Liam

— Ryan, passe ! Jo, attaque le numéro cinq ! Oui !!

Je suis à fond dans mon match et, en tant que capitaine, c’est mon rôle de guider mes coéquipiers, ce que je fais avec plaisir et, j’espère, avec talent. Le match contre nos adversaires de l’Iowa est plutôt bien parti car nous menons désormais de huit points et nous sommes à nouveau à l’attaque. J’ai le ballon et je m’approche de la raquette. Je fais un signe à Mike qui me comprend tout de suite et, après un relais avec lui, je tente un trois points que je réussis sous les applaudissements du public venu nombreux pour nous soutenir. Le coach décide de me faire sortir un peu pour me reposer et je regagne le banc, un peu frustré car j’ai envie de jouer. Je n’aime pas ces temps de repos imposés par notre entraîneur, mais il faut bien respecter ses choix, surtout en tant que capitaine. Je suis aussi là pour montrer l’exemple et servir de transmission entre lui et les autres joueurs.

— Pas mal, le trois points, me dit Abdul, lui aussi sur le banc des remplaçants. Tu gères, mec.

— Ouais, tranquille. On peut se permettre de prendre des risques, on a de l’avance. Ils vont retourner dans leurs champs de patates tout honteux ! Quand tu rentres, insiste sur le numéro cinq, le grand blond, là-bas. Il est vraiment en difficulté et il laisse tout passer.

— D’accord, mec. Tu gères vraiment.

Je souris car, en effet, quand je joue au basket, je maîtrise la situation et ma grande taille et les muscles que j’ai développés à l’entraînement sont de véritables atouts pour ce sport collectif où il faut quand même de fortes individualités pour réussir. Quand le coach de l’équipe de l’Iowa demande un temps mort, je bondis de mon fauteuil et nous nous réunissons tous autour de notre entraîneur qui nous fait le laïus classique de l’équipe qui mène. Il faut continuer nos efforts, faire bloc, ne pas se relâcher. J’écoute et renforce son discours, mais j’avoue que pour moi, ce n’est pas très utile, tellement c’est ma philosophie de vie de ne jamais rien lâcher et d’aller au bout des choses. Je veux réussir ma vie, je veux aller loin, que ce soit dans le basket ou dans mes études, et je vais me battre comme je me bats sur le terrain pour y arriver.

Je retrouve enfin ma place dans l’équipe et je reprends la main dans le match où je bénéficie de l’entière confiance de mes coéquipiers qui écoutent toutes mes directives et conseils. Lorsque le match se termine et que nous le remportons avec une marge de vingt points, nous célébrons notre victoire tous ensemble en faisant ce qui est devenu notre célébration habituelle, c’est-à-dire un cercle où nous nous tenons tous par les épaules et nous poussons notre cri de victoire : “Go cats ! Miaou ! Miaou ! Miaou ! “ Pas très élaboré, mais ça a commencé par une blague après une victoire compliquée et depuis, c’est resté. Et je mets au défi quiconque de se moquer de nous, il passerait un sale quart d’heure !

Quand le speaker annonce que je suis désigné comme MVP du match, je suis surpris car je pensais que certains de mes coéquipiers auraient plus mérité que moi ce titre de meilleur joueur, mais je souris car cela fait toujours plaisir d’être ainsi mis à l’honneur. D’autant plus que la petite médaille que je reçois m’est remise par Julia, la leader des pompom girls qui nous suivent lors de chacun de nos matchs. Elle a tout pour plaire, cette fille, surtout dans cette tenue qui ne cache pas grand chose. J’aime beaucoup m’amuser avec elle car elle cherche à me mettre dans son lit et je résiste par simple envie d’augmenter sa frustration. Pour l’instant, à chaque fois, elle s’est rabattue sur un de mes camarades basketteurs, mais il arrivera bien un moment où elle va insister et vraiment essayer de me faire céder. Et là, je pense que ça sera bon pour tous les deux !

Pourquoi est-ce qu’à ce moment-là, c’est l’image de la jolie Sarah qui me traverse l’esprit ? C’est vrai que notre nuit s’est super bien passée, mais si à chaque fois que je pense à baiser une autre fille, je repense à elle, ça ne va pas aller ! Je ne suis quand même pas prêt à devenir monogame, moi ! La vie est belle, je suis jeune, il faut en profiter !

— Bravo les gars ! Vous avez été les meilleurs ! nous félicite Coach Carter. Si vous faites tous les matchs à ce niveau-là, on va remporter le championnat universitaire, ce qui n’est plus arrivé depuis vingt ans ! Alors, dès demain, entraînement pour y arriver. En attendant, profitez-en pour vous détendre un peu.

— Liam, ce soir, on fête ça à la soirée des kappa ?

— Bien sûr ! C’est là où il y a les plus belles filles du campus !

Les kappa, c’est le nom d’une sororité qui gère une des résidences universitaires du campus, où ils n’accueillent que des filles et dont les fêtes sont réputées être les plus chaudes possibles. Aucun doute, c’est l’endroit rêvé pour célébrer notre victoire. Surtout que l’alcool y coule à flots et que les filles ne sont pas des saintes-nitouches malgré leurs niveaux de ressources et leur image de gentilles filles à papa !

