122. Elémentaire, ma chère Becca
Sarah
Je m’étire comme un chat et me retourne pour que mon bras s’échoue sur le matelas froid. Il est si tard que ça ? En même temps, mon réveil affiche déjà dix heures passées. Liam ne m’a même pas réveillée en retournant dans sa chambre ce matin. Ça m’étonne que Jude ne soit pas déjà venue sauter sur mon lit pour que je me lève et vienne jouer avec elle. Ou que ma mère ne soit pas montée s’assurer que je ne suis pas morte. Enfin, elle boude un peu depuis notre conversation qui me tourne encore en tête. J’ai le terrible sentiment de la décevoir, et ça fait mal. Il va vraiment falloir qu’on se décide, avec Liam, de quand nous annoncerons la nouvelle à Jim et Maman. Et ça, ça me fout la trouille. En plus d’être une jeune femme enceinte de vingt-deux ans, pas mariée, qui n’a pas fini ses études et vit toujours chez sa mère, ce qui est déjà un sacré outrage, je vais être la honte de la famille. Ma mère ne va pas supporter le regard des voisins une fois que ça se saura. On a vraiment merdé, y a pas à dire. Malgré tout, je n’ai aucun regret. Cette relation avec Liam, aussi complexe soit-elle, m’apporte vraiment beaucoup. Sans compter ce petit bout de nous qui pousse dans mon ventre.
Je me lève finalement et enfile mon peignoir pour traverser le couloir et aller à la salle de bain. Je sursaute en tombant sur Liam en train d’essayer de dompter ses cheveux un peu trop longs devant le miroir.
— Salut, la Belle aux bois dormant. Bien dormi ?
Je ferme la porte à clé derrière moi et acquiesce en détaillant mon basketteur du regard. Il sort de la douche et, comme toujours, il est juste à croquer. Je me glisse entre lui et le lavabo et l’embrasse sur la joue tout en faisant courir mes doigts entre sa peau et sa serviette, la faisant chuter au sol, puis me retourne l’air de rien et commence à me brosser les dents. Son petit sourire dans le miroir a le don de m’exciter, presque autant que ses mains qui dénouent mon peignoir et viennent caresser mes cuisses. L’une d’elle se pose sur mon entrejambe tandis que l’autre remonte sur ma poitrine, et je sens Liam se presser dans mon dos. Se brosser les dents dans ces conditions devient vraiment compliqué, d’autant plus qu’il vient nicher son érection entre mes cuisses et se masturbe contre mon sexe déjà humide.
Je me suis à peine rincé la bouche que Liam me retourne dans ses bras et me soulève pour m’asseoir sur le rebord du lavabo. Il glisse un doigt en moi tout en m’embrassant avec ferveur, et je ne tarde pas à agripper sa hampe tendue pour le masturber. Le petit jeu ne dure pas bien longtemps, autant parce que nous semblons tous deux pressés de nous unir que parce que le temps est compté. Je l’attire plus près en enroulant mes jambes autour de ses hanches, et mon basketteur s’enfonce en moi d’une lente poussée tandis que j’attire sa bouche contre la mienne. L’étreinte est à la fois douce et passionnée, et je savoure les sensations qui m’assaillent de toute part. Celle de son membre viril qui va et vient en moi toujours plus intensément, celle de ses mains qui caressent ma peau et empoignent mes hanches, de son torse qui vient se presser contre ma poitrine sensible, de ses lèvres qui dévorent les miennes ou caressent ma peau.
J’étouffe ma jouissance dans son cou et me resserre autour de lui alors qu’il me prend avec vigueur, et il ne tarde pas à me rejoindre dans les étoiles, se déversant en moi en donnant ses derniers coups de reins. Je peine à reprendre mon souffle tandis que mon sportif glisse ses mains dans mon dos et me fait me pencher en arrière pour capturer mes tétons l’un après l’autre entre ses lèvres.
— J’aime bien les matins comme ça, moi, ris-je finalement en remontant mon peignoir sur mes épaules. Bonjour, beau Capitaine.
