Résonance

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« La liberté, c’est choisir ses chaînes. »

De Jean-Jacques Rousseau



 Dans les rues baignées par une lumière spectrale émanant des réverbères chancelants, Thomas avançait, solitaire avec ses pensées. Chaque pas résonnant sur le pavé semblait converser avec le murmure de son esprit.

 — Encore une soirée où je me tape la discute avec mon meilleur ennemi : moi-même, marmonna Thomas. Tout seul, comme un grand à jouer au boss de ma petite vie !

 La fraîcheur d’une nuit d’automne enveloppait la ville, endormie dans un silence presque irréel. L’air portait une odeur humide, mélange de feuilles mortes et de bitume, qui lui rappelait les automnes de son enfance. Ça a l’air que le monde a appuyé sur le bouton pause, juste pour me faire plaisir, pensait Thomas avec un sourire amer. Comme si j’étais le dernier mec sur Terre.

 Un chien errant s’approcha, hésitant. Thomas s’arrêta, tendit la main, mais l’animal, après un regard scrutateur, s’éloigna.

 — Ah, même le clébard nocturne me lâche, ruminait Thomas avec un demi-sourire. C’est dire si je suis populaire !

 Cette interaction brève, mais significative lui fit prendre conscience de sa propre réserve, de sa distance involontaire avec le monde autour de lui.

Liberté ou planque ? se demandait-il souvent.

 — Je joue au chat et à la souris avec moi-même, c’est ça le truc.

 Thomas convoitait cette indépendance sans limites, sans faux espoirs.

 — Mais ça me coûte combien, cette petite escapade ? grommelait-il dans sa barbe.

 Un souvenir s’invita dans ses pensées, un éclat de rire partagé avec ses amis autour d’une table bondée. Il avait troqué ces moments de bonheur simple contre un isolement qu’il avait cru être la liberté.

 Il songeait aux mots de Charles Bukowski, cet auteur qu’il admirait, qui parlait de la fine frontière entre liberté et solitude. Bukowski, le vieux briscard, il a dû connaître ce trou noir, non ? gambergeait Thomas. Il trouvait un certain réconfort dans ces écrits, se voyant comme un loup solitaire dans un monde bondé, mais vide.

 Pourtant, déambulant seul cette nuit-là, il se tritura la cervelle : Je suis vraiment un mec libre, ou juste un paumé en solo ? Les rues désertes semblaient refléter son âme. J’ai l’impression d’écouter l’écho de mon propre bazar mental, se disait-il. Pour cette liberté, il avait tout sacrifié — famille, amis, amours.

 — J’ai peut-être laissé filer des pépites, non ? réfléchissait-il. Je me suis dit, couper les ponts, ça, c’est la vraie liberté.

 Mais maintenant, dans ce silence nocturne, il doutait. Cet exil, c’est le tarif de ma liberté ou juste la preuve que j’ai les jetons ? se demandait-il.

 Le rire d’un groupe quittant un bar lui parvenait, lointain, mais clair.

 — Ce genre de « barre », c’était mon truc, à une époque, se rappelait-il, le cœur serré.

 Autrefois, ce bruit l’aurait agacé dans sa quête de solitude. Maintenant, il sonnait doux, presque enviable. Le rire, c’est un peu la « zik » de la vie, non ? songeait-il. Il revoyait les bons moments avec ses potes, des soirées à refaire le monde, à se marrer, à se serrer les coudes.

 — C’était des boulets ou des perles, ces liens ?

 Assis sur un banc, il contemplait le ciel étoilé. J’ai zappé combien d’étoiles, à trop fixer mes godasses ? se demandait-il. Sa quête de liberté l’avait mené à un carrefour de la vie. Il avait trouvé la liberté, mais elle avait un goût amer d’abandon. Peut-être que le vieux Bukowski tapait dans le mille. Liberté et solitude, c’est comme un duo de choc, songeait-il. Peut-être que la liberté et la solitude étaient les deux côtés d’une même médaille, complexes et indissociables.

 Dans cet instant de lucidité, Thomas comprit que la liberté n’était pas l’absence de liens, mais le pouvoir de les choisir.

 — C’est pas de virer les attaches, mais de décider lesquelles garder, pigeait-il. Choisir, c’est ça vivre à fond.

 La vraie liberté ne résidait pas dans le fait de se couper du monde, mais de s’y engager pleinement, à sa manière. Revigoré par cette pensée, il se leva, un demi-sourire aux lèvres.

 — C’est l’heure de remettre les pendules à l’heure de ma liberté, se jurait-il.

 Il n’était jamais trop tard pour trouver un équilibre, pour nouer de nouveaux liens tout en gardant son indépendance.

 La nuit ne représentait plus la solitude, mais un éventail de possibilités. La nuit, ma pote, ma source d’inspi, rêvassait-il.

 Thomas, fort d’une différente compréhension de la liberté, reprenait sa marche, prêt à embrasser la complexité de la vie, dans toute sa beauté mélancolique.

 — La liberté, c’est peut-être juste de kiffer la vie à pleines dents, marmonnait-il, s’évanouissant dans les ombres de la nuit.


 Fin… ?

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Table des matières

En réponse au défi

Comment appelles-tu cela ?

Lancé par Kakemphaton

Et quand personne ne te réveille le matin, et quand personne ne t'attend la nuit, et quand tu peux faire ce que tu veux. Comment appelles-tu cela, liberté ou solitude ?

Charles Bukowski

Premier « défi » que je vous propose, avec la citation d'un auteur que j'apprécie énormément. Et qui devait s'y connaître méchamment en solitude, mais aussi en liberté. Que vous inspire donc cette phrase ? Que cela vous évoque-t-elle ?

Je n'ai pas d'idée de format, ni de longueur, ni de style, ni de genre ou que sais-je, je vous laisse donc cette « liberté », faites-en bonne usage.

Au plaisir de vous lire ;)

Commentaires & Discussions

RésonanceChapitre6 messages | 10 mois

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