75. Chris
Mon portable vibre, encore un numéro inconnu… Avant je ne décrochais pas aux numéros inconnus mais depuis un mois tout a changé, entre la police, l’hôpital, les collègues et la famille d’Alice, plus de personnes m’ont appelé ces dernières semaines que pendant toute la décennie qui les a précédées.
C’est Coco. Ma mère m’a prévenu hier, elle l’a croisé en ville et lui a dit pour Alice. Ça me fait bizarre d’entendre sa voix après toutes ces années, mais je la reconnais tout de suite.
Parler à Coco… je peux pas dire ce que ça me fait. Je crois que j’attendais ça depuis trop longtemps et ça me fait mal de constater qu’il aura fallut en arriver là pour qu’il daigne se soucier de moi. Mais au bout de quelques minutes, mes appréhensions disparaissent et je réalise que je ne suis plus tout à fait seul, pour la première fois depuis longtemps je me sens écouté, compris… presque apaisé.
C’est étrange bien sûr, après des années sans se parler, il a l’air gêné au début et je n’en mène pas large non plus. Je le félicite pour la naissance de son fils, je sais que j’aurais dû le faire il y a un an mais il ne me reproche rien, il me remercie simplement puis me questionne sur ma vie.
Les langues se délient peu à peu et je m’étonne de m’entendre parler, je m’écoute me raconter, raconter la souffrance, les doutes, les incertitudes et les maigres espoirs auxquels je m’accroche puisqu’il ne reste plus qu’eux. En répondant à ses questions, je me surprends à lui confier des choses que je ne m’étais pas encore avoué à moi-même, et tout à coup je réalise que la rancoeur accumulée entre nous depuis des années a disparu, comme évaporée.
Quand je lui parle des étranges messages d’Alice, au lieu de se montrer sceptique ou sarcastique comme la plupart des gens, Coco cherche à comprendre leur signification. Ça ne m’étonne pas de lui, il s’intéresse depuis longtemps au paranormal, il est passionné d’ufologie et ne s’arrête pas aux préjugés. La dernière fois qu’on est allés lui rendre visite avec Alice, il nous a emmenés visiter un château hanté dans la Vienne pour chercher des preuves de l’existence des fantômes. On n’en a pas trouvé mais ça ne l’a pas découragé pour autant dans sa quête de vérité. Le lendemain, on passait la nuit près d’une église en ruine avec du matos high-tech pour capter la présence des entités qui pouvaient se promener par là. On a même essayé de leur parler, a priori sans succès mais la seule vérité dont on était sûr, c’est qu’on n’en savait rien.
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