VLT1
Je suis le dernier garçon né sur Terre. Ma mère, Hélène, s’est faite engrosser par le Sous-Préfet, Thomas, le père de Noël et Noëlle, la mère de Solène qu’elle a eu avec le Maire, François. En arrivant sur la planète C, je me suis mis en couple avec Sandy, la fille clone de Cendrine, une chimiste qui a son double terrienne, Sandrine. Avec Sandy, on travaille dans la restauration. Je fais de la pâtisserie, elle est serveuse. On faisait ça au Village et puis on a suivi le mouvement et on s’est installés en ville où on travaille à la Taverne du Parc Central de Sylvania. Mon destin était tout autre, je devais être un mâle reproducteur et pour me préparer, ma mère a fait toute mon éducation dans ce domaine. Elle m’aime et je l’aime, de toutes les façons, pour nous c’est naturel et on se voit souvent. Sandy aussi a son jardin secret.
Ce matin Aurélie me livre personnellement mes ingrédients de base, œufs, farine, lait, sucre, beurre et fruits, frais et secs. Elle est belle dans les rayons du soleil. Il fait frais. C’est bientôt le printemps. Elle me fait tendrement la bise, elle illumine de son sourire, plus fort encore le soleil agressif.
- Tu es belle, tu sens bon, comme tout ce que tu m’apportes. Tu es une déesse qui me fait fabriquer un paradis de saveurs à répandre en plaisirs de vie, de jouissance nourrissante.
Elle adore quand je lui parle comme ça. C’est pour ça qu’elle vient personnellement me livrer. Et je la prends par la main pour l’amener à mon laboratoire lui faire goûter mes dernières recettes. De tous petits échantillons gourmands et légers je le lui mets avec mes doigts dans sa bouche. Elle me regarde avec bonheur. Au troisième, mes doigts restent dans sa bouche. Et je vais goûter à mes recettes directement dans la sienne. On mange ensemble la même chose, tout va et vient entre nos salives et nos plaisirs descendent stimuler nos ventre qui se réveillent de désir. Et elle se retourne pour la saillie et je me décharge en elle sous ses cris et ses plaintes. Tel est notre rituel. Et c’est encore mieux depuis qu’elle a eu Pierrick. Parce qu’au final, j’ai aussi droit à son lait. Et je lui fais goûter. Et on s’embrasse lentement pour en faire ressortir toutes les saveurs. Ensuite je passe à la traite pour en avoir pour la prochaine fois, pour la préparation des trois prochains petits gâteaux à déguster ensemble. Aurélie me nourrit et je me nourris d’elle, on se nourrit d’elle. Aussi lui vient l’idée :
- J’aimerais aussi me nourrir de toi. Tu devrais passer au salé et faire quelque chose avec ta semence. Un sucré salé avec nos deux fluides ensemble.
- L’Aurélien. Ce sera notre secret.
- Tu pourras le faire goûter à ta mère.
- Elle pourra reconnaître l’ingrédient secret, cuit dans le lait d’une autre, comme un message gustatif.
Et elle descend voir si il en reste. Je me concentre sur l’idée pour faire vite, j’imagine ma mère croquer dans le gâteau et j’explose dans la bouche d’Aurélie qui remonte me susurrer :
- Il n’y en a plus assez pour cuisiner mais j’ai pu quand même me faire un goût de référence pour la prochaine fois. Tu veux goûter ?
Et elle m’embrasse langoureusement. C’est bon. Et elle ajoute :
- Je reviendrai dans trois jours faire une première pression à froid. Tu sauras tenir jusque là ?
Notre aventure devient ainsi, aussi, gastronomique. Et on continue en câlins et caresses.
- Dans trois jours, d’accord. Je vais t’attendre. En commençant vraiment à sec.
Et je commence à l’entreprendre en face à face, et nos regards se soudent l’un à l’autre pendant que nos corps s’agitent vers une dernière extase qu’il faut aller chercher loin, à la sueur de notre front, pour encore un peu de sel qui sort de nous pour fixer les arômes de notre relation, de travail.
