18. Luxure et luxe

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Sarah

Je range les quelques bricoles qui traînent dans ma chambre alors que ma mère vient tout juste de partir retrouver son mec. J’ai du mal à croire que j’ai invité Liam à dormir ici. Non pas que cela me dérange, évidemment, mais j’avoue que j’ai un peu peur de sa réaction en voyant ma maison. Vu celle qu’il a pu avoir quand j’ai voulu payer les vêtements de sa sœur, je ne doute pas que débarquer dans la plus belle maison de ce quartier cossu le fasse tiquer. D’ici à ce que je l’aperçoive s’arrêter devant chez moi et repartir de plus belle en faisant vrombir le moteur de sa moto...

C’est vrai qu’elle est plutôt imposante, la maison. La salle de bain au premier doit faire la taille de la chambre de Liam, au moins. Et ma chambre… N’en parlons même pas. Mon père gagnait bien sa vie et il s’est battu pour ça, partant de rien, d’un apport prêté par ses parents qu’il a remboursés avec intérêts conséquents. Il voulait que ma mère et moi ne manquions de rien, et il a réussi, presque totalement. Nous ne manquons de rien, sauf de sa présence.

Outre l’idée que Liam peut se faire de moi et ma famille en débarquant ici, j’appréhende un peu qu’un voisin le voie arriver et entrer avec moi. Si c’est le cas, nul doute que d’ici deux jours, tout le quartier le saura et, par conséquent, ma mère aussi. Et les règles sont claires avec elle. Chacune fait ce qu’elle veut, mais on ne ramène pas des mecs à la pelle à la maison. Vu le peu d’activité amoureuse ou sexuelle de ma mère depuis que mon père est mort, ce n’est pas un problème pour elle, mais moi, en revanche, ça m’a obligée à crécher chez pas mal de mecs. Moyenne, cette règle, quand on y réfléchit. Jette-toi dans la gueule du loup, ma fille, tant que tu ne le ramènes pas ici.

Je passe par la cuisine pour mettre le plat de lasagnes aux épinards au four et file ouvrir le garage. Il vaut mieux qu’il se gare dans le bordel sans nom qui y règne. Bordel soi-disant organisé. Evidemment, les souvenirs y sont entassés, certains que j’aimerais oublier juste pour apaiser ma peine, et je tourne le dos aux cartons des affaires du bureau de mon père, contente d’entendre le vrombissement du deux roues de Liam, à qui je fais signe de remonter l’allée pour venir se garer à l’intérieur.

Je lui laisse à peine le temps d’enlever son casque et attrape sa main pour l’entraîner dans la maison après avoir fermé la porte du garage.

— Ne te fais pas de fausses idées, j’ai juste pas envie que tout le quartier alerte ma mère que j’ai ramené un mec à la maison, ris-je en l’entraînant vers la cuisine. On doit avoir les pires commères de tout Evanston dans le pâté de maisons. Tu veux manger ? Ma mère avait prévu des lasagnes aux épinards avant de m’abandonner pour son mec bien monté, elles réchauffent au four.

— C’est pas une maison, ici, c’est un château, non ? Vous faites quoi de tout cet espace à deux ? me demande-t-il alors que son regard incrédule se pose sur l’écran géant qui nous sert de télé.

— Eh bien… Au moins on ne se marche pas sur les pieds. Enfin, on trouve quand même le moyen de s’écharper de temps en temps, mais sinon, tu vois d’où je tiens mes cuisses musclées, plaisanté-je.

Il reste planté au milieu du salon sans oser bouger, avec son petit sac à dos à ses pieds. Il a l’air de seulement comprendre maintenant que je n’ai pas que l’air riche, mais que je le suis aussi. Ou en tous cas, nous faisons partie de cette classe moyenne que tous les hommes politiques prennent en exemple. Une vraie réussite sociale qui se traduit par un confort matériel important.

— J’adore tes jolies gambettes, parvient-il à dire avec un sourire, mais sans se départir de sa gêne, comme s’il ne voulait rien toucher de peur de le salir.