— La continuation normale de la nuit, ça met en forme, me répond-il en souriant. Bonjour à toi, jolie femme.
Je dépose un baiser sur ses lèvres et le repousse gentiment pour descendre du lavabo. Liam récupère sa serviette au sol et la dépose sur le rebord de la baignoire, mais un regard de ma part lui fait lever les mains en signe d’excuse avant qu’il ne la mette sur le porte serviette, me faisant sourire.
— Je suis déjà en train de te dresser pour être l’homme parfait, j’adore, me moqué-je en me passant de l’eau sur le visage.
— C’est juste qu’il ne faut pas contrarier une femme enceinte, tu sais. Parce qu’à part mon engin, je t’assure que tu ne dresses rien ! s’amuse-t-il à me répondre.
La sonnette de l’entrée retentit alors que je m’apprête à lui donner une tape sur l’épaule et je lève les yeux au ciel.
— Bien sûr, si ça te plaît de le croire, Chéri !
Je déverrouille la porte de la salle de bain et jette un œil dans le couloir avant de sortir. Je suis arrêtée dans ma progression vers ma chambre par la voix de ma mère venant d’en bas des escaliers, qui fait s’arrêter Liam juste au coin du mur. Moins une...
— Sarah ! Becca est là !
Effectivement, je vois la silhouette de ma meilleure amie derrière elle, toujours apprêtée comme une déesse alors que je suis à moitié échevelée, sans savoir si c’est à cause de mon réveil tardif ou de la partie de jambes en l’air dont je viens de profiter.
— Je m’habille, j’arrive.
J’attends de les voir disparaître et fais signe à Liam que la voie est libre. Nous regagnons chacun notre chambre, non sans avoir échangé un dernier baiser, et je me presse d’enfiler un legging et un tee-shirt avant de descendre. Becca me prend dans ses bras et me salue avant que je n’aille déposer une bise sur la joue de ma mère.
— Je vois que tu es déjà bien accueillie, souris-je en voyant un verre de jus de fruit posé devant elle et des cookies. Que me vaut cette visite ?
— On est toujours bien accueilli chez toi, Bichette. Je suis venue pour la présentation qu’on doit faire toutes les deux. Tu as oublié ?
— Je confirme, j’avais totalement zappé. Je viens de me lever, je suis crevée. Je me fais un café et on démarre ?
— Oui, vas-y. L’Apollon de la maison n’est pas levé ? Tu crois que je peux aller le saluer au saut du lit ?
Je lève les yeux au ciel et la laisse au salon pour aller me préparer mon café, mais Becca me suit, tout sourire.
— Il est debout, je l’ai croisé à la salle de bain. Il doit bosser sur ses cours, j’imagine. Ou te fuir, au choix, la taquiné-je.
— Me fuir ? Mais c’est n’importe quoi, ça ! Vu comment il kiffe mes seins, je suis sûre qu’il aimerait me croiser dans la salle de bain. Tu as trop de chance, toi, tu sais ?
Ah si elle savait à quel point j’ai de la chance, la pauvre. Je ne sais pas si elle m’envierait ou me tuerait. Un mix des deux, torture de vengance, peut-être.
— Ce n’est qu’un mec, Becca. Un mec bordélique qui laisse traîner ses affaires dans la salle de bain.
— Un mec avec un corps aussi athlétique qu’Abdul et une touche de charme en plus, j’aimerais trop être à la place de sa copine, sourit-elle en regardant la pile de magazines sur le comptoir au milieu de la cuisine. Tiens, qui c’est qui est intéressée par des revues sur la maternité ? Ta mère est en cloque ? se marre-t-elle.
Merde, ma mère m’a ramené ça hier et je n’ai pas pensé à les monter dans ma chambre. Je tente de garder un air serein et bois une gorgée de mon café pour me donner du temps.
— Manquerait plus que ça, tiens, souris-je. Quoique ça expliquerait la rapidité du mariage, non ?
— Ah non, ne me dis pas que c’est Liam qui a engrossé sa copine, quand même ! Mais non, si c’était le cas, elle serait ici et tu m’aurais dit si tu l’avais vue, je crois, continue-t-elle, songeuse.
