141. Vachement mieux chez soi
Liam
— Liam, tu ferais mieux d’aller en cours, on peut aller chercher Sarah, tu sais ?
— Mais non, Daddy, je vais y aller. Dans la vie, il y a des priorités et clairement, je préfère aller m’occuper de la femme que j’aime plutôt que d’assister à un cours de marketing où je ne vais rien apprendre d’utile.
— J’avais posé ma journée pour ça, tu sais ? C’est dommage…
— Daddy, c’est vraiment important pour moi. On va pouvoir s’afficher ensemble maintenant que tout le monde est au courant. Et ça sera notre première sortie en tant que couple, c’est quand même quelque chose… Tu comprends ?
— Je comprends, Fils. Mais tu comptes y aller avec ta moto ? sourit-il. Il va peut-être falloir que tu investisses dans une voiture, non ?
C’est vrai que je comptais y aller avec la voiture de Sarah, mais vu l’état de la bagnole, ça ne va pas être possible.
— En attendant que moi aussi je me marie avec une riche héritière, tu me prêtes tes clés ? demandé-je en souriant.
— Bien sûr, rit-il. Prends-les. Et préviens-moi quand vous comptez vous marier, hein ? Ne faites pas ça en cachette à Vegas. J’imagine mal Sarah vouloir être mariée par Elvis, remarque.
— On va faire un effort et patienter alors. Le King aussi attendra. A tout à l’heure, Daddy.
Sur la route de l’hôpital, j’ai dans la tête la chanson du célèbre rocker “Love me, tender” que je chantonne tout le long du trajet. Quand j’arrive dans la chambre de Sarah, celle-ci est déjà prête et habillée de son gros manteau.
— Eh bien, on dirait que tu t’ennuyais, ici !
— J’en peux plus d’être ici. J’ai hâte d’être à la maison, même si je sens que je vais galérer avec les escaliers. Je veux juste retrouver ma chambre, mon lit, et mon basketteur pour me réchauffer la nuit.
— J’espère que tu sauras quand même t’accrocher à moi sur la moto pour le chemin du retour. Sinon, tu risques de te casser l’autre jambe et revenir ici plus vite que prévu !
Je mens effrontément, juste pour voir sa réaction qui ne se fait pas attendre.
— Attends, tu rigoles ? T’es venu en moto ? Déjà que je ne voulais plus monter dessus avec le Têtard, tu crois sérieusement que je vais rentrer en moto ? Tu plaisantes, rassure-moi ?
— Bien sûr que je rigole, mais comme une certaine demoiselle a détruit son carrosse, il a fallu que j’emprunte celui de mon père, la honte ! ris-je en attrapant son petit sac.
— T’es pas drôle, Capitaine, j’ai eu peur de rester une heure de plus à cause de toi, marmonne-t-elle en se levant après avoir attrapé ses béquilles.
— Ah non, tu ne restes pas une minute de plus ici, j’ai trop envie de te ramener à la maison . En route, Sweetie.
Je l’enlace alors en faisant attention à ne pas la faire tomber et l’embrasse comme si c’était la première fois. Ça l’est d’une certaine façon car nous n’avons plus à nous cacher et ça change tout.
— Rentrons à la maison alors. Est-ce que tu as parlé à Jude, déjà ? Ou les parents l’ont fait ?
— Jude… soupiré-je, je lui ai juste dit que tu rentrais et que tout allait bien. Je ne crois pas que ça lui pose de soucis de toute façon.
— D’accord, Capitaine. J’ai hâte de voir son dessin, sourit Sarah en me donnant un petit coup de béquille sur les fesses. Allez, Taxi, à la maison !
— Vous n’oublierez pas le pourboire, ma p’tite Dame !
Nous prenons le chemin de la maison, et Sarah ne lâche pas ma main de tout le trajet. J’ai un peu l’impression qu’elle est stressée pour ce retour, mais elle ne dit rien. Je l’aide à descendre une fois arrivés et elle me remercie d’un baiser. Ce n’est pas grand-chose, c’est rapide, mais le simple fait qu’on puisse le faire comme ça, à la vue de tous, me remplit d’une joie indescriptible.
Je lui porte son petit sac et me conduis en parfait gentleman en lui ouvrant les portes, en lui donnant mon bras et en l’aidant afin qu’elle ne se fasse pas à nouveau mal. Daddy et Vic sont là aussi à l’accueil et viennent embrasser Sarah quand nous pénétrons dans le hall.
— On est quand même vachement mieux chez soi, sourit-elle en enlaçant sa mère.
— Oui, ma Puce. Ça fait du bien de te retrouver ici. Et tu ne nous fais plus jamais de peur comme ça, hein ? lui conseille Vic.
— C’est pas au programme, je vais retrouver mon lit et ne pas en sortir avant… Je sais pas, une éternité !
— Je viens avec toi, ça ne me dérange pas d’y rester une éternité avec toi, souris-je. Ça ne te dérange pas si je viens m’installer avec toi dans ta chambre ?
— Heu… Bien sûr que non, ça ne me dérange pas. Au contraire, me dit-elle en jetant un œil à sa mère.
— Alors, il va falloir que tu me fasses un peu de place dans tes armoires, Sweetie. Parce que je compte désormais faire comme chez moi.