Il nous faut un peu de temps pour reprendre nos esprits dans la fraîcheur du laboratoire. Il vient de se passer quelque chose, on le sait, on le sent mais on ne sait pas quoi. On a passé un cap. Elle a du mal à partir. Elle me fait plein de bisous, elle m’étreint.
- À Dimanche alors, j’ai hâte. Tu me manques déjà. J’ai encore faim de toi.
Et je la laisse partir. Moi aussi j’ai encore envie de la croquer, d’aller chercher en elle d’autres saveurs, de plonger mon visage entre ses fesses. Justement, juste après son départ elle m’envoie une nouvelle recette de préparation. Au chocolat au lait, son lait. Elle a prévu de le faire fondre en elle pour que j’aille y goûter. Et elle conclue son message par : « Tu es ma théobromine. »
*
Sandy, mon petit bonbon, elle est toute douce avec moi et tellement dure avec elle-même :
- Je suis pas finie. Un mauvais clone. Stérile.
Elle est exactement celle qu’il me faut. Elle me sauve de mon destin que je prends à contre-pieds.
- C’est exactement pour ça que je t’aime.
Elle me regarde, elle me sourit, elle me prend la main, elle la serre et elle se jette dans mes bras pour m’étreindre. Pas besoin de mots, elle m’aime aussi. Tout le monde fait des enfants. Nous, restons les enfants, jeunes et éternels, des anges. Aurélie a raison, de ma semence j’en fait autre chose. Elles la goûtent, à ma manière à moi, à travers mes petits cakes. Mais il ne sont pas réservés aux femmes de ma vie, Hélène, Sandy et Aurélie. J’ose en préparer un à notre Eve. J’arrive avec ma petite sacoche à la Caserne. Elle m’ouvre la porte. Il y a comme du soleil à l’intérieur. L’éclairage est chaud. Dana se tient juste derrière elle, elles se tiennent par la main. On s’installe dans le salon privé et j’ouvre ma sacoche pour en sortir une boîte qui s’ouvre comme une fleur sur un petit cake.
- Je peux partager ? Avec Dana ?
C’est comme si elle savait déjà quelque chose. Si Greta n’a pas de pouvoirs, elle est très intuitive. Elle prend le cake, l’ouvre en deux et en met un morceau dans la bouche de Dana en même temps que dans la sienne. Elles mâchent lentement, trois fois et Greta me regarde. Elle avale.
- Ceci est une révélation. Tu viens de réinventer le Philtre. Il n’y a pas d’ingrédients plus puissants que ceux-là. La semence du dernier garçon né sur Terre dans le lait de celle qui nous nourrit tous.
- Avec le tien, ce serait encore mieux.
Elles se regardent avec Dana. Je pense qu’elles se parlent sans se parler. Et les deux me fixent :
- D’accord, viens le chercher. Dana va nous aider. Tu t’occupes de moi pour le lait et elle s’occupe de toi pour le reste de la recette.
Mon cake fait l’effet d’un Philtre. Elles sont comme hypnotisées. Et je me retrouve prisonniers entre elles. Je sors deux fioles de ma sacoche et les travaux pratiques commencent dans les chatouilles et les rires. Pendant que Dana est concentrée sur ses gestes médicaux, j’en profite pour goûter au produit de Greta avant de le récolter. Il est tout autre que celui d’Aurélie. Le résultat sera forcément différent. Mais quel sera-t-il ? Et à qui le faire goûter ?
*
Je retourne à la Caserne. Cette fois-ci Dana n’est pas là. C’est bien-sûr à Greta de décider :
- À la prochaine génération, celle de la B5. Lou et Clémence. La papesse et la Reine.
Après l’Aurélien, le Gretin est prêt à être servi.
- Greta, je crois qu’on va trop loin. Elles sont trop importantes. Et elles sont stables, en couple, avec un garçon.
