«Ecrivez à propos du nettoyage»

Sincèrement, devant ce sujet, j'ignore si je dois prendre des gants ou jeter l'éponge. Une activité simple, quotidienne, et qui pourtant génère tant de réactions et de discussions. J'aurais d'ailleurs employé le mot «disputes» dans un premier jet.

Parler de l'utilité du nettoyage me semble dépassé, quand je me pose davantage de questions sur les raisons de ne pas s'y mettre. Bizarrement, les mots ne tombent pas tout seul sur l'écran, et pourtant il ne s'agit que du ménage.

Si une personne vit seule, les discussions autour du nettoyage n'existent pas. Elle est la seule personne qui salisse et dérange son habitat, elle est donc seule à choisir de ramasser ou non derrière elle. Elle ne peut pas s'en vouloir de vivre dans le désordre ou de se tuer à la tâche, elle est seule responsable de sa pratique quotidienne, ou de son absence de pratique. Le sujet est clos.

Mais ajouter une seule personne à l'équation, et la situation devient plus intéressante. La notion de responsabilité apparaît, et un rapport hiérarchique pointe le bout de son nez, même dans les foyers qui crient haut et fort qu'ils sont pour la répartition des tâches. Cela me fait toujours sourire quand j'entends le terme de répartition des tâches si on se réfère à la personne qui vit seule, et qui par définition s'occupera seule de toutes les tâches.

Et c'est ainsi que les discussions infinies sur le ménage vont occuper une bonne partie des relations familiales. Même dans le silence ! Car franchement, comment répartir des tâches qui sont de nature différente, de fréquence différente, de difficulté variée.

« Tu t'occupes des repas, et moi j' entretiens les voitures.

- Connard ! »

Je suis injuste, car ce n'est pas ce que je vis dans mon couple, et autour de moi, nos connaissances n'agissent pas non plus ainsi... C'est d'ailleurs pour cela que les disputes n'existent plus. Trève de plaisanterie ! Si lors d'un repas entre amis, l'ambiance n'est pas au rendez-vous, un conseil : lancez un débat sur la répartition des tâches ménagères. C'est incroyable comme ce sujet devient brûlant dès que les couples se disent modernes ! Chacun se sent frustré, croit en faire plus que l'autre, et doit justifier de sa fatigue à répéter les sempiternelles gestes ménagers. La micro-lutte des pouvoirs homme-femme.

Vous ne me coyez pas ? Je parie que vous êtes un homme...

Changeons de lorgnette et voyons de plus près cet homme grippé. Il est au lit ou allongé devant la télévision, le ménage peut bien attendre et il a raison : il est malade, presque mourant. Le docteur lui a dit de prendre du repos. Et il est très obéissant. Les enfants peuvent avoir faim, ils n'ont qu'à regarder dans le frigidaire. J'ai même l'impression que la maladie ou la fatigue rend sourds les hommes. Ils ne sont jamais malades , mais là, ils ont un mot du docteur.

Quant à l'égalité des sexes, ne m'en parlez pas tant que je n'ai pas vu votre quotidien d'épouse malade. Restez-vous couchée le matin pendant que monsieur nourrit et habille les petits avant de les conduire à l'école ? Vous laisse-t-on vous reposer en silence toute la journée ou bien vous demande-t-on à chaque instant où se trouve telle chemise, ou comment mettre en marche telle machine ? A dix-neuf heures, votre chère famille vient-elle vous demander si vous allez mieux ? Si vous pensez être en état de préparer le repas ? Et quand finalement vous vous levez parce que c'est plus simple de faire soi-même, l'état de la maison vous donne-t-elle envie de pleurer ? Une femme est plus forte qu'elle ne le croit, alors ce serait dommage de ne pas en profiter. Et puis, personne ne lui a demandé de faire le ménage, c'est que ça lui plaît. Est-ce vraiment d'un autre temps ?

Ces phrases, elles nous font sourire ou rugir, mais elles nous font réagir parce que nous les avons entendues, vécues, prononcées ou maudites. Chaque foyer trouve finalement un équilibre, un compromis, et les choses évoluent vite avec les nouvelles générations. Les jeunes femmes semblent très agressives à ce sujet, et sont moins en rébellion contre les rôles homme-femme que contre l'image de la femme parfaite. Mais c'est un autre sujet...