprends à m'aimer un peu plus aussi. Je dois encore apprendre à lâcher prise, mais tu sais à quel point ça a toujours été difficile pour moi. J'en suis encore souvent incapable. Je sais que je devrais dire tout ça, mettre plus souvent des mots sur tout ça. Je suis trop fermée, trop secrète. J'ai tendance à ne rien montrer, à tout garder pour moi, préférant garder la tête basse, ravaler mes larmes et mes émotions, encaisser les coups.

En lisant mes mots, tu dois surement te dire que si je suis comme cela, c'est de ma faute. Que j'ai simplement été trop loin dans mon silence et que je ne sais plus trop comment en sortir. Et tu as surement raison. Je ne sais plus comment je suis censée communiquer sur moi, mes sentiments, mes pensées. Tu as raison. Je ne le dis pas souvent, mais tu as raison sur toute la ligne.

Et ces mots... Ce n'est surement que du vent. J'ai couché tous ces mots sur ce papier et pourtant... Je crois qu'il n'y a plus rien à dire. J'ai sans doute abandonner la bataille. Mais avais-je réellement le choix ? Je ne peux pas changer ma nature profonde. Je ne peux pas changer ce que je suis, ce qui fait de moi la femme qui écrit ces mots. Mais j'essaye tout de même. J'essayerai toujours.

Je ne signai pas la lettre. Après tout, certains de ces mots étaient sans doute réels, me définissant à la perfection, mais personne ne la recevrait jamais. Luke la lira, j'en suis consciente, mais je crois qu'il n'est pas dupe. Il sait que je ne parle pas ce que je ressens. Et il n'a pas besoin de savoir à qui j'ai adressé ces mots. Parce que ces mots, c'est à la moi d'il y a quelques années que je les ai écrits. Cette adolescente qui pendait que le monde entier lui en voulait et qui, pourtant, a grandit et à tout de même trouvé un certain équilibre. Certes, la jeune fille que j'étais aurait surement voulu qu'on soit mon réservée sur ce qu'on ressentait, mais ce n'est pas toujours possible... J'ai grandi, mais certaines choses ne sont pas vouées à changer.