- Tu as raison. À toi de choisir alors.
- Pour Sandy. Ma semence et ton lait magique. Pour avoir un bébé.
- On a déjà essayé avec mon lait directement en elle, ça n’a pas marché.
J’ai l’impression qu’on a inventé une bombe atomique et qu’on ne sait pas quoi en faire. Ça nous dépasse.
- Il ne va pas se garder.
- Et je ne ferai pas toujours du lait.
- Tu peux en conserver, en congeler.
- Il perdra ses propriétés.
- Pas plus qu’à la cuisson.
Elle me prend les mains et ferme les yeux :
- Je vais demander à l’Invisible.
Elle part en transe. Elle cherche. Elle presse mes mains de temps en temps. Je vois ses yeux bouger sous ses paupières. Sa bouche s’ouvre pour mieux respirer. Elle ne trouve pas. Je regarde ses mains, fines, ses bras menus, son cou paraît si fragile. Je m’approche pour le sentir. Elle a mis du parfum, vanille. Ma joue glisse sur la sienne et ma bouche s’arrête sur ses lèvres. J’aspire son air, je la sens en moi, elle monte dans mon esprit. Je m’approche encore. Ses seins pointus et humides m’électrocutent et je me retrouve sur elle. Elle écarte les jambes, comme une invitation. Elle est toujours ailleurs. Je me retrouve en elle et je la secoue consciencieusement en massant ses seins qui suintes, je m’en lèche les doigts avant un dernier va et vient et je me retiens de tomber sur elle. Mon extase l’a réveille et elle me regarde, étonnée, je suis encore en elle :
- Valentin ?
Je vais pour me retirer mais elle me retient :
- Ça y est, je sais. C’est bien pour Lou et Clémence. Notre cake leur donnera un pouvoir. Celui de faire des garçons. Les nouveaux premiers garçons de la planète C. Deux nouvelles lignées pour la B5.
Et elle me bascule, me chevauche et on recommence, avec ses beaux yeux bleus profonds ouvert, elle regarde au fond de mon âme et elle se déhanche, elle s’imbibe du jus du dernier garçon né sur Terre.
- Toi aussi Valentin, tu vas me donner un pouvoir.
Maman avait raison quand elle m’a dit tout petit : « Tu vas être beaucoup sollicité, je dois te préparer ». Et à cette pensée, je redouble de vigueur sur Greta. Je la soulève, je la fais décoller, elle cri, de plaisir, de douleur, et on perd connaissance.
Quand je me réveille elle a les cheveux ébouriffés et des griffures sur le visage, elle est encore essoufflée et elle essaye de parler :
- Jamais (…) on ne m’avait (…) aussi bien (…) b…
Et je l’embrasse pour absorber son dernier mot.
*
Pause. Je calme le jeu avec Aurélie. Avec Sandy ça fait longtemps qu’on se laisse tranquille. Après, il reste Greta. Elle me regarde comme l’élu, elle m’envisage de mille façon. Mais bon, j’ai fait ma part du travail, j’ai distribué les graines et tout le monde est content, alors quoi ? Quoi de plus ? J’ai besoin de respirer un peu. Je me concentre : je vis et je travaille avec Sandy. Aurélie me livre ses denrées et son c… Après, il reste Greta. Elle était pourtant très occupée avec sa Dana apparemment. Mais voilà, je l’ai secouée un peu trop fort pour qu’elle le remarque et qu’elle en redemande…
- Par derrière.
Elle m’accompagne dans ses mouvement et elle m’encourage :
- Allez ! Tape dans le fond ! J’chuis pas ta mère ! Plus fort, plus loin ! Ha ! Oui, là !
Sacrée Greta.
- Arrête, tu me fais rire.
