45. L'invitation tant attendue

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Liam

Je me réveille, seul dans mon lit, les yeux bouffis de ne pas avoir bien dormi. C’est horrible ce qui m’arrive. Jamais je n’aurais dû coucher plusieurs fois avec Sarah, ça a dû bousiller mes hormones, tout ça ! Pourquoi je m’en fais tant parce qu’elle couche avec un autre mec ? OK, c’est Ryan, c’est pas le meilleur, mais qui je suis pour juger avec qui elle baise? Je sais que tout ça n’a pas de sens, mais ça ne m’a pas empêché de faire des cauchemars toute la nuit. Des cauchemars qui donnent la trique en plus. Faut vraiment que je me soigne, moi. Mais ces visions du corps nu de Sarah ne peuvent que m’exciter, quand bien même elles me dégoutent quand l’homme qui est en train de lui faire l’amour est mon coéquipier. J’ai vraiment l’impression que je suis en train de devenir fou.

Plusieurs fois, depuis que je me suis réveillé, j’ai pris mon téléphone pour envoyer un message à Becca et m’inviter chez elle. J’ai même failli juste ne pas aller me coucher, prendre ma moto et aller sur le campus pour la retrouver dans la résidence où elle vit. Mais je me suis retenu. Je ne veux pas apparaître comme le gars désespéré non plus. Et puis, quel loser envoie un message à cinq heures du matin pour baiser ? Non, ce n’est pas possible, je dois attendre. Et ruminer. Tourner et retourner dans mon lit. Et enlever mes couvertures parce que j’ai trop chaud, les remettre parce que j’ai trop froid. Regarder le réveil qui n’a avancé que de deux minutes. Et puis, me repasser notre conversation. “Instructif”... Il lui a fait découvrir quoi, ce con ? Je devrais lui envoyer un message pour savoir, tiens. Ou prêcher le faux pour savoir le vrai. Mais non, je n’ai pas envie de savoir.

Je sais que je m’énerve tout seul, que je ferais mieux de me lever et d’aller courir. Ou nager, même si la température est fraîche et qu’il pleut. Évacuer tout ça. Mais la colère monte en moi, j’ai de plus en plus de mal à me contrôler. “petit frère”... Tu parles d’un surnom. Comme si c’était d’une sœur dont j’avais besoin, là. Non, ce qu’il me faut, c’est une femme. Une vraie femme. Pas mes doigts. Elle a raison, ma voisine de chambre, quand elle me traite de branleur. Depuis que je l’ai baisée, je ne suis plus bon qu’à ça. Cinq doigts, ça ne remplace pas tout ce qu’elle m’a fait ressentir. Ça ne sera jamais à la hauteur. Il faut que j’évacue toute cette tension qui s’installe en moi.

— Salut Becca. Je sais qu’il est tôt, mais je pensais à toi. Ce soir, ça te dit qu’on se retrouve chez toi ? Vingt heures. J’aurai mangé, mais j’aurai encore faim d’autre chose. Promis.

J’ai tapé ce message, mais j’hésite à l’envoyer. Je trouve que ça fait trop “queutard”, l’autre mot que Sarah m’a catapulté à la tronche. Je l’efface en me disant qu’elle va se faire des films si j’envoie ça. Elle va croire que je suis désespéré de la retrouver mais il ne faut pas qu’elle pense qu’avec moi, il y a des sentiments. Je dois vraiment lui faire comprendre que oui, on va s’amuser, mais ce sera juste une fois. Enfin, une nuit, je ne sais pas me retenir et ne le faire qu’une fois. Et puis, à elle de décider si elle veut ou pas, franchement. Après, elle ne pourra rien me reprocher si les choses sont claires dès le départ.

Je me lève et vais réveiller Judith. Elle a l’air super heureuse de notre nouvelle vie et semble complètement épanouie dans son lit de princesse. Elle me fait un gros câlin et ça a le mérite de me faire penser à autre chose et de me mettre un peu de baume au cœur.

— Allez, Petite Choupette, dépêche-toi de te préparer, je te dépose chez Megan, aujourd’hui. Et il faut que je ramène la voiture à Sarah pour qu’elle puisse aller en cours à l’heure. Donc, on ne traîne pas !

Je souris en la voyant foncer vers la salle de bain, son doudou à la main. Elle, au moins, profite de sa nouvelle vie. Je me dépêche de la déposer chez notre ancienne voisine et reviens à la maison. Je ne fais qu’entrouvrir la porte pour déposer les clés de la voiture de Sarah dans la boîte à l’entrée et me sauve pour ne pas la croiser. Je crois que je ne supporterais pas de voir sa tête satisfaite de femme baisée. Je n’y survivrais pas. J’envoie un petit message à Becca avant d’enfourcher ma bécane.

— Salut Becca. J’arrive sur le campus dans quinze minutes. On se prend un café ensemble à la cafétéria ?

Lorsque je me gare à ma place habituelle sur le campus, je vois qu’elle m’a répondu pendant que j’étais sur le trajet.

— Salut beau gosse ! Pourquoi pas, oui. Je te rejoins, mais je ne te garantis pas d’être à l’heure. A tout de suite !

Je souris. J’aime bien quand une jolie fille m’appelle “Beau gosse.” Ça flatte mon ego. Je me dirige tranquillement vers le bâtiment central et Becca ne tarde pas à me rejoindre. Elle me donne une accolade pour me saluer en se collant contre moi, comme elle le fait souvent.

