46. Le pistolero de la salle de bain

8 minutes de lecture

Sarah

— Pitié, pas de pizzéria, ris-je en voyant Evan zieuter sur la devanture.

— Alors, ce rencard avec Ryan ?

— Plus lourd, tu meurs. Franchement, j’ai bien cru qu’il allait me déculotter dans le restau pour me prendre, volontaire ou pas. Vraiment, je te jure, il est lourd.

— Ça ne m’étonne pas, du peu que j’ai entendu parler de lui, il vaut mieux éviter de le fréquenter.

Je grimace et l’attrape par le bras pour l’entraîner dans une sandwicherie où nous allons parfois déjeuner, puis envoie un message à Becca qui est encore en cours et nous rejoindra bientôt.

— Et donc ? continue Evan alors que nous nous installons à une table. T’as fini la nuit chez lui ?

— Non, il m’a demandé d’aller chez moi parce que le petit n’avait pas rangé sa chambre.

Evan éclate de rire et je souris en repensant à cette andouille. Franchement, dans le genre peu prévoyant, on fait difficilement pire. Après ça, il m’aurait dit quoi ? Sarah, désolé, j’ai pas eu le temps d’acheter des capotes, je peux te refiler une MST ?

— Et tu ne l’as pas invité chez toi, enfin ? se moque-t-il.

— Ben non, voyons, les règles sont les règles !

— Règles que ta mère n’applique techniquement plus.

— C’est pas pareil, ils vont se marier, soupiré-je. On peut changer de sujet ? Je n’ai pas trop envie d’aborder la vie sexuelle de ma mère, en fait. Mes yeux s’en souviennent encore.

Evan ricane encore tandis que nous passons commande, et s’amuse à me proposer mille lieux où ma mère aurait pu coucher avec Jim dans la maison, me filant clairement la gerbe.

— Ah, tiens, voilà Becca ! Elle a l’air d’avoir kiffé son cours. Tu crois qu’elle était avec le prof canon ?

— Non, c’est le cours du lundi matin, ris-je en me levant pour faire une accolade à notre amie. Qu’est-ce qui te met tant en joie ?

— C’est enfin arrivé, Sarah ! J’en reviens pas ! Quand je pense que j’ai joué la fille occupée et blasée alors que tout ce que j’avais envie de dire, c’était oui, vas-y, prends moi !

Je manque de recracher ma gorgée d’eau. Hein ? Déjà ?

— Tu veux dire que Liam t’a… Enfin… Vous avez couché ? Mais quand ?

Elle me regarde et me fait un grand sourire, enchantée par ce qu’elle semble avoir vécu, mais je n’ai même pas l’impression qu’elle m’ait entendue.

— Oh qu’il est beau… Et si autoritaire. Tu l’aurais vu me demander de lui faire plaisir, franchement, j’ai jamais été excitée comme ça ! J’ai tellement hâte de le revoir ce soir ! Je crois que je vais aller me faire une épilation intégrale de mon minou, moi !

J’hallucine. Il n’a vraiment pas perdu de temps, cet enfoiré ! Je n’arrive pas à croire qu’il se soit précipité dans ses bras. Quel crevard !

— Attends… Tu le revois ce soir, en plus ? m’étonné-je.

— Bien sûr ! On ne va pas en rester là quand même ! Oh Liam ! Je crois que ça va être la meilleure nuit de ma vie !

— Attends, intervient Evan qui a l’air aussi étonné que moi. Tu as vraiment passé la matinée à coucher avec le basketteur ? Tu n’es pas allée en cours ?

— Si, si, j’étais en cours, pourquoi ? J’ai dit le contraire ? répond-elle, les yeux dans le vague.

— Ben… Non, mais on a du mal à voir quand tu as pu coucher avec lui, du coup, marmonné-je. Je doute que vous ayez fait ça en deux minutes dans les chiottes, si c’était si génial…

— Oh Sarah, si tu savais comme je vais me donner à lui ce soir ! Bien sûr que non, on ne l’a pas fait dans les chiottes. Liam est tellement plus romantique, je suis sûr que c’est un grand tendre sous ses aspects de grosse brute prête à tout défoncer.