— Eh bien, bon courage, rit Vic. Vu toutes les fringues dans son dressing, ça promet.
— Oh ça va, Maman, arrête de te moquer. Va falloir que tu m’aides à faire du tri, tu feras moins la maligne !
— On n’aura qu’à mettre tout ce dont tu ne veux pas dans la chambre de Liam et le tour est joué. Facile, hein ?
— Oh ben non, il va falloir une chambre pour le Têtard. Et l’armoire qui va avec enfin !
— Ah oui, c’est vrai, s’enthousiasme Vic. Maintenant qu’on a une chambre de libre, on va pouvoir l’aménager et en faire un vrai repère de princesse ! Ou de petit prince !
— J’ai envie d’une chambre plutôt neutre, tu sais ? Je te montrerai les meubles que j’ai vus, j’ai trop hâte de décorer sa chambre.
— Ah oui, tu as déjà regardé ? Moi aussi, j’ai vu des petits trucs pour décorer, même si je n’avais aucune idée où on allait mettre le berceau. Si tu veux, on pourra récupérer celui de ta grand-mère.
Daddy et moi les regardons échanger, amusés et sans oser les interrompre alors que Sarah monte péniblement les escaliers.
— J’ai encore toutes mes affaires dans la chambre, dis-je. Il va falloir me laisser un peu de temps pour la vider, si vous voulez en faire une chambre de bébé.
— Un peu de temps ? Très bien, mais ne traîne pas trop quand même, il ne me reste que quelques jours avant de retourner à l’université, moi.
— Tu comptes tout aménager dans les prochains jours ? m’étonné-je en l’aidant à s’installer sur son lit pendant que Daddy dépose son sac à côté de nous.
— Non, pas forcément. Mais j’espère bien que tu comptes emménager dans ma modeste demeure avant d’avoir fini de débarrasser ta chambre.
— Tu sais, moi, je prends deux, trois trucs et j’ai emménagé, hein ? Ce n’est pas comme si je n’avais pas déjà mes petites habitudes ici, dis-je alors que nos parents échangent un regard signifiant sûrement leur étonnement à ne rien avoir vu avant.
— Bien, parce qu’il va falloir que tu tries tes fringues, je n’ai pas beaucoup de place dans mon dressing, me dit-elle avant de me tirer la langue.
— Bon, on vous laisse les jeunes. Pas de bêtise, nous interrompt Daddy. Enfin, pas plus qu’avant, je veux dire.
— A plus, Daddy !
J’enlace Sarah et l’embrasse sans attendre qu’ils soient sortis. Elle m’attire contre elle et je me retrouve entre son plâtre et son gros ventre, un peu coincé afin de ne pas la blesser, mais je suis heureux de me retrouver à nouveau dans ses bras, de sentir son corps chaud sous le mien, une main sur son ventre pour éviter de l’écraser totalement. Tout à coup, je sens un mouvement et un petit coup contre ma main.
— Oh ! Le Tétard me fait coucou, je crois !
— Je crois qu’il est content de te voir, sourit Sarah. Je lui ai promis de ne pas me plaindre, même s’il décide de faire la fête là-dedans… Je crois que je préfère ça à son calme olympien.
— Oui, c’est sûr, il sera sportif comme son père. Un vrai pro comme je le serai après le Draft cette année…
Nous restons un moment enlacés comme ça alors que mes pensées vont vers la sélection qui aura lieu bientôt et tout ce que cela va impliquer. C’est alors qu’une pensée traverse mon esprit.
— Au fait, j’y pense. Ça ne sert pas à grand-chose de préparer une chambre pour le bébé, parce que je vais sûrement partir loin d’ici si je suis retenu lors du Draft… Et tu viendras avec moi, non ?
— J’imagine, oui… Je ne vais pas rester ici si tu pars. Même si je voulais bosser dans la boîte de mon père, je ne me vois pas à des heures d’avion de toi. C’est la meilleure chose à faire pour nous, et pour le futur sportif.
— Tu ne pourras pas travailler à distance ?
— Je ne sais pas, j’en discuterai avec ma mère. On verra bien, je n’ai pas trop envie de penser à tout ça, pour l’instant. L’essentiel c’est nous trois. Enfin, nous et la demi-portion.
— Le Tétard a bien grandi, déjà, le voilà à la demi-portion ! Ca me fait tout drôle de penser que bientôt nous serons trois et que nous pouvons nous afficher comme deux futurs parents, pas pour toi ?
— Si, ça fait bizarre. Mais c’est aussi un poids en moins qui soulage. Tout ça, c’était beaucoup trop de stress, on va enfin pouvoir respirer et tout vivre à cent pour cent.
— Là, tu sais ce que j’ai envie de vivre à cent pour cent ? demandé-je en posant mes mains sur ses seins.
— Quel obsédé, rit Sarah avant de m’embrasser. Je suis à moitié cassée de partout et tu penses à ça, vraiment ?
— Avec toi, je ne peux penser qu’à t’aimer, Sweetie. Tu es si belle, même quand tu es toute cassée.
— Mes mouvements sont quand même limités, il va falloir faire preuve d’inventivité. Et y aller en douceur, si tu veux vraiment m’aimer, comme tu dis. Deal, Capitaine ?
— Deal, Sweetie.
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