— Installe-toi, je nous apporte à manger, dis-je en récupérant la télécommande de la télé que je lui colle dans la main. Le menu te va, Capitaine perdu ?

— Tout dépend de ce que tu as mis au dessert du menu, me répond-il en retrouvant un peu ses moyens. Si c’est toi, je crois qu’il sera parfait. Merci de m’accueillir en ton domaine, Princesse.

Je l’embrasse sur la joue et file à la cuisine préparer deux plateaux télé en me disant qu’il ne croit pas si bien dire, pour le coup. La maison a un genre de tour arrondie, et ce coin fait partie de ma chambre au premier étage. La princesse dans sa tour, somme toute.

— Est-ce que… Est-ce que tu veux parler de ce qu’il s’est passé avec ton père ? Ou c’est sujet tabou ? lui demandé-je en déposant le repas sur la table basse avant de m’asseoir près de lui.

— Bah, c’est toujours pareil, dit-il tristement. Ça ne vaut pas le coup de t’embêter avec mes histoires, Sweetie. Mangeons tant que c’est chaud. La peinture, là, c’est un vrai tableau d’artiste ou une reproduction ?

Il me montre la toile représentant un lac, avec une barque dessus, des paysages de montagne derrière.

— C’est… Un original oui, mon père adorait peindre, ris-je. Il était doué en plus, c’est fou. Enfin, je n’y connais pas grand-chose, et c’était surtout un homme d’affaires, mais j’ai l’impression de me retrouver au bord de ce lac à chaque fois que je regarde ce tableau.

— Tu as déjà vu ce paysage en vrai ou pas ? Parce que ça a l’air magnifique. Et ton père était un grand artiste. Beaucoup plus que le mien qui passe son temps à jouer sur son téléphone.

— C’est un lac en Pennsylvanie, près des Appalaches, on est tombé dessus par hasard pendant nos vacances, quelques mois avant qu’il ne nous quitte. Enfin, bref, on s’en fout, soupiré-je en cherchant à changer de sujet puisque les Papas sont plutôt à proscrire de la conversation pour lui comme pour moi. Comment va Judith ?

— J’espère qu’elle va bien. Je suis un peu parti rapidement, je n’ai même pas pris le temps de lui faire un bisou avant de sortir… Je m’en veux, je suis con de m’emporter comme ça.

— Tu es sur les nerfs, ça arrive. Tu ne peux pas tout gérer de front sans avoir un sas de décompression quelque part, Liam. C’est trop lourd à porter, tout ce quotidien à gérer, ces boulot en plus de l’université et du basket. Y a un moment, forcément, ça déborde.

— Je peux tout gérer, répond-il avec un peu de virulence. Ça fait des années que je le fais ! Il faudrait juste que mon imbécile de père fasse un peu plus d’efforts. A cause de lui, on risque de tout perdre !

— Très bien, au temps pour moi, je ne voulais pas te froisser davantage. Enfin, pour ce que ça vaut, tu gères tout sauf ton père, tu devrais peut-être le priver de téléphone et de sortie, marmonné-je.

— Ahah ! éclate-t-il de rire, faisant ainsi immédiatement redescendre la tension qui s’était créée entre nous. Tu rigoles mais j’ai souvent cette envie de le priver de téléphone, de l’empêcher d’agir comme un gamin qu’il est devenu. Tu imagines qu’il préfère faire ça plutôt que de s’occuper de nous ?

— Non, honnêtement, j’ai du mal à imaginer. Elle doit bien lui faire tourner la tête, sa nouvelle nana, pour qu’il vous délaisse. Enfin, tu es un grand garçon, toi, mais ta sœur… Heureusement que tu es là pour elle.

— Ouais, c’est sûr qu’avec lui, on n’aura jamais une baraque comme celle-ci. Tu vas me faire dormir dans les dépendances pour les serviteurs ? se moque-t-il.