Et elle se retourne en riant aussi. Elle est contente de sa blague. Je m’écroule sur elle. Elle se calme. J’y vais tout doucement. Je sens son cœur battre. Elle est si chaude. Si douce. Elle sent si bon. Je fais durer le plaisir. Par moment elle ferme les yeux pour se concentrer sur ses sensations, ou alors elle voit des choses, qui sait ?
- Dis-moi Greta, qu’est-ce que tu sens ? Qu’est-ce que tu vois ?
- Je te sens toi. Si loin. Si proche.
Elle me prends mes mains et les met sur ses seins et elle continue de me parler :
- Je sens ton énergie entrer en moi, elle pique, elle brûle et elle me chatouille. Je ferme les yeux pour nous voir d’en haut et j’essaie de me souvenir si j’ai déjà vécu ça. Mais non, alors je mémorise, pour le revivre à nouveau, à jamais, pour toujours. Valentin. Pourquoi je ne t’ai pas vu avant ? Pourquoi je te t’ai pas su avant ? Je sens qu’il y a comme un changement en moi, avec toi, grâce à toi, pour toi.
- Sinon Greta, parle-moi franchement. Personne ne me dit vraiment les choses. Je veux savoir, j’ai besoin de savoir et je sais que toi tu peux me le dire.
- D’accord. Alors arrête de voir ta mère. Et Sandy, elle est un clone sans âme. Tu mérites mieux que ces relations toxique et vide. Ton destin est ailleurs. Tu as le droit au bonheur. Et toi, parle-moi franchement aussi.
- Je me suis toujours tenu à l’écart de toi parce que tu es bizarre. Et tous ton entourage est étrange. Et tes actions sont douteuses. Mais je reconnais que tu es envoûtante, attachante, d’ailleurs on est bien attachés, là.
Et je remue un peu pour la faire rire. Je continue :
- Malgré tout, une fois passé toutes les barrières, je me sens bien avec toi, je me sens bien en toi aussi.
Je l’embrasse sur la nuque.
- Et j’ai envie de plus te connaître, de tout partager, de t’aimer. J’ai envie de toi.
Et je m’agite, et elle gémit, de plus en plus fort, de plus en plus vite, jusqu’à la fin de mon plaisir et le début d’un autre. Celui d’être tout simplement avec elle. Et j’embrasse tendrement sa joue, elle se tourne pour m’offrir sa bouche, et nos langues se mélangent. Je la sens bouleversée. Elle a du mal à respirer. En fait, elle sanglote. Des larmes coulent. Je les lèche, ça la fait rire.
- Greta, je vais boire tous tes fluides.
Et je descends lui nettoyer le bas de son ventre avec ma bouche. Et je remonte pour lui demander :
- Pourquoi tu pleures ?
- Parce que tout d’un coup, comme jamais avant, je suis heureuse.
Alors on se regarde, longuement, et on sait. On sait que ce n’est que le début.
*
- Après, il faut les faire venir et leur faire manger un demi petit gâteau chacune.
- Si on leur explique, elles vont accepter.
- Accepter d’ingurgiter nos ingrédients intimes ? Mieux vaut ne rien leur dire.
- Mais si on leur dit rien, ça ne va pas marcher. Sauf si c’est vraiment magique.
- Mais ça ne l’est sans doute pas. C’est juste de la persuasion de l’esprit et un effet psychosomatique, si ça marche.
- Il suffit d’y croire et ça marchera.
- Tu penses que ça suffira ? Si on est les seuls à savoir et pas elles ?
- Oui. Je suis Greta. J’y crois. Alors ça aura lieu.
- Mouais, comme sauver la Terre…
- Je ne suis plus cette Greta là, je suis bien meilleure ici sur la planète C.D’accord, alors comment leur faire ingurgiter sans qu’elles sachent que ça vient de nous ?
- Sans qu’elles sachent ? C’est une mission pour le Réseau A. On leur confie le gâteau. Ils s’arrangeront pour le faire manger à Lou et à Clémence. Et même nous, on ne saura pas comment.
- On dirait une procédure de recherche en double aveugle. On est sûrs qu’ils vont vraiment le faire et y arriver ?
