L'opéra
Un matin, son père dit à Ziza
- Ce soir, on va à l’Opéra.
- Ah, dit-elle, étonnée.
- Sais-tu ce qu’on y joue ?
- Non ?!
- Pierre et le loup.
Le regard de Ziza s’illumine, son visage s’élargit d’un sourire que seuls ont les enfants. C’est une invitation aux bisous et à la protection. Dans leurs yeux, on voit le fabuleux, le fantastique, les chimères, l’inoubliable. Sur le moment, aucune ombre grise ne vient troubler leur joie. Même l’école ne joue plus, aujourd’hui, le rôle d’une obligation barbante. Leur âme se remplit d’un bonheur inégalable.
Toute la journée, Ziza flâne dans ses pensées et tourne ses rêveries vers Pierre. Craignant pour l’oiseau à l’approche du chat, elle sourit immanquablement à l’évocation du loup pris par les chasseurs.
Le soir arrive et son père lui présente une jolie robe qu’elle met après la douche. Il coiffe ses cheveux fins en une longue tresse bien serrée. Noisette, le lapin près de son épaule, surveille en connaisseur le travail accompli.
Ziza regarde dans le miroir cette nouvelle silhouette enjolivée par la ravissante robe. Elle joue un moment. Elle dandine comme une star et s’invente un discours de remerciement comme pour la réception d’un César.
- Ziza, on y va.
- Oui papa, j’arrive.
Ziza n’en croit pas ses yeux. A l’entrée de l’opéra, des lustres gigantesques viennent l’accueillir ainsi que des escaliers immenses comme elle les imagine lorsque Cendrillon perd son soulier de vair. Ziza reste très impressionnée par ces grands espaces.
Elle monte les escaliers et ne peut s’empêcher de gravir les marches comme une reine. Son père toujours attentif entre dans son jeu et soutient du dos de sa main la paume de sa fille. Toujours prête à jouer, Ziza prend délicatement un pan de sa robe dans ses doigts et le regard droit finit l’ascension de l’escalier en contenant un fou rire. Ziza est heureuse.
Assise au balcon, elle regarde l’orchestre sur la scène pleine de chaises vides et d’instruments.
Soudain la lumière s’éteint et la féerie commence.
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