• Bonjour mon Roi.

Je me réveille tous les matins sous elle, la plus belle fille de la planète, comme sa mère l’est sans doute aussi. On se reconnecte pour réveiller nos corps. Je la sens un peu tendue. Ses rôles sont de plus en plus important à l’Opéra. Son but est de finir en danseuse étoile de ballet dans deux ans. Mais ma mère veut me laisser la Couronne. Clémence sera donc Reine avant ça.

Je suis Spencer, fils de la Reine Frances qui a eu sa Couronne de sa mère Charlotte, la petite fille de Diana Frances Spencer. Mon père est Gabriel, fils du pasteur Patrice et la la pharmacienne Natacha.

Greta a traversé nos vies. Elle a d’abord volé Gabriel à Frances et elle a enfanté son Isa Love. Elle s’est fait prendre son Gabriel par Sœur Nathalie, ils se sont installés à la Maison Bleue à Laguna City, c’est là que j’ai que Greta m’a séduit. Et plus tard, Clémence est venue m’enlever à elle.

• Bonjour ma Reine.

Clémence est la fille de Victoria, fille de Émilie Raymond et Vivien Virein. Le père de Clémence est Clément, un agent reproducteur choisi par Émilie. Elle ne se sent en paix avec aucune branche de son ascendance. Mais avec moi elle se sent elle.

• Ta Greta vient de donner naissance à sa Mona-Lisa, ma cousine.
• On va passer les voir.

Mais avant j’explose encore en elle, ma belle que je vais faire Reine.

*

À la Caserne, Greta rayonne, comme d’habitude. Son regard a changé. On dirait qu’elle regarde pour deux maintenant, avec son petit bébé dans les bras et son sourire de Joconde. On arrive à avoir un moment seul à seule.

• Greta, je suis heureux pour toi. D’ailleurs, j’ai toujours été heureux avec toi.
• Moi aussi Spencer. Tu es avec la plus belle maintenant, une Reine.
• Notre Reine. On est dans la même famille toi et moi maintenant. Belle maman. Avec mon père tu as fait ton Isa Love. Avec Victor, ta Mona-Lisa. Entre les deux, pourquoi tu étais avec moi ?
• J’étais avec toi par péché capital, pour moi, pour toi, pour nous. Et ça a été merveilleux. Il n’y avait pas besoin de plus. Juste toi et moi. Tu es irrésistible Spencer, parce que tu es le Roi, parce que tu es le fils de Gabriel que j’ai tant aimé, parce que tu es le fils de Frances et de tout ce qu’elle t’a transmis. La liste est longue.

Elle pose Mona-Lisa dans son berceau. Je lui mets la main sur la joue, je l’embrasse sur la bouche et je pose mon front contre le sien :

• Tous mes vœux avec ta Mona-Lisa. Je t’aime, Greta.
• Je t’aime aussi Spencer.

Elle me prend la main et elle serre. Je la prends dans mes bras et je l’embrasse dans le cou. Je me recule ensuite pour mieux la regarder.

• Tu es … encore mieux comme ça.
• Je te plais, hein ? Moi aussi. J’ai enfin une vraie poitrine et des vraies hanches.
• Il ne doit pas s’ennuyer.
• Il regarde déjà ailleurs.

Elle me lâche les mains parce que les autres reviennent, et elle reprend son bébé et me regarde avec envie en me faisant un clin d’œil. Mais ce n’est qu’un jeu. On a dépassé tout ça. On en a assez profité ensemble pour ne pas avoir à risquer de s’abîmer ensemble. Et elle sait que Clémence est plus forte qu’elle en moi.

*

• Pourquoi ta mère tient-elle tellement à se libérer de la couronne ?
• Pour la même raison que sa mère à elle. Elles n’y étaient pas destinées. Tous les mâles ou presque sont morts à la fin de l’humanité sur Terre. C’est la Nature qui est coupable. Un virus. Elles veulent que la Couronne reprenne sens sur moi, ici. Moi, le résultat de la royauté et de l’Invisible, juste au moment de la B4. C’est comme si toutes les univers étaient en résonance. Mais moi, ce que je trouve le plus magique dans tout ça, c’est de faire de toi une Reine, ma Reine.
• Et dire que je ne suis que la fille d’un agent reproducteur et de la fille névrosée d’un dictateur. Je ne te mérite pas.
• C’est moi qui ne te mérite pas. Tu es aussi la fille de Victoria. Elle-même la fille de Émilie. La plus belle, la plus pure des lignées. N’en doute jamais, Clémence.
• Peut-être, mais pour l’instant, là, maintenant, je veux que tu me prennes par derrière et je veux te sentir t’agiter dans mon fondement.
• Je ne sais pas si c’est très judicieux juste avant ta répétition. Tu risques de ne plus danser très droit.
• Tu me respectes trop mon Roi. Tu m’idéalises.
• Non Clémence, tu es, idéale.

