62. Le lac enchanté
Sarah
Ce type me rend complètement folle. Ce n’est absolument pas mon genre d’aller arroser une meuf pour lui casser son coup. Mais cette Julia m’a fichue hors de moi. Et lui qui se laissait faire alors qu'il y a une heure à peine, il me chauffait dans ma voiture ! Et là, alors qu’il était sans doute à deux doigts de se taper la pom pom girl, il m’embrasse comme si sa vie en dépendait. Évidemment, impossible pour moi de résister à la tentation, loin de la maison et de la réalité des choses. C’est un peu comme si nous campions nos personnages plutôt que d’être nous-mêmes, peut-être. Ou alors, je fais enfin fi de la situation et je profite ? Toujours est-il que ce baiser est torride et appelle à bien plus que ça. Je suis agrippée à lui comme une moule à son rocher, et on ne peut pas dire qu’il cherche à me fuir, de son côté.
Toute ma colère, ou presque, s’est envolée à la seconde où ses lèvres se sont posées sur les miennes. Pourtant, cette bulle où nous sommes bien installés éclate brusquement lorsque j’entends mon prénom. Liam et moi nous écartons l’un de l’autre avec une rapidité digne de Usain Bolt et je suis bien contente, pour une fois, que le parking du campus ne soit pas très bien éclairé. Je fais signe à Liam d’essuyer sa bouche couverte de rouge à lèvres et fais de même de mon côté alors qu’Evan déboule.
— Tout va bien ? m’interpelle-t-il au loin.
— Oui, oui, on discutait. Je… J’arrive, tu veux bien ? On n’a pas fini, crié-je alors que Liam tourne déjà les talons pour partir. Attends, tu t’en vas vraiment ?
— Si je retourne là-dedans, je vais me faire sauter dessus par une dizaine de nanas en chaleur que je vais devoir repousser parce que la seule que je veux, c’est toi. Alors, oui, mais t’inquiète pas pour moi, je connais la route et ça refroidira un peu mes ardeurs.
Je ne sais même pas quoi répondre et, voyant que je reste muette, Liam soupire et s’en va sans un mot de plus. J‘ai l’impression de faire une connerie en ne l’empêchant pas de partir, mais Evan, resté à distance jusqu’alors, s‘est approché et m’attrape par les épaules et m’entraîne à l’intérieur. C’est fou comme ma relation avec Liam me rend incertaine sur tout. J’ai l’impression d’être plus paumée que jamais, perdue entre ce que je voudrais et ce que je devrais faire. Ou plutôt ce que je voudrais mais ne dois pas faire.
— Tu veux bien aller donner ça à Julia aux toilettes ? demandé-je à mon ami en lui tendant mon tee-shirt. Dis-lui que Liam est parti, au passage. Elle devrait être déçue, pauvre petite.
L’amertume qui perce dans ma voix me fait grimacer, mais je m’en fous totalement. Tout ce à quoi je pense, là, c’est à Liam qui rentre à la maison, seul, alors que j’aimerais être avec lui. Tout ce qui me tourne en tête c’est que j’ai vraiment agi comme une gamine insensible et capricieuse avec lui. C’est tellement égoïste de lui reprocher d’être avec une autre alors que je le repousse depuis que nous savons que nos parents sont ensemble !
Je me retrouve finalement dans ma voiture sans plus réfléchir, et prends la route de la maison en espérant qu’il n’a pas fait du stop entre temps. Enfin, dans ce coin, peu de chance qu’un petit blanc prenne en stop un noir, mais sait-on jamais. Si c’est Julia qui est passée par là, ou l’une de ses copines plus chaudes les unes que les autres, autant dire qu’il ne devrait pas se gêner pour aller squatter un autre lit que le sien cette nuit.
J’ai un soupir de soulagement stupide en voyant une masse rouge qui marche sur le trottoir, et je ralentis à sa hauteur en ouvrant la fenêtre côté passager. On a rarement fait aussi cliché, même si généralement ce sont les mecs qui font ça dans les films.