- C’est le réseau A. Ils sont fiables. Même Lou et Clémence ne s’apercevront de rien.
Très bien. Je prépare le gâteau. Et en voyant les fioles j’ai une idée. Je me rappelle de celle qui a récolté le lait dans son sein gauche. Et si je faisait deux gâteau ? Un avec chaque lait. Je prépare les doses, je partage la semence et je vais utiliser le deuxième gâteau autrement. Un pour le Réseau A, que je confie à Greta et un pour moi sans rien dire à personne. Je vais à l’Opéra où Lou a l’habitude de bruncher avec Clémence après les répétitions du matin. Je débarque dans la loge :
- Salut les filles. J’ai une nouvelle recette et je voudrais la faire goûter à deux filles d’avenir. C’est un petit gâteau.
Je le partage et je leur mets dans leurs bouches.
- Alors ?
- Valentin, c’est un peu inattendu, c’est pas très sucré. C’est à quoi ?
- Justement, c’est le but. Je n’ai pas sucré. J’ai salé.
- Ça donne soif. Je préfère le sucré.
- Comme toutes les locales. Cette nouvelle recette est là pour ouvrir de nouveaux horizons pour s’affranchir du sucré et pourquoi pas après aller vers le pimenté. Mais il faut d’abord que la version salée vous plaise… Je vais réfléchir à une autre recette et je reviendrai vous voir. À bientôt.
Affaire classée.
*
On prend nos habitudes. Victor étant parti et Dana rentrée, je m’installe dans les appartements de Greta à la Caserne. Elle a beau être Dieu, au quotidien elle est trop mignonne. On se fait des bisous à chaque fois qu’on quitte une pièce ou qu’on revient. Et de temps en temps le bisou se prolonge et elle me tire par la main vers le confort de sa chambre. Elle aime regarder mes fesses en plein effort entre ses cuisses dans le reflet du miroir au dessus de son lit. À la fin de l’extase on en profite pour parler.
- Ça y est, le Réseau A est en charge. Mais j’ai eu des visions étranges pendant que tu me labourais. Tu as fais quelque chose de ton côté ?
- Alors tu vois en moi, tu as vraiment des pouvoirs, Greta.
- Seulement en relation rapprochée. Tu es allé voir Lou et Clémence. Elles ont mangé ton gâteau ?
- Sans savoir, sans connaître son pouvoir. Pas d’influence psycho. On verra au résultat. La mission est assurée. Si tout va bien elles auront eu un gâteau entier chacune, en deux fois, comme un vaccin et son rappel.
Et à la fin de la discussion elle se retourne et on recommence. C’est toujours mieux la deuxième fois. Je la sens mieux comme ça, elle est plus confortable. C’est plus bestial. Des odeurs animales émanent de son petit corps. Elle sursaute :
- Ça y est, je sais.
- Quoi ?
- On verra après, secoue moi, fort.
Et on cri comme des bêtes, on s’encourage, on va y arriver, on franchit la ligne ensemble et on s’écroule, essoufflés, transpirants, en s’accrochant l’un à l’autre.
- Mon Dieu.
- Enchantée.
- Qu’est ce qui s’est passé ?
- Ce n’est pas la première fois que je te choisis Valentin. C’est déjà arrivé, sur Terre. J’avais tellement plus de pouvoir. Je voyais toutes les âmes. Et j’en ai choisi deux pour me représenter à Castle 2, je me méfiais de votre communauté à l’époque. Tu te souviens ? Je t’ai nommé ambassadeur, tout devait passer par vous, toi et Pauline, la fille d’Aline. Qu’est ce qu’elle est devenue ?
- Pauline. C’était une grande. Elle avait 16 ans, j’en avais 12. Elle m’a montré des tas de trucs. Elle était gentille. Tu nous avais jeté un sort. Du moins, c’est ce qu’on a cru, ou alors c’était notre excuse pour se laisser aller, l’un dans l’autre.