— En forme ? demandé-je alors qu’elle rayonne, ravie de me retrouver, sûrement.

— Toujours. Et toi ? Tu as une petite mine, ça va ?

— Ouais, j’ai pas bien dormi, mais ça va. Je vais passer la journée à comater en cours, et ce soir je bosse au supermarché. Au moins, je vais finir plus tôt que si c’était au café.

— Je vois… Et donc, elle est dûe à quoi, cette soudaine envie de me voir ?

— Soudaine ? Mais tu sais bien que ça fait un moment que je t’ai promis de m’occuper de toi. Je me suis dit que c’était le moment, si tu vois ce que je veux dire.

Tu parles, ce que j’ai en tête, c’est me venger de ta meilleure amie qui s’est tapée un basketteur hier, juste pour me rendre jaloux. Et le pire, c’est qu’elle a réussi.

— Je vois, sourit Becca en commandant son café, l’air presque détaché. Tu es long à la détente, quand même.

— Je sais, soupiré-je. C’est parce que je suis trop gentil, tu vois. Ça dérangeait Sarah que je cède à la tentation de répondre à ton invitation. Elle avait peur que ça me mette entre elle et toi, tu vois la connerie ? Mais bon, j’ai trop envie de concrétiser toutes ces promesses non tenues, je ne peux plus attendre.

Je mens effrontément, mais j’ai l’impression que la jolie blonde gobe mon discours. En partie du moins.

— Sarah est vraiment trop coincée, rit-elle. En revanche, quand est-ce que tu comptes tenir tes promesses ? Parce que je suis prise tous les soirs, en ce moment.

— Eh bien, il va falloir décommander pour ce soir, Becca, parce que je ne suis pas sûr de pouvoir attendre plus longtemps, lui glissé-je doucement en caressant sa main et sans la quitter des yeux.

— Et donc, tu penses que je vais accourir comme ça dans la seconde ? Je sais bien que j’ai parfois l’air vraiment… Enfin, tu vois quoi, tu vois ce que je veux dire. Bref, qu’est-ce qui te fait dire que je vais décommander parce que tu t’es enfin décidé ?

— Parce que je te le demande, Becca. Parce que c’est ce que je désire et que tu aimes me faire plaisir, susurré-je en jouant sur le son grave de ma voix. Tu sais bien que je vais t’apporter beaucoup plus de plaisir que tout ce que tu aurais pu prévoir et que tu es déjà en train de mouiller en m’imaginant nu au fond de toi.

Pour vraiment l’attirer dans mes filets, je pose ma main sur sa cuisse et dépose un baiser sur sa joue qui est devenue toute rouge. Elle referme immédiatement ses jambes sur ma main pour l'emprisonner entre ses cuisses.

— Je vais y réfléchir, beau gosse. Disons que c’est envisageable, sourit-elle.

— Tu sais bien que c’est tout réfléchi, Becca, affirmé-je, sûr de moi. Vingt heures chez toi ? Et ne mets pas de culotte, ça m’excite encore plus.

— Tu veux pas que je sois déjà à poil et à quatre pattes ? Moi, j’adore qu’on m’enlève ma culotte, tu sais. Comment on fait ?

— Si je peux te l’enlever sans les mains, je t’autorise à la garder, alors. Vivement ce soir, Becca. Je sens que la nuit va être jouissive à souhait.

— On verra si tu tiens vraiment tes promesses, beau gosse. A ce soir, alors… Je t’appelle si j’ai un souci et que je décide finalement de préférer mon plan initial, sourit-elle en déposant un baiser sur ma joue.

Et voilà, c’est fait. Je vais pouvoir rendre la pareille à Sarah et par la même, me faire plaisir avec une jolie femme. Ça fait trop longtemps que je n’ai pas baisé et je ressens une certaine excitation. Mais pourquoi ne suis-je pas plus content que ça ? Pourquoi est-ce que je ne pense qu’à Sarah alors que je devrais me faire une joie d’enfin me retrouver entre les bras de sa meilleure amie ? Peut-être parce que je suis en train de lire le message que vient de me faire parvenir Ryan.

— Salut Cap’tain. Je ne suis pas en forme aujourd’hui. Je ne serai pas à l’entraînement cet après-midi. J’ai prévenu le coach. A demain.

J’ai envie de décrocher mon téléphone et de l’engueuler, de lui dire qu’au lieu de baiser, il ferait mieux de dormir. Qu’au lieu d’instruire Sarah, il aurait mieux fait d’aller s'entraîner. J’ai envie de l’étriper, de lui faire manger son téléphone. J’ai envie de tout casser. Au lieu de cela, je ressors du bâtiment et me dirige vers le lac. D’habitude, la vue sur l’immense étendue d’eau suffit à me calmer, mais là, c’est peine perdue. Et je ne retiens pas le cri qui s’impose dans ma poitrine et qui me soulage un peu de toute la frustration et la colère que je ressens. Quelques étudiants me jettent un œil en passant, mais aucun n’ose s’approcher. Je dois faire peur à gueuler comme ça en regardant les grands gratte-ciel que l’on peut voir à l’horizon. Franchement, vu la haine que je ressens à ce moment vis-à-vis de Ryan, je ne suis pas sûr que coucher avec Becca va changer quelque chose. Si je ne me cache pas derrière des faux-semblants, celle avec qui j’ai envie de faire l’amour, c’est Sarah. J’espère vraiment que me taper sa copine, ça va me soigner de ce lancinant désir, sinon, je suis clairement dans la merde.

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