*

Greta m’envoie des images mentales. Je ne sais pas si elles sont réelles ou non mais elle me fait rire avec son regard comique et le caractère cru des propos :

• Le jour de mon accouchement, il veut déjà repasser par devant.

C’est de la provocation. Je passe par la technologie pour lui répondre. Appel audio sur mon mono :

• Ça va Greta ?
• Depuis que tu es bientôt Roi, je t’envisage à nouveau.
• Depuis que tu es devenue une si belle maman, moi aussi.
• Avec Clémence, vous êtes si beaux, vous êtes si jeunes, je me verrais bien jouer entre vous.
• Bonne chance pour la séduire alors. On en reparlera quand elle aura la lettre G en pendentif autour du cou, comme toutes tes… copines.

Elle soupire, je l’entends gémir aussi, elle se prélasse.

• Mmmmhh…
• Haut les mains Greta, tu fais quoi là ?
• Je me détends. J’ai eu une dure journée. Je n’ose pas m’endormir, Mona-Lisa regarde mes rêves. Elle devrait plutôt se concentrer sur son destin avec sa B5, ça va pas être simple de surpasser la 4. Spencer, tu me laisses entrer dans tes rêves cette nuit ?
• Surtout pas, je n’ai pas envie de réveiller Clémence en criant ton nom. Et puis elle et moi on s’endort connectés, on est l’un dans l’autre et pas ailleurs.
• Alors bonne nuit Spencer, bisous, à bientôt ?
• Bisous Greta, du är en så vacker själ.

Elle rit. Elle embrasse son mono pour me dire au revoir et elle coupe la com.

*

À l’Opéra je la croise après le spectacle dans la salle de réception du Restaurant.

• J’avais senti que tu étais là, mais je ne savais pas si c’était dans ma tête ou dans la salle.
• Ça fait du bien de pouvoir bouger un peu.
• Et Mona-Lisa ?
• Elle a plein de nounous volontaires.
• Et Victor ?
• Il est resté, je crois qu’il drague l’une d’entre-elles.
• Ma pauvre petite Greta, si belle et toute seule.
• Mais non tu es là toi.
• Mais on a déjà eu notre histoire, Greta.
• Oui et c’était pas mal, non ? Mais bon, je comprends, tu t’en es beaucoup mieux tiré que moi, depuis. Et on ne va pas gâcher ça. Maintenant tu es le Roi, et tu as ta Reine.
• Et toi tu as ta Mona-Lisa d’un côté et ton Isa Love de l’autre.
• Il en manque une pour faire un triptyque. Qu’est ce que tu en penses ?
• Je ne vois pas comment tu pourrais faire mieux. Maintenant c’est à elles de prendre la suite. Tu as le droit à un peu de repos.
• Une année sabbatique. Une décennie ?
• Une ou deux générations plutôt.
• J’ai passé quoi, trente ans avec ton père mais en fait, Spencer, c’est toi qui m’a le plus aimé.
• J’ai fait de mon mieux.
• Tu le fais encore. Et Clémence ? Je sais, elle a bien de la chance.
• On le savait que c’était très fort entre toi et moi, tu te souviens ?
• J’ai l’impression que c’est plus qu’un souvenir. It was just, such our beautiful story.
• It was ?
• You right. It is.

Et on sourit. Et on est heureux. D’avoir vécu notre Amour.

