Quelques vers...
DESOLATION
Le bleu est rose maintenant.
Tout est tranquille enfin.
Le rose est rouge au loin, rouge sang.
Rouge sang, le sable fin,
Et la mer qui s'enroule et s'étale, écarlate,
Son reflux qui s'écoule et crépite
Jusqu'à la prochaine vague puis éclate
Et indéfiniment qui revient sur le sable qui s'effrite,
Un peu comme une horloge, symbole du temps qui passe,
Grâce au lent va-et-vient de son balancier
Qui dessine dans l'espace
Un peu d'éternité.
Le soleil menaçant
Est comme le sable, sanglant.
Le vent hurlant,
Le vent destructeur et brûlant
S'est tu.
Avec lui, presque tout a disparu,
Tout est désert,
Je suis seul,
Seul arbre au milieu du désert
Et son sable vermillon deviendra mon linceul
Car je n'ai plus de mains quand il faudrait prier,
Alors j'essaye en vain de m'adresser au ciel,
Espérant que quelqu'un entendra mon appel
Mais je n'ai plus de lèvres pour pouvoir crier
Et comme tout en ces lieux,
La vie m'aura bientôt quitté.
Mon Dieu !
Pourquoi m'as tu abandonné ?
JI 1982
MAUPASSANT
Dans la lueur blafard' d'une pauvre bougie,
Il voyait son reflet, surgissant de la nuit,
Animer le miroir témoin de la folie
Qui pénétrait alors lentement son esprit.
Depuis la baie vitrée par dessus la vallée,
Son regard fixe portait sur le fleuve au loin
Et, tandis que passaient là-bas les mariniers,
Conscient de sa démence, il priait pour sa fin.
éno
VAN GOGH
Le regard dévoré par le feu intérieur
Qui ronge son esprit et allume une lueur
Démoniaqu' dans ses yeux. Cette oreille sanglante
Devinée sous le linge, offrande à une amante.
La laideur de l'asile après d'Arl' la beauté
Qu'à grand traits de couleurs il faisait éclater,
Souvenirs lancinants d'immenses champs de blés
Conscience d'un énorme Gâchis ! Pistolet...
JI 1995
DE NERVAL
Du docteur Blanche à la rue noir' de Baudelaire,
De Sylvie à Aurélia, ces filles de feu
Qui dansaient autour de lui entre Faust et dieux,
Entre Jenny, lointaine égérie et Chimères,
C'est le poids de la misère, l'indifférence,
Qui tira par les pieds, rue de la Vieill' Lanterne,
Accroché au barreau sombre d'une poterne
Le poète angoissé par ses cris' de démence.
JI 1995
Annotations