— Hé ! l’interpellé-je. Je t’emmène quelque part ?
— Ah non, Madame, c’est gentil, mais je ne monte pas avec des inconnues, moi, répond-il en souriant et en continuant à marcher après avoir marqué une petite pause, surpris.
— Tu préfères risquer de te faire agresser ? Vu ta tenue… J’ai hésité entre te proposer de t’accompagner et te demander ton tarif, plaisanté-je. Joli petit cul, tu sais te mettre en valeur !
— Tu veux vraiment que je monte ? Ce n’est pas pour me ramener à la fête, au moins ?
— Non, elle est pourrie, cette fête, je rentre à la maison, toi aussi, autant que tu profites du trajet, non ? Enfin… A moins que ta destination soit autre ? ne puis-je m’empêcher de lui demander.
Je m’arrête pour le laisser me rattraper et il vient s’accouder à ma fenêtre. Sa grande stature se penche vers moi et il m’observe comme s’il ne m’avait jamais vue, j’en rougirais presque.
— Tu entends quoi par profiter du trajet ? Toujours intéressée par un tarif ? me questionne-t-il, taquin.
— Possible, dis-je en lui faisant un clin d'œil. Je serai même ok pour un tarif avec supplément excuses, vu que je suis une dinde incapable de contrôler sa jalousie... Bon, tu montes ou tu veux que je me fasse embarquer pour racolage ?
— Je monte, mais on ne rentre pas à la maison. Enfin, pas tout de suite. Je n’ai pas envie que cette soirée finisse comme ça. On va sur la plage ? demande-t-il après s’être assis à mes côtés.
J’acquiesce et redémarre en prenant la route du lac. Nous restons silencieux un moment, et j’avoue ne pas savoir par où attaquer.
— Je commence par te payer ou m’excuser ? soupiré-je finalement en baissant le volume de la musique.
— Tu n’as pas à t’excuser, tu sais. C’est plutôt flatteur que tu craques comme ça pour moi, même en essayant de résister. Mais peut-être que je devrais te laisser tranquille et ne pas agir comme un ado en manque quand je te vois ?
Ses gestes démentent cependant ses propos car sa main se glisse sur ma cuisse et me caresse doucement alors que je fais comme si de rien n’était.
— Je n’aurais pas dû, c’est tout… Je… C’est ta faute, aussi, tu ne pourrais pas être moche, nul en basket et rebuter les gonzesses ? C’est juste insupportable de les voir toutes te tourner autour...
— Tu crois que c’est agréable de voir tous mes potes venir te peloter ? Tu es tellement belle que ça me rend fou rien que de voir un autre mec te mater. Comme si j’avais des droits sur toi…
Je me gare sur le parking en soupirant et sors de ma voiture. L’air est frais, alors je récupère ma veste dans le coffre et une couverture, et je sursaute en voyant Liam apparaître à mes côtés. J’aimerais tellement que tout soit plus simple… C’est fou, et je m’agace d’avoir encore ce genre de pensées. J’aimerais vraiment pouvoir éteindre mon cerveau. Tellement…
Je glisse ma main dans la sienne alors que nous prenons le petit sentier qui nous mène sur le sable. Il n’y a pas grand monde, seulement quelques familles qui se promènent, déguisées pour faire du porte à porte, à la lueur de la Lune et des lampadaires, et entendre le bruit de l’eau me tire un sourire. Nous nous éloignons du chemin et Liam finit par récupérer la couverture pour l’installer sur le sable. Nous ne sommes pas très bavards, mais passons tous les deux un moment à observer l’étendue d’eau qui nous hypnotise.
— J’espère que la fête est vraiment pourrie, ris-je en me calant contre lui alors qu’il passe son bras autour de mes épaules, sinon, on va regretter d’avoir manqué les meilleurs moments.
— Moi, je n’échangerais ma place contre rien au monde, Sweetie, dit-il d’une voix douce, presque rêveuse.