• Pourquoi on n’a pas eu de bébé ?
• Je n’étais pas avec toi pour ça. Tu n’étais pas planifié dans mon destin. Je pensais que c’était fini, que Isa Love allait gérer ses sœurs. Tu étais une sorte d’aboutissement, de récompense.
• Et tu marquais une fois de plus ton territoire contre la Couronne. Après avoir pris le Roi de Frances, tu lui as aussi pris son Prince.
• Vu comme ça, j’étais une méchante déesse. J’ai eu de la chance de ne pas avoir eu le même traitement que Vivien.
• Tu as sauvé ce qui restait de l’Humanité même si tu as vécu tout ça comme un échec. C’est vrai que perdre une planète ce n’est pas vraiment une victoire. Mais c’est ton aura qui a fait la différence. Et tu rayonnes d’Amour. C’est ton savoir être. Sans t’abaisser à trop utiliser l’Invisible. En restant à l’écart de la religion. Et sans parvenir à te lier à une Couronne que tu as sauvée aussi.
• Je n’avais pas le choix. Il fallait préserver le meilleur. Maintenant nos deux lignées, la tienne, hybride royale, et la mienne, hybride locale, ont tous les outils pour construire ensemble la civilisation de demain.
• Greta, qu’est ce que tu vas devenir ?
• Juste une maman aimante pour ma Mona-Lisa pendant que toi tu es un Roi qui chérit sa Reine.

Je lui tends mes mains et les saisit. On s’efforce à ce que ça ne paraisse pas trop affectif. Mais ça l’est, dans nos cœurs et dans nos esprits mais également dans nos regards l’un pour l’autre où nos âmes s’admirent. On reçoit en même temps un message privé sur nos monolithes. Ça permet de nous sortir de ce moment magique. On regarde. C’est une image. De nous. Coralie vient d’immortaliser l’instant.

• Tu as vu comme tu es belle, c’est magnifique.
• Tu attends Clémence ?
• Non, elle me rejoint plus tard à la maison comme d’habitude. J’essaie de ne pas trop interférer dans sa vie d’artiste.
• Alors on a un peu de temps, j’ai ma soirée aussi. Tu veux bien être mon cavalier ?
• Je ne vais pas te laisser seule et vulnérable. Je dois te surveiller et prendre soin de toi. Et je ne me rappelle plus la signification de ton expression terrienne. Cavalier, c’est du S ?
• Oui je pense que c’était employé à double sens. En fait, j’ai besoin de toi. Je dois ranger quelques affaires dans ma suite au Palace, il y en à toi dedans, tu veux bien venir m’aider à trier ? Ce sera notre alibi. Je dois te rendre des trucs.

Elle me prend par la main et on sort, on y va. Elle me fait rire. Elle m’envoie plein de signes de séduction. Des regards. Sa façon de bouger, de se placer par rapport à moi. Elle se met sur mon chemin. Je la pousse, je la taquine. On joue. Et je découvre sa suite somptueuse. Mon regard s’arrêter sur un piano.

• C’est le nôtre, tu l’as apporté ici. Mais tu ne sais pas jouer.
• Non, c’est juste un meuble dans le décor. Un repère, une balise dans nos souvenirs.

Je m’installe, je l’ouvre et je commence à jouer une mélodie très lente, nostalgique. Elle se place derrière moi, ses mains sur mes épaules. Et elle se baisse pour m’embrasser les joues, le cou puis elle s’installe à côté de moi et pose sa tête sur mon épaule. J’arrête de jouer et je la regarde. Je suis subjugué par la force et l’intensité de son regard. Elle m’hypnotise ? On va dire ça… Et on s’embrasse.

• Greta, j’ai du mal à comprendre ce que tu veux me dire.
• Spencer, dis-moi ce que tu ressens et je préciserai.
• Je ressens que tu veux me guider. Je ressens que tu es sincère dans ta démarche. Tu ne veux que mon bien. Tu n’attends rien de moi. Tu es désintéressée, juste bienveillante. Et tu es triste de me voir ainsi, désœuvré, dans l’ombre d’une Clémence bien trop forte et trop jeune pour en être digne et responsable. Tout le monde s’en doute mais personne n’a été témoin de ta vraie puissance, Greta, et c’est tout à ton honneur. Tu pourrais m’utiliser pour brider Clémence, l’orienter mais tu as un profond respect pour moi et tu veux que je garde mon intégrité, ma dignité. Tu as sauvé et tu respectes la Couronne, Charlotte, Frances et moi.
• Spencer, il y a différents pouvoirs : la science, la politique, la religion et l’Invisible. Ça ne suffit pas. Il en faut un cinquième. Toi. Frances a bien préparé les choses avec la Principauté et le Vatican sous la main pour gérer cette science qui nous définit. Et tu fais de la politique avec Clémence qui est reliée à l’Invisible et à la Couronne, toi, le cinquième pouvoir qui relie les quatre autres.
• Greta, c’est toi qui relie tout, avec moi.
• Je te passe la main. À toi de jouer.

