III

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Une fois atteris, sa mère sortit de l'hélicoptère, laissant M. Sanders seul avec son fils pour lui donner ses instructions.

- Déjà, tu vas devoir rester ici jusqu'à la nuit prochaine pour rentrer, parce qu'on ne pourra pas te ramener avant, compris ? Surtout, il y a des règles que tu dois respecter, tu entends ? Déjà, ne dérange jamais quelqu'un qui travaille ici. On a autre chose à faire. Ensuite, ne parle pas aux prisonniers. Ils ne sont pas comme nous, ajouta-t-il avec une grimace de dégoût. Ce sont des déchets de l'humanité. Et enfin, la règle la plus importante : quoi que tu vois, que tu entends, n'importe quoi, tu ne devras jamais parler de Tellas à qui que ce soit. Si tu le fais, je te garantis que tu ne reverras jamais cet endroit. Tu entends ? N'en parle à personne, ni aux domestiques, ni à qui que ce soit. Personne ne doit savoir.

Barty ne voyait pas à qui il pourrait en parler de toute façon. Il n'avait pas d'amis, et les domestiques lui disaient sans arrêt de se mêler de ses affaires. Il ne fréquentait pas d'école, des professeurs assignés à domicile dispensaient les cours d'une voix toujours monotone. Non, même s'il le voulait, il ne pourrait même pas désobéir. Une fois que le garçon eut hoché la tête, le père sortit et se désintéressa de son fils.

Ce dernier sortit à son tour de l'engin et examina l'endroit où ils s'étaient arrêtés. On aurait dit une gigantesque terrasse, recouverte d'un dôme transparent, laissant voir le ciel. Mais il ne regarda que quelques secondes avant de se diriger vers la porte, où ses parents avaient disparus. À peine l'ouvrit-il qu'il remarqua l'obscurité, le silence effrayant ainsi qu'une odeur qu'il n'arrivait pas à décrire. Il parvint tout de même à distinguer des marches qui descendaient. Tout pousserait un enfant de dix ans à faire demi-tour et à se terrer dans l'hélicoptère, mais Barty Sanders n'était pas n'importe quel enfant de dix ans. Il était celui qui hériterait de cette prison. Il sentait que son destin était à portée de main. Alors il inspira profondément et descendit doucement, marche après marche. Au bout, il se rendit compte qu'il y avait une porte. Il l'ouvrit timidement et tomba sur un couloir avec quelques pièces. 

Le couloir regorgeait de personnes en uniformes, des gardiens comprit-il rapidement. Ils portaient des matraques avec un bout qui ne laissait aucun doute quant au traitement infligé aux plus récalcitrants. Il se glissa parmi la masse mouvante pour jeter un coup d'oeil aux autres pièces. La première était une cuisine avec quelques personnes en blouse préparant la nourriture. Il ne fallait pas être devin pour deviner que, vu l'immensité de la prison, il n'y avait clairement pas assez de nourriture pour tous. Une autre pièce contenait des fauteuils déchirés, une machine à café, une table tombante, des chaises qui semblaient sur le point de craquer. Les murs étaient impersonnels au possible, jaune délavé. La porte suivante contenait sans doute des toilettes. Les trois dernières était fermée. Il s'apprêtait à ouvrir la plus proche, quand une main se posa brusquement sur son épaule, le faisant sursauter. En se retournant, il tomba face à l'un des gardiens.

- Si j'étais toi, j'éviterai de déranger M. et Mme Sanders. Ils n'aiment pas l'être. D'ailleurs, qu'est-ce que tu fous ici, toi ?

- Je... Je m'appelle Barty... C-ce sont mes parents... I-ils m'ont dit que je pouvais venir.

L'homme fronça les sourcils.

- Ce n'est pas vraiment un endroit pour un enfant.

- Papa m'a dit que je pouvais venir, insista-t-il. Et c'est moi qui héritera de cet endroit plus tard !

Le garde semblait hésiter.

- Grayson ?

- J'arrive, répondit-il. Bon, écoute-moi petit : je vais t'emmener tout en bas, ce sont les moins dangereux. Mais tu ne me quittes pas d'une semelle, compris ? Et interdiction de monter les autres étages. Si tu te sens pas bien, tu me dis, je te ramène ici. Pigé ?

Les yeux du garçon s'illuminèrent. Il n'attendait que ça.

- Oui !

- Très bien, attends-moi là.

Il ouvrit la porte d'à côté et disparut à l'intérieur. Barty fut tenté de le rejoindre, mais il avait dit qu'il resterait là, alors il posa ses yeux sur les derniers gardes qui étaient encore ici. Ils attendaient visiblement le dénommé Grayson. Il réapparut enfin et tendit une matraque au garçon.

- Tu la gardes sur toi, tu en auras peut-être besoin. Même si je soutiens que c'est une mauvaise idée.

Le garçon regardait l'arme avec inquiétude.

- Je... Je sais pas m'en servir. 

- Tu as juste à...

- Grayson ! Bouge toi ! l'interrompit l'un de ses collègues.

- J'arrive, merde ! Tu as juste à frapper, ça n'a rien de compliqué. Ammène-toi.

Il n'eut d'autre choix que de prendre la matraque. Elle était assez lourde, et une pointe d'inquiétude le traversa. Est-ce que c'était vraiment une bonne idée, en fin de compte ? Ne devrait-il pas rester dans le salon qu'il a vu tout à l'heure à dormir ? Ou même rejoindre l'hélicoptère ? Mais Grayson l'attendait, et il s'était mis en retard pour lui. Et ça faisait des années qu'il attendait ça ! Il ne pouvait pas annuler maintenant !

Prenant son courage à deux mains, il suivit les gardes pendant qu'ils ouvraient une nouvelle porte, où des marches similaires s'étendaient à l'infini. Inspirant un coup, il commença à descendre.

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