32. Alice
Un jour, on va voir Ariane et Adrien au club de natation. Je me tiens debout au bord du grand bassin et je regarde mon frère et ma sœur faire des longueurs. Un garçon me pousse pour blaguer, je tombe à l’eau. Je ne sais pas nager, je me débats, j’avale la tasse et je coule. Je n’arrive plus à respirer, je n’arrive pas à remonter, je me vois mourir et je panique. Je ne veux pas mourir. Pas là, pas comme ça, je n’ai même pas eu le temps d’apprendre à nager.
Un homme que je ne connais pas me rattrape et je me retrouve rapidement dans les bras de ma mère. Mon père a eu très peur, lui non plus ne sait pas nager.
Je pleure, je veux quitter cet endroit. Le garçon qui m’a poussée vient s’excuser mais je ne l’écoute pas, je le déteste, je suis persuadée qu’il a essayé de me tuer.
Ma mère m’emmène dans les vestiaires et m’enveloppe dans une serviette pour me sécher. Entre deux sanglots je demande :
— Pourquoi il a voulu me tuer le garçon ?
— Mais non… il a pas voulu te tuer ! Il a fait ça pour jouer, il a dû penser que tu savais nager, il s’est pas rendu compte que tu étais trop petite.
— Pour jouer ?! Hum… Mais quand je serai grande je saurai nager ?
— Oui, bien sûr ! Si tu apprends, tu pourras nager comme Ariane et Adrien… Ça te plairait d’apprendre à nager ?
— Oui… J’aurai quel âge quand je pourrai apprendre ?
— Quand tu auras cinq ans, tu pourras prendre des cours à la piscine.
— D’accord ! Comme ça je pourrai plus jamais me noyer et si j’ai besoin de m’enfuir je pourrai nager très loin !
— Oui, si tu veux ! répond ma mère en rigolant, tandis que j’essaie d’imaginer des situations où traverser des rivières à la nage pourrait m’être utile… si je suis poursuivie par un ours, un ogre ou une sorcière par exemple, ou bien par un méchant… mais je ne sais pas vraiment à quoi on reconnaît un méchant, ce qui est d’autant plus angoissant.
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