— Non, elles sont déjà occupées par mes chats. Je peux te proposer le garage ou la niche du chien que nous n’avons pas, ris-je. Sinon, il y a ma chambre, mais pour ça il faut que tu sois prêt à partager la couche d’une princesse, Capitaine.

— Comment tu peux t’intéresser à moi, Sweetie ? J’ai un peu l’impression que je suis le clochard et que toi, tu es Belle, là. Tu sais que je n’ai pas une tune ? Un jour, si je deviens joueur de basket professionnel, j’arriverai peut-être à le devenir, mais là, je suis quand même en bas de l’échelle, moi.

Je le regarde silencieusement en me demandant quoi lui répondre. Une partie de moi est vexée qu’il ait ce genre de paroles, mais j’essaie de mettre ça de côté parce que je sais que, ce soir, après sa dispute avec son père, ça ne ferait qu’en rajouter une couche.

— Et alors ? Tu me crois si superficielle que ça ? lui demandé-je en repoussant son plateau pour m’installer à califourchon sur lui. Tu crois que ce que je cherche, c’est un mec plein d’argent ? Est-ce que je t’ai donné cette impression ?

— Non, tu ne m’as pas donné cette impression, Princesse. Jamais, c’est vrai. Mais tu le disais tout à l’heure, je ne suis pas à ma place ici. Les voisines vont jaser, un pauvre à la maison, mais quelle horreur !

— Je n’ai jamais dit que tu n’étais pas à ta place ici, mon Chat. Et mes voisines jasent sur tout et n’importe quoi. Elle lancent même des ragots sur le chat d’en face qui aime miauler à la fenêtre de la petite vieille du coin de la rue pour qu’elle le fasse entrer. Il paraîtrait qu’il y a une jolie minette là-bas qui le fait craquer, pouffé-je. Je veux juste pas que ma mère soit au courant que j’ai fait venir un garçon, aussi charmant soit-il, sans son autorisation. Maintenant, arrête de te faire des idées et embrasse-moi avant que je ne te mette à la porte. Deal ?

— Tu es dure en affaires alors que moi, je suis tout simplement dur. Alors Deal, me répond-il en m’embrassant fougueusement.

Je savoure ce baiser et ne suis pas en reste, en profitant pour caresser son torse et onduler doucement contre la fameuse bosse dans son pantalon. Nous nous bécotons chaudement pendant quelques minutes avant que je trouve la force de me séparer de lui, juste le temps de descendre mon leggings le long de mes jambes et de passer mon tee-shirt par-dessus ma tête. Je crois que c’est la première fois que je ne me sens pas mal à l’aise d’être nue devant un homme. Je me sens juste… Bien, en confiance, assurée sous ce regard envieux et enflammé. C’est d’ailleurs ce qui me permet de me pencher sur lui pour déboutonner son pantalon et le déshabiller en jouant l’aguicheuse, baladant mes doigts sur son corps, frôlant sa hampe fièrement dressée.

— Il va falloir qu’on monte, je doute que ma mère planque des capotes dans le tiroir de la table basse, pouffé-je.

— Tu préfères grimper aux rideaux ou monter au septième ciel ? me demande-t-il, taquin, en promenant ses mains sur mes hanches et mes cuisses.

— Les deux me vont, mais pas sans être montés au premier étage d’abord, Joli Cœur !

Je lui prends la main et l’entraîne dans les escaliers en vitesse, mais je suis arrêtée à plusieurs reprises par cet homme aux mains baladeuses dont le corps se presse contre moi. Une fois encore, il se montre très entreprenant et j’avoue que j’adore son assurance, même si je ne doute pas qu’elle est dûe à une certaine expérience. Il est surtout très doué pour débrancher mon cerveau et stimuler chaque zone sensible de mon corps, chaque centimètre carré de ma peau si réactive à ses caresses, ses baisers.

Je crois bien que le jeu en vaut la chandelle. Tant pis si les voisins m’ont grillée, ce soir, j’oublie tout et je lui fais tout oublier, sauf les plaisirs de la chair.

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