- C’était pas un sort, c’était un code dans les documents que je vous envoyais, des messages cachés, hypnotiques. Vous avez réussi à rompre le sortilège, vous libérer de moi. Mais j’en avais vu assez pour constater qu’on était du même côté, de la même histoire. Et je suis venu vous voir. Vous m’avez accueilli dans une grande tente au sommet d’une tour.
Je la serre dans mes bras.
- Et maintenant t’es à moi.
- C’est toi qui est à moi.
On s’embrasse. On s’appartient.
- Valentin, je suis à toi.
- Greta, je suis à toi.
*
Moi je ne sais pas mais j’ai compris. J’ai compris qu’il n’y a pas de vérité à découvrir. Que la vérité est variable. Comme l’avenir. Comme l’Invisible qui nous prépare souvent à des événements qui ne se produisent jamais. C’est pour ça qu’il ne faut pas s’y soumettre ou le suivre. C’est pour ça que Greta n’y attache pas trop d’importance. On passe donc d’un paradigme à un autre et les Bibles défilent comme seuls repères à nos errances dans l’éternité qui ne fait que commencer. D’autant plus que le temps passe moins vite sur la planète C. Dans une semaine, dans un mois ou dans un an, on sera à nouveau passés à autre chose. Il est temps que la B4 fige tout ça. Je regarde sur mon mono, d’après le canal A.D. on en est à la page 1184. Encore 102 à écrire. Tout peut changer si vite. Je regarde Greta et je me demande comment on va finir. Elle paraît si insouciante, si sûre d’elle, à genoux près de la baignoire, elle donne le bain à son bébé. Il y en a un autre en route dans le ventre de Dana. Une fille aussi. Comme d’habitude avec Greta. Mais justement, en elle, désormais, tout semble différent. Elle me regarde, elle a comme des tâches de rousseur maintenant, elle me fait un clin d’œil et elle sourit. Peut-être qu’elle entend mes pensées, mais elle n’en tient pas compte. Elle se fie juste à son instinct. Je le sais, je la sais, je la sens, je commence aussi à l’entendre. Parce qu’elle rayonne sur moi et que je suis allé très près. Parce qu’elle n’est pas si étanche à sa magie surtout lorsqu’elle est acculée dans les retranchements de son plaisir, de sa douleur, de son acceptation de notre première fois qu’elle aurait pu vivre comme un viol. Je suis en pleine Bad Romance avec Greta, comme avec Sandy, comme avec Pauline, comme avec ma mère, c’est toute l’histoire de ma vie. Et elle se lève, elle vient vers moi comme hors du temps et elle m’annonce :
- Ça commence aujourd’hui. Au diable le passé. L’avenir nous attend.
- -Raconte-moi.
- On a joué notre rôle. C’est fini. C’est comme la fin d’une terrible quête. On peut vivre notre vie maintenant. Je peux vivre ma vie maintenant, avec toi, sans avoir à sauver une planète ou une civilisation. Les jeux sont faits. Rien ne va plus. La boule tourne sur la roulette. Tant qu’elle est en mouvement, on est tranquille. Le jour où elle s’arrête, on devra peut-être intervenir, dans longtemps, disons à la fin de l’écriture de la B5, dans une Bible, dans une génération.
- Je serai toujours là ?
- Je ne vois pas l’avenir sans toi Valentin.
Elle me tend la main. Mona nous appelle. On va la voir, on la met dans une serviette et on la regarde. Greta lui parle :
- Tu changeras le monde à ton image comme toutes celles de ta génération.
- Et tous ceux.
- Oui, les garçons sont en route, ils vont rétablir l’équilibre.
Elle se pose une main sur le ventre et elle me regarde avec fierté.
*
On s’assoit à une table de la Taverne.