Je pouffe en me rappelant de notre séance de tripotage au Café. Liam, un grand romantique ? Faut pas pousser non plus. Enfin… Peut-être un peu, caché sous la masse de muscles.

— Donc, tu as couché avec lui ou pas ? lui demande Evan.

— Non, non, pas encore. Ce soir, je vous dis ! Et ça va être trop bien. Déjà là, quand il a mis sa main entre mes jambes, j’ai cru que j’allais m’évanouir ! Et sa voix… Oh mon dieu, ça m’excite à nouveau rien que d’y penser !

Et moi, j’ai follement envie d’aller gerber dans les toilettes. Le deal est bel et bien rompu. Contrat au placard, il n’a pas tardé à y planter un coup de canif et à le jeter à la poubelle.

— Eh bien… Tant mieux pour toi, écoute, bougonné-je en mordant à pleines dents dans ce sandwich qui ne me fait plus du tout envie.

— Je regrette juste qu’il ne m’ait pas embrassée avant de partir. Je te jure que quand j’ai senti ses lèvres sur ma joue, j’ai failli jouir. Ce soir, ça va swinguer, ça va lover, ça va niquer !

— Tu peux nous passer les détails, ricane Evan. J’espère que vous allez faire ça chez toi et pas chez Sarah, sinon, la pauvre ne va pas beaucoup dormir de la nuit.

— Mais oui, bien sûr. Et quand il arrive, je l’attache et je ne le laisse plus partir, je suis sûre que ça lui plairait, ce petit jeu ! continue-t-elle, complètement partie dans ses fantasmes.

— Tu sais, Becca, avec lui, c’est une nuit et c’est tout. Tu es prête à ne pas retenter le coup après cette nuit ? Tu as l’air de t’enflammer pour pas grand-chose…

Je sais, c’est horrible de dire ça à sa meilleure amie, mais je ne le fais pas que pour qu’elle arrête enfin de dire tout ce que Liam va lui faire, je le fais aussi parce que c’est vrai, et je crois qu’elle le sait car elle me regarde maintenant avec un air de défi.

— Avec moi, ce sera différent. Quand il aura goûté à mes charmes, il y reviendra, c’est sûr !

— Oulah, te fais pas de films, Bec, soupire Evan. Il n’est pas réputé pour les histoires à long terme, ni à moyen d’ailleurs… Personne ne s’est plaint de ses performances, mais c’est du goûtes-y et oublie-le, si tu vois ce que je veux dire.

— On verra bien, les loulous, on l’a déjà presque fait chez Sarah. C’estun peu comme une deuxième fois, non ?

Je grimace en me souvenant de la position dans laquelle je les ai tous les deux trouvés ce jour-là. Bon sang, elle va finir par vraiment m’énerver, comme si je n’étais pas suffisamment agacée comme ça.

— Il a trempé sa nouille ? Tu as joui dans ma foutue cuisine ? Parce que sinon, on ne peut pas dire que ce soit une deuxième fois, non.

Il n’y a que moi qui ai droit aux deuxièmes, troisièmes et autres fois avec Liam. Pitié, laisse-moi au moins ce plaisir-là, foutu basketteur.

— Sarah n’a pas tort. Un petit tripotage ou vous vous rouliez juste des galoches ?

— Peu importe, je ne veux pas savoir, marmonné-je en me levant. Bon, je file. Je vais passer à la bibliothèque avant de reprendre les cours. Bonne baise, Rebecca.

Je sors du restaurant en vitesse et me presse pour rejoindre le campus, puis vis le reste de la journée dans un brouillard épais. Autant dire que les cours de l’après-midi ne resteront pas gravés dans ma mémoire.

Même le retour à la maison me paraît passer à la fois à une vitesse folle et une lenteur interminable. Je joue un peu avec Jude qui me raconte sa journée chez Megan, ma mère me parle de ses préparatifs pour le mariage et j’acquiesce à tout sans vraiment écouter. J’ai l'œil sur la pendule et c’est mon tour de ruminer en attendant que cet enfoiré de basketteur ne rentre.

