Pour son anniversaire Ziza va au parc d’attractions avec son père. Dès qu’elle y entre, elle est à la fois craintive et subjuguée. Elle a peur de ces grands manèges qui mettent les gens à l’envers, la tête en bas, ou d’autres qui vont à toute vitesse.

Elle préfère de loin le clapotis des bassins où flottent des poussins tout jaunes qu’il faut attraper. Ziza est assez douée à ce petit jeu. En plus, elle a repéré une jolie poupée en cadeau.

Elle prend une canne. Elle est bien longue. Un petit vent se met à souffler rien que pour l’embêter. A chaque fois que le crochet s’approche de l’anneau fixé sur la tête du poussin, une rafale de vent annule tous ses efforts.

Pourtant, Ziza ne se décourage pas. Elle fait comme lui a montré son père. Elle respire en fermant les yeux pour se concentrer. Aussitôt, elle est en osmose avec la canne et les éléments. Elle oublie la récompense pour se focaliser sur le poussin.

Au moment où elle réussit à placer le crochet dans l’anneau, quelqu’un la bouscule.

• Alors, sale babtou !

C’est Sophie, une terreur. C'est le style grande duduche qui n'a pas l'eau et le gaz à tous les étages. En plus, elle embête tout le monde. Ziza a peur d’elle. Mais cette fois, sans réfléchir, énervée qu’on lui marche dessus, d’un grand coup d’épaule, elle bouscule la fille qui tombe dans le bassin.

Ziza, stupéfaite, ne sait plus que faire. D’autres enfants, ravis de voir la fripouille toute habillée, barboter dans l’eau, accourent pour se moquer.

Sophie sort de l’eau. Les yeux baissés, elle contourne le groupe et s’enfuit sous les quolibets, en pleurant.

Ziza pleure aussi. Elle n’a pas voulu cela. Elle est contrariée. A cause de cette fille, son après-midi est gâchée. Elle est partagée entre les regrets et la colère.

Son père s’agenouille à côté d’elle. Il la prend dans ses bras pour la consoler.

• Parfois, dit-il doucement, on doit montrer aux autres qu’ils vont trop loin. Ne t’en fais pas, elle l’a bien mérité. Viens, on va manger une glace.

Rassurée, Ziza prend la main de son papa.