— Même si tu te retrouves en tête à tête avec une furie jalouse au maquillage qui a coulé alors que tu ne devrais pas avoir envie de te la taper ?
Il ne me répond pas mais plonge son regard dans le mien avant de poser sa main sur ma joue et d’orienter mon visage vers le sien. Le baiser qu’il dépose sur mes lèvres est tendre et doux, il semble durer une éternité avant qu’il ne s’éloigne à nouveau pour reprendre son souffle.
— J’ai l’impression que la furie s’est endormie et a laissé la place à une fée.
— C’est presque flippant de t’entendre parler avec romantisme, Sanders ! La furie… Est plus à l’aise quand aucune bombe ne te tourne autour, c’est tout.
— Ouais, tu as raison, parce qu’en réalité, j’ai vraiment envie de toi. Tu me fais bander grave, et je ne sais pas ce qui me retient de planter mon pieu dans ta chatte, me provoque-t-il, l'œil rieur. Tu préfères ça ? Parce que tout est vrai aussi.
Je pouffe et agrippe sa nuque pour l’embrasser. J’avoue y aller avec moins de douceur que lui, et je me retrouve assise à califourchon sur ses cuisses, son torse pressé contre le mien, sans vraiment me rendre compte de ce que je fais.
— Ne te fais pas d’idées, murmuré-je en venant mordiller le lobe de son oreille. J’ai juste froid, et tu es une source de chaleur idéale.
Je sens alors sa main se glisser entre nous et s’infiltrer sous mon tee-shirt pour venir s’amuser à empaumer mes seins à travers le soutien-gorge. Je ressens contre mon ventre toute son envie et son désir, et la friction que j’effectue en me frottant dessus me donne vraiment chaud.
— Je me fais plein d’idées, pourtant… Et aucune n’est raisonnable, Sweetie. J’ai tellement envie de t’enlever ton short et te faire l’amour, ici, sur cette plage…
L’offre est vraiment tentante, j’avoue. Je ne suis pas loin de le supplier de s’exécuter dans la seconde. Je crois que mon cerveau s’est finalement déconnecté, parce que j’ouvre la ceinture de son costume et galère à descendre la fermeture du pantalon. Je glisse finalement ma main dans son boxer et empaume son sexe bandé en posant mon front contre le sien.
— Peut-être qu’on devrait arrêter d’être raisonnables, ce soir ?
— Oh Sweetie, soyons fous, en effet, ça fait trop longtemps que j’attends ça ! me répond-il en se tortillant sous moi pour abaisser son bas de costume et ainsi dégager sa hampe qui se dresse, nue, entre nous deux.
Je l’embrasse à nouveau sans pouvoir m’empêcher de prendre son sexe entre mes doigts. On pourrait se faire embarquer pour ce genre de choses, mais ça ne rend l’instant que plus excitant. Tout comme ses mains qui glissent à nouveau sous mon tee-shirt et se promènent sur ma poitrine. Je ne relâche sa bouche que lorsque je suis à bout de souffle, et en profite pour déboutonner mon short sous son regard lubrique, et j’attrape l’une de ses mains pour la descendre le long de mon ventre. Liam capte le message et je sens rapidement ses doigts venir caresser mon clitoris et mes lèvres déjà sensibles alors que je reprends les va-et-vient de ma main autour de son pieu, comme il l’appelle. La position n’est idéale ni pour lui, ni pour moi, mais le moment est d’une sensualité pas possible, comme si chacun voulait libérer l’autre de toute cette frustration que nous avons accumulée à force de se tourner autour sans vraiment se laisser aller. Même si la frustration persiste, tant parce que je retiens mes gémissements que parce qu’au fond, ce que je veux, c’est le sentir en moi et jouir du plaisir de l’union de nos deux corps.
— Je vais te poser une question, et j’avoue que je ne sais pas quelle réponse je préférerais entendre… T’as des capotes ?
— Oui, dans la poche de mon costume, me répond-il en remontant mon tee-shirt pour embrasser mes seins.