Les heures défilent et j’ai le temps d’aller lire une histoire à Jude après le repas, de prendre un bain, de bouquiner la même page pendant je ne sais combien de temps et d’entendre les parents aller se coucher avant que le bruit distinctif de sa moto ne résonne dans le quartier. Je me précipite dans la salle de bain et me brosse les dents pendant une éternité avant qu’il ne frappe à la porte et n’entre.

— C’est déjà pris, marmonné-je avant de me rincer la bouche.

— Je suis fatigué, Sarah, fais-moi une petite place, je me lave les dents et je vais au lit.

— Oh oui, j’imagine, vu comme Becca était en mode grosse chaudasse, elle a dû t’épuiser. Content ?

— Comment tu parles d’elle ! On ne dirait pas que vous êtes amies ! Et ça change quoi si moi, j’aime son côté chaudasse ?

— Ça change rien, ça ne m’étonne même pas de toi, en fait. Que demander de plus d’un basketteur, après tout ?

— En tous cas, je peux te dire que je l’ai bien vidangée, dit-il avec un sourire. Avec ça, elle est repartie pour un tour !

— T’es vraiment qu’un foutu enfoiré, m’énervé-je. Tu veux pas me raconter toutes les positions que vous avez faites, tant qu’on y est ? Tu n’as aucun respect, putain.

— Pourquoi ? Ça t'intéresse ? T’as envie de te caresser en repensant à tout ce que tu aurais pu faire ce soir à la place de Becca ? A ta disposition, ma biche, sourit-il mesquinement.

— Je vais surtout aller gerber, ouais. Tu le savais, que je ne voulais pas que tu couches avec Becca. Mais, bravo, Liam, tu es très doué pour blesser les gens. Jackpot !

— Ce n’est pas moi qui ai brisé le deal, Sweetie. Désolé, mais je joue selon tes règles. Tu n’as qu’à t’en prendre qu’à toi-même.

Il se met à se frotter les dents alors que je l’observe, un peu ébranlée par ce qu’il vient de me dire.

— Tu vas la revoir ? lui demandé-je en enlevant mon peignoir, ce qui le fait s’arrêter net dans son brossage qu’il reprend.

— Tous les jours, en cours, Sweetie, énonce-t-il après s’être rincé la bouche.

J’ai la satisfaction de voir qu’il ne me quitte pas des yeux, que son sexe reprend vigueur à la vue de ce corps dont il ne profitera plus jamais.

— Et… C’est tout ? Elle est bien au fait que Monsieur Liam Sanders ne baise qu’une nuit avec la même fille ? Parce que c’est moi qui vais la ramasser à la petite cuillère, dis-je en me dirigeant vers la douche.

— Tu sais bien que je suis un vrai Pistolero. One shot, six coups, bam, bam, bam.

Je sens son regard sur moi alors que je referme la porte de la douche et commence à faire couler l’eau. Je suis fière de voir l’effet que j’ai sur lui, surtout après ses six coups.

— Non, je ne le sais pas, après tout… J’ai eu droit à plus qu’un one shot, moi. Tu comptes te taper tous mes amis pour te venger ? Je te préviens, Evan est hétéro !

— Dommage que tu ne sois plus intéressée. Si tu as bien compté, il me restait encore trois coups. Bonne nuit, Sweetie, fais de beaux rêves de cowboys.

Des rêves de cowboys ? Je pense plutôt que je vais cauchemarder sur ma meilleure amie et ce foutu basketteur en train de s’envoyer en l’air. Qu’il ne l’ait baisée que trois fois au lieu de six, ça m’importe peu. Il a brisé le deal, et il pouvait se taper n’importe qui, mais il a choisi ma meilleure amie. J’ai envie de faire de sa vie un enfer, sincèrement. Il le mérite amplement, et plutôt deux fois qu’une. Je ne suis pas près de lui pardonner ce qu’il a fait, quand bien même j’ai très envie d’aller l’aider à tirer les trois derniers coups.

Annotations

Vous aimez lire XiscaLB ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0