Je la prends dans mes bras :

• Pour l’instant, j’ai juste envie de rejouer avec la nouvelle Greta.
• Je viens d’accoucher, je ne suis pas encore opérationnelle. Mais je peux te satisfaire avec ma bouche et tu peux marquer ton territoire dans mon séant.
• On se met en danger avec Clémence. Elle va tout savoir.
• Elle va tout savoir et elle va comprendre où est sa place et où est la tienne.

Et elle se baisse en restant connectée à mon regard hypnotisé, et quand je suis prêt elle se retourne et se cambre pour terminer notre cérémoniale cérémonie.

*

Quand je rentre à la maison, Clémence est en pleurs. Elle s’essuie le visage et vient me serrer dans ses bras :

• J’ai eu peur que tu ne rentres pas. Je t’aime Spencer. J’ai besoin de toi.
• Je ne te quitterai jamais ma Reine.
• Je sais que tu n’es pas à moi. Je t’ai pris à Greta. Si tu es là c’est qu’elle veut bien partager.
• Il est temps d’aller la voir, tout sera plus clair, ton esprit et ton cœur sont tourmentés.
• Mais c’est Greta, on sait comment ça va finir. Elle va me noyer de son Amour.

En fait je ne suis qu’un pion entre elles. Ce sont à elles de décider pour moi. Il faut que je trouve ma voie. Mon père Gabriel n’a rien à me dire. Ma mère Frances, elle est trop Reine. Quel genre de Roi vais-je être ?

*

• C’est à toi de voir, mon fils.
• Je ne me vois pas, ici en Principauté. Plutôt à Sylvania.
• C’est déjà moins vulgaire que Laguna.
• En plus il va y avoir une belle Cathédrale. Par dessus le Jourdain. Très ostentatoire.
• Et comment ça se passe avec Greta ?
• Elle me laisse vivre ma vie. Mais elle sera toujours là. Comme une… mère ?
• Que je n’ai pas été. Toi tu es un bon fils. Tu es au centre du cyclone alors tu ne t’en rends pas compte mais tu es le lien entre toutes les forces. La Couronne a besoin d’un Roi comme toi. Et tu as besoin d’une Reine comme elle. La Clémence de Dieu. Elle est forte. Et elle est bien entourée. Par Greta, à travers toi, par Énola et Maëlle. La formule magique se dessine. Et tu en es l’équation.

*

Deux jours après la naissance de Mona-Lisa, Greta se rattrape en sorties sociales et on se retrouve au Grand Restaurant du Palace, on s’est fait beaux pour l’occasion, elle est resplendissante, désirable, sensuelle comme jamais.

• Je me sens libérée, dans tous les sens du terme. Et il se passe quelque chose de bizarre, j’ai la sensation que Mona-Lisa me rejette, qu’elle se sent libre aussi, elle vit déjà sa propre vie, ça promet. Elle refuse même de boire mon lait sacré de terrienne. Est-ce que tu pourras me vider tout à l’heure ?

Je manque de m’étouffer. Mais plus tard dans sa suite je la soulage.

• C’est drôle, Frances m’a fait comprendre que tu étais une sorte de mère pour moi. Je ne savais pas que j’allais jusqu’à boire ton lait.
• Spencer, tu me parles de ta mère alors que tu es en moi. C’est un signe. Tu crois qu’on peut l’inviter dans notre couche ?

Je manque de m’étouffer. Et elle rit.

• C’est une blague, hein ?
• Non, tu me chatouilles, refais-le, fais moi vibrer mes robinets.

Et elle rit tellement que je lâche aussi mes fluides en elle avant de m’évanouir de plaisir.

*

• Clémence, je vais être un bon Roi.
• Spencer, je vais être ta bonne Reine.
• Pour sûr, tu l’es.
• Et quel est notre Royaume ?
• Il est, il est dans l’Invisible.
• Bien, ce sera plus facile alors.
• Plus facile ?
• De traiter. Avec les anges.