— Hum… Je crois que j’aurais préféré savoir que tu n’en avais pas et finir frustrée, en fait, marmonné-je en cherchant ses poches pour en sortir un préservatif.
— On a dit qu’on n’était pas raisonnables, autant en profiter jusqu’au bout, non ?
Il prend le préservatif de mes mains et l’enfile rapidement sur son sexe aussi gonflé de désir que possible, puis ses grandes mains viennent se poser sur mes fesses afin de me soulever un peu et de me positionner au dessus de lui. Je ne me fais pas désirer davantage et décale mon short pour m’empaler lentement sur sa hampe, retrouvant avec plaisir la sensation de le sentir s’enfoncer en moi. J’ai presque envie que le temps s’arrête, là, tout de suite, parce que je sais très bien que cette soirée ne devra pas se reproduire. Je ne tarde pas à me soulever pour aller et venir sur lui, tandis que ses mains m’accompagnent dans mes mouvements. Liam étouffe mes gémissements de ses lèvres et je souris de le voir si excité qu’il ferme les yeux et semble se concentrer pour tenir le coup. J’avoue que mon excitation doit être à un niveau quasi aussi élevé que le sien, je ne me fais d’ailleurs pas prier pour accélérer la cadence et je l’observe contracter les mâchoires alors qu’il glisse l’une de ses mains entre nous pour jouer avec mon bourgeon. Je poursuis ma recherche de l’orgasme et me déchaîne au-dessus de lui avec toute la discrétion dont je suis capable. Ou pas… J’espère que personne ne nous surprendra, mais à cet instant, je m’en fous comme de l’an quarante. Je vais et viens sur Liam et poursuis encore alors qu’il se déverse en moi en grognant d’une manière terriblement excitante qui accentue encore davantage le plaisir que me procure notre imbrication. Je ne tarde pas à jouir à mon tour tandis que ses doigts ne cessent de jouer avec mon clitoris et niche mon nez dans son cou en me sentant partir brusquement.
Je peine à retrouver mon souffle alors que je sens ses mains se promener dans mon dos. Un frisson me parcourt et j’ai du mal à identifier si c’est le plaisir d’être là, au creux de ses bras, sans me soucier de rien d’autre que de nous, ou si c’est la fraîcheur de cette nuit d’automne qui me tombe dessus et contraste totalement avec la chaleur qui habite tout mon corps.
— On rentre ? lui demandé-je finalement.
— Je ne sais pas, je crois que je te préfère en Harley Quinn, il y a plus de plaisir, on dirait.
— Tu viens de niquer toutes tes chances de remettre le couvert une fois à la maison, vilain, marmonné-je.
— Ah oui ? Parce que tu voulais recommencer ? J’avais peur qu’une fois rentrés, tu te remettes à ne plus céder à la tentation, murmure-t-il en déposant des bisous sur mes épaules et mon cou.
— J’ai froid, Liam. Il va falloir tenter le coup. Et… Je n’ai aucune envie de résister à la tentation, ce soir. Donc, on rentre ou tu comptes baiser un glaçon pour le reste de la nuit ? ris-je.
— On va rentrer, alors, Reine des Neiges. Et recommencer, parce que j’ai l’impression qu’à chaque fois, c’est un peu plus fort, plus intense…
— C’est l’effet Harley Quinn, il paraît, dis-je en me levant pour me rhabiller après avoir vérifié qu’il n’y avait personne.
Il a raison… L’intensité de nos étreintes est très déstabilisante. Le manque et la frustration semblent avoir un effet dingue sur ces instants rien qu’à nous. Peut-être qu’on devrait attendre encore un moment avant de remettre le couvert, finalement. Je devrais le frustrer et me frustrer par la même occasion. Ça en vaut vraiment la peine, même si nous nous retrouvons à faire l’amour dans un lieu public, à l’arrache, avec le risque de se faire surprendre. C’est trop bon pour s’en priver définitivement, non ?
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