Les Nuits sans Fin

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À 21 ans, j’avais traversé des moments qui m’avaient marquée profondément. L’intensité des étés passés, les baisers volés, les caresses hésitantes, et ces souvenirs brûlants d’Éloïse et de Lucas m’avaient laissée avec une certitude : je n’étais plus la même. Pourtant, ce retour à la solitude, après avoir goûté à l’intimité partagée, m’avait d’abord semblé une punition.

Je passais mes journées à marcher sans but, mes pensées vagabondant entre ce que j’avais vécu et ce que je cherchais encore. Mais chaque soir, dans le silence de ma chambre, seule avec moi-même, je découvrais que ce vide n’était pas une absence. Il était une invitation, un espace où je pouvais apprendre à exister pour moi-même.

Je commençais à comprendre que la solitude pouvait être fertile, qu’elle n’était pas un poids, mais un miroir. Ce que je fuyais en cherchant les bras des autres – leur chaleur, leur validation – c’était peut-être une peur de me confronter à moi-même. Mais cette année-là, je décidai d’embrasser cette solitude.

Les premières nuits furent maladroites. Je restais allongée sur mon lit, le regard fixé sur le plafond, mes pensées envahies par Lucas. Ses gestes sûrs, la chaleur de ses mains, la manière dont il m’avait appris à m’abandonner. Je repensais à ses murmures dans l’obscurité : “Respire. Laisse-toi aller.” Ces mots résonnaient encore, mais cette fois, ils n’étaient plus une invitation venant de lui. Ils étaient devenus une promesse que je me faisais à moi-même.

Mais Lucas n’était pas le seul à occuper mon esprit. Il y avait aussi Éloïse, lumineuse et insaisissable. À 19 ans, elle avait été ma première faille, ma première découverte de ce que le désir pouvait signifier. Je me souvenais de ses cheveux blonds en désordre, de son rire qui résonnait encore dans ma mémoire, et surtout de ce baiser.

Ce baiser, si hésitant, mais si chargé de promesses, avait ouvert en moi une porte que je n’avais pas encore explorée. Elle avait été une énigme, un feu que je ne savais pas encore comment apprivoiser.Or cette nuit-là, dans l’obscurité de ma chambre, je repensais à elle avec tendresse. Pas de regret, juste une gratitude silencieuse pour ce qu’elle avait éveillé en moi.

Un soir, dans l’obscurité de ma chambre, je décidai de m’abandonner à mes sensations, comme Lucas m’avait appris à le faire. Mais cette fois, il n’y avait pas ses mains, pas ses murmures. Il n’y avait que moi, mes pensées, mes souvenirs, et mon corps.

Je laissai mes doigts glisser doucement sur ma peau, un geste familier, mais qui semblait à chaque fois nouveau. Je commençai par mes bras, explorant la texture de ma peau, la douceur de l’intérieur de mes poignets. Je pris le temps, chaque mouvement devenant une découverte, chaque caresse réveillant un frisson qui me surprenait.

Mes mains descendirent lentement sur mes côtes, s’attardant sur ma poitrine, sur la courbe de mon ventre. La chaleur qui montait en moi était douce, progressive, mais insistante. Je me rappelais les gestes de Lucas, mais cette fois, c’était différent. C’était moi qui guidais. Moi qui décidais.

Je fermai les yeux, laissant mes mains explorer des zones plus sensibles, des endroits que je n’avais jamais vraiment pris le temps d’apprécier. Mes doigts, d’abord timides, devinrent plus assurés. Je traçais des cercles, des chemins invisibles, testant différentes pressions, différents rythmes.

Je pensai à Lucas, à la manière dont il avait pris soin de moi, à ses gestes précis et calculés. Je pensai à Éloïse, à son audace, à la manière dont elle avait éveillé mon désir sans même s’en rendre compte. Ces souvenirs s’entremêlaient avec mes propres sensations, amplifiant chaque frisson, chaque soupir.

Lorsque mes mains atteignirent des zones plus intimes, mon corps réagit instantanément. Une vague de chaleur monta dans mon ventre, se propageant comme un courant électrique. Mon souffle s’accéléra, mes muscles se tendirent légèrement sous l’effet de cette nouvelle intensité.

Je continuai, laissant mes mains suivre leur propre rythme, ne cherchant pas une fin rapide, mais savourant chaque seconde, chaque sensation. La tension dans mon ventre devint presque insupportable, une pression douce mais irrésistible.

Puis, soudain, la vague déferla. Mon corps tout entier sembla se figer un instant, chaque nerf en alerte, avant de se relâcher dans un soupir profond. Une chaleur apaisante m’envahit, me laissant tremblante mais calme, ancrée dans l’instant.

Allongée dans l’obscurité, les draps froissés autour de moi, je me sentais légère, presque flottante. Mon corps était encore parcouru de frissons, et mon esprit se perdait entre lucidité et rêve. Je pensai à Lucas, à Éloïse, mais surtout à moi-même. Ce que je venais de vivre n’était pas une simple distraction. C’était une affirmation.

Pour la première fois, je comprenais que je pouvais être entière, complète, sans dépendre de quelqu’un d’autre. Ces sensations, ce plaisir, n’étaient pas un substitut. Ils étaient une célébration de moi-même, de ce que j’étais en train de devenir.

Au fil des nuits, ces moments devinrent un rituel. Je me surprenais à attendre ces instants avec impatience, non pas par besoin, mais par envie. Chaque exploration était une manière de me redécouvrir, de mieux comprendre ce que mon corps aimait, ce qu’il demandait.

Je me regardai un soir dans le miroir, après l’un de ces moments. Mon visage était baigné par la lumière douce de ma lampe de chevet, mes joues légèrement rosées, mes cheveux en désordre. Mais ce qui attira mon attention, ce furent mes yeux. Ils brillaient d’une lumière que je n’avais jamais vue auparavant.

C’était moi. Une femme en pleine renaissance, en train de se reconstruire, de se comprendre, de s’aimer.

Ces nuits sans fin m’apprirent que la solitude n’était pas une ennemie. Elle était un espace de création, un refuge où je pouvais me retrouver. Ce plaisir, que je découvrais et que j’explorais, n’était pas un substitut à ce que d’autres avaient pu m’offrir. Il était une célébration, une manière de m’affirmer, de dire que j’étais suffisante.

Je n’étais plus la jeune fille qui cherchait désespérément la validation des autres. J’étais en train de devenir une femme qui apprenait à s’aimer, à se respecter, et à se célébrer, seule, dans toute ma complexité.

Et cette nuit-là, allongée dans l’obscurité, le cœur apaisé, je sus que j’étais enfin sur le chemin de l’acceptation de moi-même. Pas parce que quelqu’un m’avait guidée. Mais parce que je l’avais choisi.

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