Au bout d’une minute, un homme brisa le silence. Il devait avoir une cinquantaine d’années, et portait un jean délavé et un tee-shirt d’un groupe de rock psychédélique.

« -Bon je crois qu’on est tous bon pour se supporter, si cela vous va, je pense que nous devrions tous nous présenter pour faire plus ample connaissance. Avec les noms de codes je pense, car il est probable que nous soyons sur écoute et filmés pendant toute la durée du jeu. Moi je suis L’Ermite, dit-il d’une voix rauque. »

Peu à peu tout le monde se présenta. Je n’étais pas assez réveillé pour mémoriser et associer les noms de code aux visages des participants. Il y avait L’Empereur, Le Bateleur, La Papesse et d’autres que je n’ai pas retenus. La seule certitude c’est que la femme qui était montée avec moi dans l’ascenseur était La Roue de la Fortune. Soudain, un écran descendit du plafond avec une image fixe d’un triangle au centre d’un œil, le symbole de la Gamecop. L’image changea, et à la place un texte apparut :

" Avant de pouvoir sortir vous devrez réussir sept épreuves. Chacune sur un thème différent. La première est immédiate. Regardez votre mission dans l’enveloppe et dans 10 secondes la lumière s’éteindra pour 45 secondes. Ne faites aucun bruit et ne bougez pas. Si vous respectez cette consigne vous passerez à la salle suivante. Le compte à rebours démarre maintenant."

En un instant, tout le monde se précipita sur son enveloppe pour en voir le contenu. Sur la mienne il n’y avait qu’un mot et c’était " Survis" . Puis la lumière s’est éteinte.

Aucun son, plus rien. Il y avait une tension insoutenable et l’attente me sembla interminable. Je ne bougeais plus pour éviter de faire perdre tout le monde par ma faute.

Lorsqu’enfin la lumière fut revenue, elle était aveuglante et particulièrement agressive. J’en avais le tournis et il me semblait avoir des hallucinations. Tout le monde mit plus ou moins de temps à recouvrer ses esprits. Le seul problème c’est que n’étions plus que neuf ici. Une des filles n'était plus là, enfin il ne restait plus que ses talons. Certains commençaient à paniquer, d'autres ne réagissaient pas, et moi au milieu de tout cela, j'étais partagé entre l'incompréhension et la peur. L'Ermite arpentait la pièce afin de trouver une explication, il semblait convaincu qu'il s'agissait de la première énigme. Une voix d'homme, grésillante, nous parvint à travers des haut-parleurs.

"Bonjour à tous, je suis le directeur de cette société, Mr Paul Tarotin. Je voulais vous féliciter tout d'abord d'avoir été sélectionné. Il n'y a que trois règles à respecter. En premier lieu vous devrez respecter votre mission et ne la divulguez à personne, ensuite ne trichez pas et enfin faites confiance aux bonnes personnes. La première mission ayant été rempli avec succès vous pouvez passez à la prochaine salle.

-Excusez-moi, mais pouvez vous nous dire où est passée la fille qui était là avec nous, demandais-je.

-Disons que quelqu'un a déjà rempli sa mission"

Sur ces mots qui n'avaient rien de rassurant, un pan du mur disparu pour laisser place à une porte de sous marin. Il y avait donc une possibilité que l'entre nous ait caché, blessé la fille, ou pire, mais j'espérais me tromper. Guère motivés par ces révélations, nous nous sommes dirigés vers la porte ouverte. À peine l'avions nous tous franchie qu'elle se verrouilla. Entant le dernier je sursautai et par habitude j'ai regardé par le hublot. Bizarement j'avais l'impression de voir une silhouette bouger au niveau des rideaux. J'appelais L'Ermite pour qu'il voit cela aussi car je lui faisais confiance. Soudain du milieu de la pièce où l'on était, de l'eau commença à jaillir en grande quantité, heureusement que nous étions protégés ici. L'eau atteignit 50cm de hauteur lorsque la forme au niveau des rideaux fit de plus en plus de mouvement jusqu'à en sortir.

Je reconnus tout de suite la fille qui avait disparue. Elle était bâillonnée, pieds et poings liés, à son regard je compris qu'elle avait peur de mourir. J'ai appellé tout le monde en renfort pour nous aider à ouvrir la porte, mais elle resta scellée. Maintenant la fille était au niveau du hublot et l'eau arrivait déjà à son cou. Nous sommes restés impuissants à regarder l'eau monte. Je hurlais en m'acharnant sur la porte avec L'Hermite, certains détournaient le regard et il me semble qu'une personne avait vomi dans un coin.

On ne voyait plus la jeune fille, l'eau avait atteint le plafond. Au bout de plusieurs minutes, le couloir dans lequel nous nous trouvions s'illumina et nous vimes une porte en bois au fond. Cette société était visiblement décidée à nous faire jouer à un jeu où il n'y avait que deux issues: vivre ou mourir.