Orage.
L'orage tardait à éclater.
A peine si deux ou trois gouttes d'eau tiède et épaisse, avaient pu s'extraire de la masse sombre pesant au-dessus de la ville, pour venir sécraser péniblement sur l'asphalte. Le pic de pollution déjà enregistré la veille s'était encore accentué, rendant l'air étouffant.
Mathias sentait toute cette saleté lui coller à la peau, comme la suie collerait à un conduit de cheminée. Il attendait impatiemment le moment où les éléments se déchaîneraient, où le ciel se zèbrerait d'éclairs, juste après le tonnerre et ses terribles déflagrations.
Il aimait l'orage, la tempête, le vent frénétique qui emportait tout en violentes bourrasques. C'était comme une extension de lui-même, l'expression violente de son ressentiment. Puis les trombes d'eau, se déversant abondamment et faisant se terrer, toutes créatures dans leurs abris.
C'était encore plus beau sur la zone, avec ce sentiment apocalyptique d'être le seul rescapé de quelque déluge biblique.
Assis sur le divan face au grand aquarium du salon, Mathias activa la série d'enceintes, savamment disposés dans toutes les pièces du blockhaus. Il s'imprégna aussitôt des premières notes de sa chanson préférée et commença à relâcher la pression :
"Smells like teen spirit"...,... !
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