Elle a déjà trouvé son rôle. Et le mien est simple : l’accompagner.

*

• Alors, Gabrielle, qu’est ce que tu en penses ?
• Je ne pense pas, je suis…
• La conseillère ésotérique de la Reine mère. En as-tu un pour moi ? À part trouver ma voie.
• Pas un conseil, juste une remarque. Il faut du courage pour accepter ce poste.
• Je n’en ai pas eu assez pour le refuser. Heureusement, il n’implique rien. Aussi je vais aller le vivre de l’extérieur, au cœur de l’action.
• Soit prudent. Avec Clémence. C’est une classe 2. Elle est plus forte que moi. Un peu plus forte aussi que Greta. Heureusement que c’est la Clémence de Dieu.
• Gabrielle, tu fais quoi après l’abdication ?
• Je reste conseillère ésotérique de Sa Majesté.
• Autrement dit, moi ?

Elle ne dit rien. Elle s’impose ou elle attend que je m’impose ? J’ai bien fais de poser la question. Elle doit y répondre, réagir.

• J’ai hâte de revenir à Sylvania.
• Gabrielle, ça marche dans les deux sens. Tu peux tout me dire aussi.
• C’est un peu tendu avec Ulysse. On ne se comprend plus. Ça me fera du bien de m’éloigner un peu de la Principauté. Alors on va parler, beaucoup, on va devenir proches, très proches, et on sera heureux. Toi dans ta vie de couple avec la reine Clémence et ta mère spirituelle et sexuelle Greta qui veille, moi libre en dehors du schéma de couple ou de famille avec mes activités culturelles et occultes avec toi.
• O...cultes ?

J’arrive à la faire rire.

• On va bien s’amuser.

*

Ce soir j’ai enfin Clémence pour moi.

• Je suis très demandée et très occupée.
• C’est normal, tu es belle, tu es talentueuse, tu es une Reine déjà plus populaire que son Roi et c’est tant mieux, de moi on n’exigera rien. Tu en es à ta première vie et tu as déjà tout. Est-ce que je saurai te satisfaire ?
• Ne cherche pas d’excuse, je ne vais pas te laisser me quitter. Je suis une jeune de ma génération, je suis prête à tout accepter et je ne suis pas là pour te brider dans tes fonctions ou dans tes relations. Pas de conflits, que de l’Amour. On est condamnés à ça. Tu as de la chance de m’avoir, c’est pas avec tes terriennes que tu vas vraiment progresser. Elles ne sont pas une menace pour moi. Et je suis plus forte.
• Me voilà cerné. Par une Cour qui se dessine.
• On va prendre notre temps Spencer. On a toute l’éternité. Pas d’échéance à respecter. Et on va le faire avec positivité, seulement avec de bons sentiments. La vie est trop longue pour se haïr. L’humanité de la Terre, c’est fini. Bienvenue sur la planète Cœur.
• Me voilà cerné. Par des anges de l’Invisible.
• Bienvenue dans ton Royaume.

*

Avec Clémence, Gabrielle et Greta, j’ai une muse, une mage et une mère. La première m’inspire, la deuxième m’expire et la troisième m’aspire.

• Un Roi a ses sujets. La science ne leur suffit plus. Ils exigent l’Invisible. Et je suis le représentant de leur spiritualité. Alors que je suis tout sauf spirituel.
• Il n’est plus question d’esprit. Il s’agit de leurs âmes. Tu dois sauver leurs âmes et à part Dieu ou Déesse, qui le pourrait ? Là ils ont un Roi à qui scander : S.O.S. Save our souls.
• Nathalie, tu es peut-être devenue Mère Supérieure mais à l’Ouest vous êtes has been. C’est à l’Est the place to be. Il s’y construit une Cathédrale qui marche sur l’eau bénite du Jordania.
• Moi j’ai ma Maison Bleue et sa Piscine. Elles ont fait des miracles. Tu en as vécu un.
• Avec encore Greta, elle est partout, comme Dieu.
• Elle ne peut pas mourir. Elle ne peut pas disparaître non plus. Elle sera toujours en nous. Et on est là grâce à elle.
• Et Alice.
• Alice est au début et à la fin de l’histoire de Greta. Mais Alice n’est qu’un produit de Vivien, tout comme Greta. Et tu as choisi comme Reine la petite fille de Vivien, la fille de Victoria.
• Non, c’est elle qui m’a choisi. Clémence. Ce sont les filles qui décident.
• Bien vu, mon Roi.

