Stéréotypes sur les consciences insulaires
Et si la cet inconnue au bord de la route était la personne la plus importante de votre vie. Si vous manquiez votre Destin parce que des forces surnaturelles ne veulent pas vous voir parler? Si vous changiez d'avenir en refusant d'aider une fille à porter sa valise par timidité? Si les personnes qui vous entourent ne se contentaient pas de noter votre présence, mais imaginaient ce que pourraient être vos pensées, votre vie, vos faits d'armes et vos angoisses?
Il y a ces deux adolescents, frères et soeurs ou amis, pouvant désirer être plus que ça l'un pour l'autre. Je les pensent amis, ils ont le même âge et une vraie connexion règne entre eux deux. Ils observent le train avec un intérêt immense pour tout ce que les autres ne voient pas, le sourire aux lèvres. Il a les cheveux noirs, les joues rondes, je ne dirais pas qu'il est beau mais c'est certainement le genre de personne avec un trésor secret pour quiconque aurait la force de poursuivre l'arc-en-ciel. Elle est blonde, jolie et bienveillante, ils sont un peu plus jeune que moi. Leur lien m'intrigue et me perturbe même. Mais qui sont-ils l'un pourl'autre pour partager leur âme ainsi? On dirait l'oxymore de mes amitiés ratées, ils sont tellement proches qu'ils se comprennent d'un regard, un vrai lien télépathique comme on ne sait en établir que dans des moments rares, et surtout brefs. J'aimerais tant leur parler, ils semblent si intéressants et leurs âmes si pures...!
Le train s'arrête. Je les suit un moment. Je m'étais trompé, deux autres silhouettes avaient émergées d'un carré, ils étaient avec leurs amis depuis le début. Sortis d'un sac caché dans une boîte noire. Pendant un moment, j'ai cru que cela remettait tout en question, mais non toujours mon garçon timide qui préfère ma blonde au visage soie et crème. Même alors qu'elle s'adresse désormais à ses amies, elle garde une certaine tendresse pour son protégé, elle veille sur lui. Cela plonge à nouveau ma vision à l'eau et, déboussolé, je manque de percuter un vieillard de campagne, de ceux qui affichent toujours une mine renfrognée et une âme tendre.
J'ai l'impression du schéma classique mais j'ai sûrement tort, c'est parce qu'il me hante: il l'aime et elle ne le considère que comme un ami, même comme un meilleur ami mais ça suffit. Je dois être triste pur voir la même tragédie se jouer partout, peu de choses finissent bien chez les inconnus du rail, le transport des corps et des sentiments est triste, mais sincère. Ils ne vont pas au même lycée, elle s'éloigne avec une amie, probablement vers Clémenceau, et lui demeure avec une autre, ils vont à la Col' comme moi.
J'ai recroisé mon vaillant chevalier une fois. Courant son jogging à deux pas de chez moi et à 20 bornes de là où je l'avais rencontré, il suait l'éternité pour séduire cette princesse, ne se rendant pas compte que c'était lui qui était en détresse. J'aimerais pouvoir les observer à nouveau, mais j'ai trop peur que rien n'ait changé, nous verrons.
Elle était là dans le tram, les cheveux noirs comme moi, filant vers le Bac sous le Soleil de Juin. Une robe sur les genoux pliés sur le côté et de la tension, de la gravité dans le regard. Elle était belle, une actrice de rôle de jeune femme héroïque dans un drame romantique. Plus d'angoisse que de jugement: "Trop de possibilités! Comment faire?". Le désir ardent du mouvement, du vent dans les voiles.
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