- Je comprends Valentin. Je ne vais pas faire de crise. Je ne suis pas vraiment humaine. Je n’attends rien de la vie éternelle. Je vais demander à ma créatrice de m’arrêter là. C’est une option quand on est clone stérile. Pas besoin des Chevaliers de l’Apocalypse pour les choses comme moi.
Au laboratoire elle est étendue dans son cercueil. Elle me regarde. Je lui tiens la main. C’est sa mère Cendrine, qui appuie sur le bouton. Sandy ferme les yeux. C’est fini. Le cercueil rentre dans le mur. C’est une grande partie de ma vie qui vient de disparaître.
J’ai eu du mal retrouver Pauline, dans les contrées obscures de l’Est, sur la côte. Il y a une sorte de ville, un port, avec des routes et des véhicules qui roulent. En arrivant sur la planète C, ils se sont bien mis à l’écart. C’est donc là qu’il sont tous. Je vais à la Capitainerie retrouver Pauline. Elle scrute l’horizon avec des jumelles.
- Tu ressembles tellement à Aline maintenant.
- Elle vient nous voir de temps en temps, papa et moi.
- Tu avais raison pour Greta. Il y avait vraiment un plan. Une étape vient d’être franchie. On a pas été choisis par hasard. Tu as certainement aussi un rôle à jouer mais peut-être pas pour tout de suite.
- J’ai combien de temps ?
- Dans une génération on en saura plus, à la fin de l’écriture de la B5.
- Ici on en est encore à la 3.
- La 4 va bientôt sortir.
- Valentin, tu devrais venir pour les vacances, voir comment ça se passe ici., revoir les autres.
- D’accord. Je peux venir avec Greta ? Elle a un bébé de deux mois et demi, croissance lente et naturelle. Mona-Lisa.
- Bien-sûr. Tout le monde est bienvenu au port. On a même plein de jeunes locaux depuis que les départs pour les îles ont été annulés. C’est une vie alternative ici aussi, pour eux.
Comme mon père. Il est ici mais il reste un étranger pour moi. On est dans un monde qui, en dehors des vrais lignées, n’ont pas de rapport familiaux. Et quandd c’est le cas, c’est souvent déviant. Pour ma mère, je dois aller jusqu’à Laguna City pour lui dire :
- Stop. C’est fini.
- D’accord.
Elle se jette dans mes bras :
- Je t’aime mon fils. Soit heureux.
Et je sens son étreinte forte et sincère. Et elle me regarde droit dans les yeux. Et je sens, je sais ce qu’elle ressent. On ne regrette rien. On a même beaucoup aimé ça.
- Une dernière fois.
Et on le fait comme la reconstitution de la première fois. Elle enlève son chemisier, on s'embrasse, elle me déshabille, elle prend ma main et plonge mon visage entre ses cuisses, elle respire un peu plus vite, elle me reprend dans ses bras, me met sur elle et je me vois rentrer en elle avant d’aller et venir, de plus en plus vite.
- Allez mon bébé, plus fort, plus loin, c’est bien, touche moi les seins, embrasse-moi.
Je jouis, je m’endors en elle, je perds conscience là où ma conscience est née.
- Je t’aime maman.
Elle me sert fort pour me répondre :
- Je t’aime mon bébé.
*
Greta me regarde en riant de bonheur :
- Ça y est, tu n’es plus qu’à moi maintenant, mon bébé.
- Et toi ?
Elle regarde en l’air, elle fait mine d’hésiter puis elle se résoud à répondre :
- D’accord.
Et elle s’approche langoureusement pour répéter sa réponse.
- D’accord. Tu as encore un peu de jus pour moi ?
- Greta, tu n’es pas raisonnable.