Et quand je sors je regarde l’inscription au dessus de la porte. « Allez vers l’autre dans l’amour. » Je rentre à la maison rejoindre ma Clémence de Dieu.

*

• Greta, qu’est ce qui se passe ?
• On est rentrés dans une nouvel ère. Il va se passer une éternité avant que les projets ne se réalisent. Ton couronnement et celui de Clémence vont avoir lieu dans l’East Cathedral qui n’est pas encore construite à Sylvania, sur le Jordania comme un pont entre les deux rives. C’est comme si Mona-Lisa avait ralenti le temps qui passe. Nous aussi on doit ralentir. Il ne faut pas qu’il se passe trop de choses trop vite. Et l’Invisible est comme un nouveau sens, celui de voir l’avenir en restant planté dans un présent qui n’avance pas vite. On nous impose un nouveau rythme.
• Et pour la B4 ?
• On est aveugle là-dessus sans Adé. Mais il reste plusieurs centaines de pages à écrire encore.
• Et toi, comment tu te sens ?
• Ça fait seulement 4 jours que j’ai mise basse mais je me sens déjà à nouveau opérationnelle.

Et elle soulève sa jupe et écarte les cuisses. Je ne me fais pas prier, je baisse mon pantalon et je vais au contact frotter ma panse contre la sienne.

Elle rit de mes chatouille puis commence à fermer les yeux et respirer plus fort. Elle s’arrête de temps en temps pour reprendre ses esprits et parler :

• J’ai des envies étranges, comme celle de m’éloigner de Mona-Lisa. Comme si elle risquait de me consumer. Je dois me préparer mentalement à chaque fois que je la revois. Je sens qu’elle va me changer. Spencer, je veux que tu me dises ce que tu remarques comme différence en moi au fur et à mesure des jours qui passent.

Elle se met à rire alors que je suis sur le point de terminer mon plaisir.

• Désolé Spencer, je viens de voir que Gabrielle va bien s’occuper de toi. Elle est tellement en manque, d’affection. Il faut que tu prennes des forces, elle a besoin d’être secouée, fort.

Et elle referme les yeux pour gémir pendant que je râle avant de m’évanouir.

*

J’ai pris mes dispositions. J’avais des outils puissants et je me suis dopé. Elle a fini en sueur à me supplier d’arrêter. Je ne m’attendais pas à une aussi grande sauvagerie animale. Avec Greta, c’est beaucoup plus doux et beaucoup plus intense, encore plus avec la nouvelle version augmentée de son corps. Et là je me retrouve à la Brasserie du Parc avec une Gabrielle en état second :

• Spencer, la prochaine fois, amène un fouet, je veux que tu me fasses crier de douleur. Je veux, j’ai besoin de ressentir, les coups, d’un Roi.

Elle me fait un peu peur. Et elle me regarde tout d’un coup droit dans les yeux pour déclarer :

• Et ça ne marchera que si tu y prends du plaisir.

Mon Dieu, elle saigne du nez. Et ses yeux se révulsent. Et elle commence à convulser. Je prends mon monolithe et je lance une alerte médicale. En attendant je la mets en position de sécurité. Les serveuses viennent m’aider mais elles s’écartent quand un halo bleu apparaît autour d’elle et son corps commence à se lever dans les airs.

- Ne vous inquiétez pas, c’est une mage, une terrienne.

Je reprends mon monolithe et je tape le numéro d’urgence, du Vatican. Je sors pour prévenir la navette médical qui atterrit. Ils ne peuvent rien faire. On va attendre les exorcistes. Ils arrivent à deux. De nulle part, dans des grandes capes noires. Un homme et une femme. L’homme va sous Gabrielle et tend les bras. La femme brandit brusquement un crucifix et Gabrielle s’éteint et retombe dans les bras de l’homme qui dit :

• Merci Marwah, bien joué.
• Comme au bon vieux temps.
• Ça faisait longtemps que ça ne lui était pas arrivé.

Et ils se tournent vers moi.

• Spencer, c’est toi qui a fait ça ?

C’est le Pasteur Patrice.