Elle est ici et je la vois chaque fois que je me regarde dans le miroir. Mais je vais m’abstenir de balancer ça à la commère du campus.
— Liam n’a ramené aucune nana à la maison, non. Au fait, tu as trouvé ta robe pour le mariage, j’espère ? lui demandé-je pour tenter de changer de sujet.
— Ma robe ? Oui, pas de souci, et toi, les ajustements ont été faits ou tu as reperdu du poids ? commence-t-elle avant de s’interrompre et de me regarder avec un air perplexe. Sarah… Ne le prends pas mal, mais… C’est pas toi qui es enceinte, quand même ?
— Quoi ? Qu’est-ce qui te fait dire ça ? lui demandé-je d’une voix plus fébrile que je le souhaiterais.
— La prise de poids, les magazines… Tu as pris un jus d’orange la dernière fois alors qu'on était tous à la bière… Tout concorde ! Bichette, c’est qui le Papa ? Petite cachottière ! s'écrie-elle en plissant les yeux.
Me voilà dans la panade, là. C’est le moment que choisit Liam pour entrer dans la cuisine, et je me dis que Becca devrait être un peu déconcentrée, ce qui pourrait me sauver la mise. J’ai presque envie de supplier mon basketteur de lui faire un strip-tease au beau milieu de la pièce pour que toute l’attention qu’elle me porte disparaisse.
— Tu devrais penser au métier de détective, Bichette, ris-je nerveusement. La concordance est en effet plutôt logique, bravo.
— Détective Becca ? nous interroge Liam qui se demande ce qu’il se passe alors qu’elle ne me quitte pas des yeux.
— Purée, j’en reviens pas… Tu… Vas le garder ? me demande-t-elle encore abasourdie de ce qu’elle est en train de comprendre.
— Ah, je vois, fait Liam, inquiet. Vous voulez que je vous laisse ?
— Non, non, tu peux rester, soupiré-je en attrapant le premier magazine sur la pile pour le feuilleter. Et oui, je garde ce bébé, Bec. La décision a été difficile à prendre, honnêtement, mais… C’est comme ça. A moi la maternité, les nausées, les kilos en trop, et tout le tintouin.
— Mais tu es folle ! Et tes études ? Tu vas aller vivre avec le Papa ? J'en reviens pas que tu ne m'aies même pas dit que tu étais en couple !
— Je ne voulais pas l’annoncer trop tôt, on ne sait jamais… Et puis, pour le reste, marmonné-je en jetant un œil à Liam alors que je m’apprête, encore, à mentir. Disons que je vais me débrouiller comme une grande, et que la famille sera là en cas de besoin.
— J'espère que toi aussi, tu vas l'aider, lui demande Liam. Nous, en tous cas, on la soutient.
— Tu vois, tout roule, souris-je en me glissant sous le bras de mon basketteur. J’ai un petit frère du tonnerre, et Jim et ma mère sont là. Ne manque que mes meilleurs amis pour être cent pour cent rassurée !
— Purée, je n'en reviens pas, là. Ma meilleure amie va être maman… Dis, le bébé, il pourra m'appeler Tata ? s’enthousiasme-t-elle en venant se coller à nous. Tu es folle, ma Puce, mais je suis trop contente pour toi !
— Tatie Becca, pauvre gosse, pouffé-je en la serrant contre moi. tu gardes ça pour toi, hein ? Evan n’est pas encore au courant.
Oui, j’en profite pour l’éloigner un peu de Liam, je plaide coupable. Même si je suis touchée par son soutien. En revanche, je ne sais pas si je pourrais confier notre Têtard aux bons soins de sa Tata Bec… Je crois que ça me ferait flipper. Elle est trop folle, ma meilleure amie. Je n’ose imaginer sa réaction quand elle apprendra que le père de ce bébé n’est autre que son gros crush de l’année… Fini Tonton Liam, bonjour Papa Liam. Elle va me détester, je crois.
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