- Non, surtout pas, et puis je n’ai plus que toi, alors il va falloir assurer, plusieurs fois, par jour, pour toujours. Ne bouge pas, je m’occupe de tout. Et elle descend entre mes cuisses, elle veut juste mon bonheur. Elle ne me quitte pas des yeux quand sa bouche s’affaire sur mes affaires. Et puis elle se concentre, elle aspire, elle presse, elle accélère, elle ralentit, et lorsqu’elle me regarde à nouveau, je ne peux résister à la beauté de ses yeux bleus profonds, à son regard de soumission, elle est ma femme, je suis son homme, exclusivement, pour toujours et je jouis du bonheur qui nous attend. Elle remonte me présenter ses seins, j’en aspire une gorgée que je garde dans ma bouche et elle redescend m’embrasser pour lui faire goûter son fluide dans le mien, nos langues les mélangent et on avale tout.
- Valentin, on vient de manger des millions de garçons potentiels.
- Peut-être, mais tu en as sauvé au moins un, moi. Je suis libre maintenant, de toutes les autres femmes de ma vie.
- C’est normal, je suis Dieu, c’est mon job, je sauve, toi, la civilisation, la planète C. À ce propos, les Apôtres de mon Réseau, ça y est, ils ont fait manger notre recette à Lou et Clémence.
- Très bien, notre mission est terminée.
- La mienne, oui. Mais la tienne ne fait que commencer. Il faut que tu continues. À me rendre heureuse.
- C’est toi qui me rend heureux. Moi je ne fais rien de spécial. Si ?
- Non Valentin mais tu m’apparais comme une évidence. Je ne sais pas comment j’ai pu passer à côté de toi. Il y a eu des signes que je n’ai pas vu. On a perdu tellement de temps. Touche-moi.
Et c’est reparti. Je fais de mon mieux. Elle m’aide. J’enfonce mes doigts, je cherche les siens. Ses seins perlent d’excitation mais je les laisse pour son bébé, je me concentre sur son plaisir, elle arrête de respirer, comme si elle avait mal et puis elle essouffle et elle râle mais il est l’heure pour autre chose alors tout s’arrête et elle part s’asseoir dans la chambre de Mona et quand elle l’allaite, elle halète encore. De plaisir. De bien-être. La mère nourricière. Je la rejoins pour la masser, pour la détendre, pour qu’elle récupère.
- Valentin, et pour Aurélie ?
- Il n’y a plus de livraisons de prévues. Et toi ?
- Il n’y a plus de tea time de prévu. Il est temps pour moi de laisser le monde aller là où il veut. La jeune génération a les cartes en main. Énola. Maëlle. Elles vont y arriver. Nous on a juste à préparer les suivants pour qu’ils vivent au mieux leur B5.
Je l’embrasse pour valider. Elle m’embrasse pour confirmer. Mona se manifeste, elle réclame l’autre sein. Voilà, on est arrivés au bout de notre chemin. On est avec la bonne personne. Je dois faire attention. J’ai pris de mauvaises habitudes avec Sandy. Elle était si gentille, si lisse, si vide. Elle est repartie dans le néant. Parce qu’ici, sur la planète C, même avec l’immortalité, si on est une fille et qu’on ne peut pas procréer, on n’est rien. C’était encore plus vrai sur Terre où la survie de l’espèce était vraiment en jeu sur les trente années de la vie d’une femme. À la fin du monde, même ce pouvoir leur a été laissé. La nature s’est attaqué à la source du problème, les garçons. Ici aussi c’est le cas. Mais on vient de tout changer avec Greta. L’humanité n’est plus condamnée à évoluer vers des iel. Les genres sont préservés. La science, même celle d’ici, n’y est pour rien. Et grâce à l’Invisible, on peut repousser les limites, rétablir l’équilibre et intervenir en cas de besoin. C’est ce que Greta a fait toutes ces années. Elle avait l’air un peu égarée. Mais je suis arrivé. On s’est rencontrés, à nouveau. Mais cette fois-ci on s’est vus. Et on a su. Et on va participer à la naissance de trois nouvelles lignées. Il y en a sûrement deux autres qui vont apparaître encore car pour la B5, il en faut cinq. Mais on n’en est pas encore là. Il nous reste toute une ère de bonheur, comme la suite d’un triptyque avant le high five.
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