*

On va débriefer à la Basilique. Dans la pièce d’à côté, j’entends Scarlett donner des explications à ses Sœurs :

• Gabrielle s’est envoyée en l’air avec Spencer, à la Brasserie du Parc.
• Pas étonnant, elle est la mage officielle du Roi maintenant.
• Pourquoi on nous a pas appelées pour intervenir ?
• Pour les terriens possédés, c’est encore à l’ancienne équipe d’intervenir. Nous on fait dans le local et on a réussi à avoir l’agrément pour les hybrides aussi, c’est déjà pas mal.

Je vais fermer discrètement la porte et je retourne au chevet de Gabrielle qui se réveille et qui me dit :

• Pour la prochaine séance, en plus du fouet, apporte aussi des cordes pour m’attacher au lit.
• C’est à dire que… j’ai ordre du Pasteur Patrice de ne plus t’amener à l’extase. Ce qui s’est passé est une onde de résonance, un bad trip de l’Invisible.
• Vraiment ? Ça alors tu te rends compte Spencer ? J’ai eu mon premier orgasme sacré, avec un Roi. J’ai hâte de voir ce que le fouet va donner. Je ne peux pas m’arrêter là. Maintenant que je sais que ça existe, que c’est en moi, ça ne demande qu’à sortir et c’est grâce à toi.
• Et à ma trousse à outils. Gabrielle, c’est toi qui est censée être ma mage et pas le contraire.
• On verra ça. Et à propos, depuis quand tu es ce genre de mécanicien avec tous tes outils ?
• J’ai vécu avec Greta, de nombreuses années, tous les jours, et toutes les nuits aussi.
• Seigneur Dieu.
• Mais on en est revenus, de tout ça. C’est beaucoup plus doux aujourd’hui.
• Me lâche pas sur ce coup là Spencer. Tu dois m’accompagner sur mon parcours. Il faut que je vive ça.
• Tu n’es pas n’importe qui, c’est dangereux.
• Greta a survécu. Et on est tous immortels.
• On en reparlera, quand tu seras remise de cette première expérience. Regarde toi, Gabrielle, tu ne peux même plus te lever.

Elle en rit. Elle trouve ça drôle. Mais ça lui fait mal et elle peine à contrôler sa respiration. Je reste auprès d’elle, j’attrape une B3 sur la table et je commence à lire jusqu’à ce qu’elle s’endorme.

*

Et les voilà en train de rire ensemble à table au Restaurant de l’Opéra. Ma Déesse, ma Mage et ma Reine. Chacune dans son rôle. Elles lèvent leur verre de bulles sucrées :

• À Sa Majesté.
• S.M. ? Je te reconnais bien là, Gabrielle.

Et Greta de renchérir :

• Ah ? Mais alors j’ai plein d’astuces à te donner.

Et ça rigole. Clémence est plus calme. Elle me regarde juste avec fierté et amour. Et les laisse à leurs recettes de grand-mères et vient s’installer à côté de moi :

• Tu seras un grand Roi, Spencer. D’abord dans l’Invisible. Ensuite tu va régner. Et puis tu vas gouverner. C’est là qu’il va falloir s’appliquer. Ne pas négliger ton peuple, ne pas manipuler ta famille comme l’a fait mon grand-père banni revenu du néant. C’était à toi, Greta, de le ramener mais tu as voulu montrer ton libre arbitre dans toute cette programmation intersidérale.
• C’est surtout que je voulais que ce soit fait par une locale, une pure locale, car c’est votre histoire à vous. Énola a ramené ton grand-père pour deux raisons. La première, c’est pour montrer qu’elle peut le faire. La deuxième, c’est pour montrer qu’il existe vraiment, il témoigne du chemin à ne pas suivre.
• Gabrielle ? Tu as quelque chose à rajouter ?
• Oui, juste que il faudra, en tant que Roi gouverneur, rester digne, être digne, de ton rang, de ton statut, de tes devoirs plus que de tes droits. Et prendre soin de ton peuple avant le guider sans l’obliger. Ce sera aussi valable pour toi Clémence.
• Mes dames, mon Royaume est aussi le vôtre. Pour le meilleur et pour la meilleure. Et si je suis immortel, mon titre ne l’est pas. Il sera transmis à notre descendance. Que Dieu protège ma Reine. Que ma Mage me conjure du mauvais sort.