IV

4 minutes de lecture

Les gardiens descendaient les marches à toute vitesse. Ce n'était pas très étonnant : les hurlements de colère et de folie du dernier étage s'entendaient dès que la porte était ouverte. C'était les sons les moins humains, les plus terrifiants et les plus glaçants que Barty n'ait jamais entendu. C'était sans doute pour cette raison que Grayson le pressait autant. Le troisième, deuxième, premier étages furent tout aussi horribles. S'il n'avait pas eu le maton dans le dos, le garçon se serait immobilisé par la peur qui l'habitait.

Enfin, ils arrivèrent au rez-de-chaussée. Composé d'un long couloir rempli de minuscules cellules, l'endroit ressemblait à n'importe quelle prison. N'importe qui se sentirait impressionné en temps normal, mais avec les hurlements des prisonniers, la plupart se feraient dessus. Dès qu'ils virent les gardiens arriver, ils les insultèrent avec tellement de violence que Barty se mit à trembler. De nouveau, la main de Grayson se posa sur son épaule.

- Ils ne peuvent rien te faire. Ils t'insultent simplement parce qu'ils ne peuvent rien faire d'autre. Si tu ne le sens pas, je te remonte. Dis-moi simplement. Et garde bien en main ta matraque.

Oui, il pourrait aller s'isoler et oublier ces horribles bruits. Il pourrait se réfugier à l'hélicoptère, s'imaginer en train de rentrer. Mais il avait tout ce chemin pour ça. Et... Il voulait rendre fier ses parents. Au prix d'un insurmontable effort, le garçon se mit à sourire, espérant qu'il soit rassurant.

- T-tout va bien.

Le gardien n'eut pas le temps d'insister que l'un de ses collègues l'appela. Il jeta un dernier regard d'avertissement à Barty et le rejoignit devant une cellule ouverte. À cause des cris, il n'entendait même pas ce qu'ils se disaient, alors il se rapprocha malgré ses jambes flageolantes. 

- ... Quoi du corps ?

- On va le laisser là, pour leur ôter l'envie de recommencer à ces abrutis. Quand l'odeur deviendra insupportable, on s'en occupera.

L'un des autres gardiens se tourna vers la cellule voisine, où un homme incroyablement grand et maigre les observait avec une joie malsaine.

- C'est toi qui as fait ça ?

- Ouais, et vous s'rez les prochains, ricana-t-il.

- Je vais t'en passer l'envie avant, sale racaille !

Devant les yeux impuissants du jeune garçon, le maton brandit sa matraque à travers les barreaux et frappa violemment le prisonnier sur la tête. Le coup fut tellement fort qu'un filet de sang se mit à couler le long de son visage et gouttait le sol. Loin de se calmer, il rigola encore plus fort. Alors le gardien recommença, encore et encore, de plus en plus fort, jusqu'à ce qu'il s'écroule au sol, évanoui. Le crâne semblait avait pris la forme des coups et le sang s'étendait en une mare géante, sortant de la cellule et baignant les chaussures du gardien. 

Barty hocqueta et se sentit reculer. Il tourna les yeux, voulant quitter cette vision cauchemardesque, mais ça n'atténuait pas les commentaires des autres matons.

- J'espère que c'était pas eux que Sanders comptait utiliser lors du tournoi.

- Ouais, mais il l'a mérité ce fils de pute.

- P't'être, mais il m'a l'air mort.

- J'ai pas frappé assez fort pour exploser sa cervelle, il se réveillera.

- Ah oui, c'est sûr, ça fait toute la différence ! Va falloir remonter tout en haut pour chercher de quoi laver cette merde, amuse-toi bien.

Les yeux du garçon se posèrent alors sur la cellule voisine et il manqua, pour de bon, de s'évanouir. Il parvenait à voir le corps inerte d'ici. Allongé sur le côté, comme s'il dormait, sa peau virait au gris. Sa gorge, en revanche, était violacée. Son visage était figé en une expression de terreur, pour toujours. Ses yeux étaient agrandis, sa bouche était dessiné en un O presque comique. Barty fut prise d'une telle nausée qu'il reccracha une bîle jaunâtre. Ce ne fut qu'à ce moment que Grayson l'aperçut. Il le saisit par le bras et l'entraîna plus loin, où les hurlements des prisonniers semblaient avoir été déccuplés. 

- Tu devrais aller avec lui, il va remonter. Je n'aurai jamais dû t'emmener ici. Ne t'en fais pas, on va tout nettoyer.

Cette fois, Barty ne refusa pas. Son teint ressemblait presque à celui du cavadre, et il tenait à peine sur ses jambes. Il ne parvint même pas à sortir un mot de sa bouche. Il dut utiliser toutes les forces de sa volonté pour suivre l'homme qui s'engagait déjà dans l'escalier, jurant comme un charetier. Il dut s'appuyer contre le mur tant il se sentait mal.

Mais arrivé au premier étage, le maton s'arrêta et l'abandonna pour rejoindre ses collègues. L'enfant comprit vite pourquoi : l'un des prisonniers était hors de sa cellule et frappait de ses énormes poings un gardien. Sentant un long filet de sueur dans son dos, il ferma les yeux, sentant des larmes d'impuissance lui glisser le long des joues. Mais rien n'y faisait ; il entendait encore les cris des hommes et le craquement du crâne du prisonnier quand le maton l'avait frappé, il voyait le corps inerte et tout ce sang. 

Pitié, faîtes que ça s'arrête... Faîtes que tout s'arrête...

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Hope Feather ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0