Alors que je discute comme ça avec mes potes, mon regard est attiré par une robe de couleur jaune vif dans les gradins où les spectateurs sont en train de sortir. Je me fais la réflexion qu’une fille qui ose porter ça en public doit avoir confiance en elle quand je me rends compte qu’il s’agit justement de Sarah qui est en train de descendre les escaliers avec une amie avec qui elle discute. Je m’excuse auprès de mes camarades et la rejoins presque en bas des marches. Je lève les yeux vers elle et tout de suite, l’image de sa folle chevauchée lors de notre nuit passée ensemble me revient en mémoire, me faisant perdre un peu de mes moyens.

— Bonjour Sarah ! Content de te voir ici. Tu as aimé notre match ?

Elle se plante devant moi et je crois voir ses joues rougir alors qu’elle me sourit après avoir fait courir ses yeux sur moi sans gêne.

— Bonjour, Capitaine. Joli match, en effet, c’est une belle victoire, bravo, dit-elle.

— Tu viens souvent aux matchs ? Je pense que j’aurais remarqué si une jolie fille comme toi était une habituée ?

Je ne me gêne pas non plus pour la déshabiller du regard en me remémorant son corps que j’ai dévoré récemment, et j’avoue qu’elle est vraiment à mon goût, cette nana.

— Eh ben, peut-être que tu as besoin de lunettes, alors ? rit Sarah. Je suis là à tous les matchs à domicile, Capitaine. Mais… Vu toutes les filles qui te tournent autour, je comprends qu’il faille se démarquer pour être remarquée. J’éviterai les couleurs sombres à l’avenir, si j’ai envie que tu viennes me parler.

— Et moi, c’est Becca, intervient la blonde à ses côtés.

Le contraste entre les deux est assez marqué pour être remarquable et je m’amuse à dévisager les deux l’une après l’autre. Sarah, avec ses cheveux auburn et ses jolies courbes est plus grande et plus élancée que son amie qui, elle, joue clairement sur son décolleté et ses rondeurs.

— Enchanté, Becca. Vous faites partie du clan des plus jolies filles du campus ? Je ferai plus attention les prochaines fois, Sarah, je ne voudrais pas rater la chance d’admirer une belle femme comme toi lors de nos prochains matchs. Tu fais quoi ce soir, sinon ? La soirée chez les kappa, ça te dit ? Ça me ferait plaisir qu’on y aille ensemble.

— C’est au programme, sourit la jolie blonde, mais Sarah préfère aller à la bibliothèque plutôt que d’assumer. Bon courage pour la convaincre.

— Eh oui, tu sais, intello de service, quoi, continue Sarah en me faisant un clin d'œil.

— Peut-être que si on met au programme la même fin que lors de la dernière soirée, ça peut t’intéresser, Sarah ?

Je vois au regard de Becca que la jolie intello n’a pas dû raconter ce que nous avons fait il y a quelques jours et je me demande pourquoi. Elle s’en veut d’être venue avec moi ? Je pense qu’elle a apprécié pourtant… Si elle n’avait pas aimé, elle me l’aurait dit, non ?

— Je… Eh bien… Réserve-moi une danse, peut-être que je passerai après avoir fini à la bibliothèque, sourit-elle finalement après avoir lancé un regard noir à son amie qui semble toute agitée.

— J’espère que tu passeras, alors, je t’attendrai avec impatience, dis-je sans la quitter du regard.

— Moi, j’y serai dès vingt heures, Capitaine. Tu n’hésites pas à venir me voir, maintenant qu’on se connaît, me dit Becca. Je peux te faire patienter de manière agréable, promis !

Je lui souris gentiment et m’amuse de voir que sa proposition agace profondément Sarah qui lève les yeux au ciel. Peut-être que ça lui donnera envie de se dépêcher de nous rejoindre, qui sait ?

— Je vais aller prendre ma douche. Tu viens te joindre à moi, Sarah ? Ou alors, j’invite ta copine ? me moqué-je de sa jalousie apparente.

— Il faut vraiment que je réponde à ta provocation ? Tu crois quoi, que je vais me jeter dans tes bras pour que tu ne sautes pas sur ma meilleure amie ? C’est mal me connaître, Liam. Au pire, tu ne seras pas le seul joueur de basket de la soirée, donc si ça te fait plaisir, je t’en prie, me dit-elle avant de pousser gentiment sa copine devant moi.

Je souris et apprécie le sens de la répartie de la jeune femme alors que son amie me fait les yeux doux.

— Alors, Becca, intéressée par une petite douche dans les vestiaires ? Vu que ton amie ne veut pas se jeter sur moi…

— C’est pathétique, Liam, soupire Sarah. Merci pour l’intérêt que tu me portes. Et, on se voit au prochain match, qui sait. Bonne soirée à vous, amusez-vous bien.

Elle passe à côté de moi pour sortir sans plus m’accorder un regard, clairement jalouse. Son amie me lance un petit sourire d’excuse et se précipite derrière elle pour la rejoindre. Je les regarde partir et je m’en veux un peu d’avoir fâché Sarah, mais une autre partie de moi est satisfaite de la voir aussi jalouse. Ma proposition était vraiment une provocation car aucune femme n’accepterait de venir dans un vestiaire plein de mecs en train de se doucher, mais j’ai bien aimé la voir réagir ainsi. Je sens que j’ai mes chances pour une autre nuit de folies et cette perspective m’enchante. C’est le sourire aux lèvres que je rejoins mes coéquipiers pour cette douche que je vais passer seul, mais avec plein d’idées coquines en tête.