Quelques vers... suite
JOUR DE VENT
Le vent soufflait si fort
Que les cocus sortirent
Dans l'espoir un peu fou
Qu'il les décornerait
Hélas le vent du nord
N'avait rien à offrir
À ceux qui peu ou prou
Leur lit aux autres prêtaient
Les cocus en colère
Se réunirent alors
Afin de décider
Tous de quelle façon
Les rieurs faire taire
Et l'on pu voir alors
La plus belle assemblée
De cocus et de cons
Attablés tous ensemble
À manger et à boire
Ils avaient l’air malin
Ressassant leur malheur
Mérité il nous semble
D’ailleurs sur le trottoir
Un passant boute-en-train
En riait de bon cœur
~~~~~~
JE TE COMPRENDS
Moi qui suis né en Afrique noire,
Je te comprends, frère de couleur.
Si t'es né ici par hasard
Que tu sois noir, que tu sois beur,
Le monde aujourd'hui est compliqué:
Où que tu ailles, faut des papiers.
Où sont passées nos libertés?
Les privilèges ont remplacé
Sur la devise:" Fraternité".
Bon Dieu ! On a tout saccagé.
Moi qui me suis fait licencier,
Je te comprends, frère chômeur.
C'est pas facile d'être obligé
Pour vivre sans perdre son honneur,
De faire admettr' ses droits et puis
R'garder les autres comme des nantis.
Où sont passées nos libertés?
Les privilèges ont remplacé
Sur la devise:" Egalité".
Bon Dieu ! On a tout saccagé
Moi qui viens juste d' divorcer,
Je te comprends , frère de malheur.
Les tribunaux et les huissiers,
Tout ça me donne des haut-le-cœur !
Y'a que ma femme que j'aime encore,
Mais elle s'en fout. Elle a pas tort !
Où sont passées nos libertés ?
La justice nous a remplacés
"Pour le meilleur" par, "supprimé".
Bon Dieu ! On a tout saccagé.
Moi qui ne me drogue qu'aux sodas,
J'te comprends pas, frère dealer.
T'auras pas de bol avec moi,
J'pourrais bien me mettre en colère
Si t'essaies de r'filer ta came
A un gamin cherchant son âme.
Où sont passées nos libertés ?
À "paradis" z'ont rajouté :
"Artificiels". Quelle drôle d'idée !
Bon Dieu ! On a tout saccagé.
Moi qui n'interprète que l'amour,
Comprenez-moi, frères chanteurs,
Ca m'fout les glandes que de nos jours,
Faille du latex pour mon bonheur.
Et que l'amour comme la rose
Ait des épines, ça m'indispose.
Où sont passées nos libertés ?
Sous plastique, pour se protéger,
Comme la viande au supermarché !
Bon Dieu ! On a tout saccagé.
Moi qui suis né en Afrique noire,
Je te comprends, frère d’ailleurs,
Quand poussé par le désespoir,
Par la misère, la faim, la peur,
Tu risques ta vie pour venir
Construire pour ton fils un avenir
... Pour ton fils un avenir...
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TROPIQUE
Quand j'étais hardi voyageur
Et que je parcourais les mers,
J'ai découvert chaque douceur
De l'amour et ses fruits amers.
J'ai goûté le nectar des fleurs
Qui ornaient ton jardin, ma mie,
Et puis m'en suis allé ailleurs
Pour visiter d'autres pays.
Le vent léger d'ouest m'a emmené au loin,
Un autre vent, peut-êtr', me ramènera bien.
Mais ailleurs, n'ai vu nouveauté
Ni trouvé splendeurs inconnues.
Alors, quand j'ai voulu rentrer,
Ma mie, te retrouver n'ai pu.
J'ai dû traverser l'équateur
Du nord au sud, mais plus jamais,
Je n'ai pu retrouver les fleurs
Que j'avais vues dans ton palais.
Le vent qui soufflait d'est m'a emmené si loin,
Un autre vent peut-êtr', me ramènera bien.
Fleur tropicale du Capricorne,
Fleur du Cancer dans la torpeur
Alanguie de ce désert morne,
Du temps que j'étais voyageur,
J'ai voulu vivre l'aventure
Des navigateurs du passé
Et découvrir de la nature
Certains de ses plus beaux secrets.
Les vents hurlants du sud m'ont emmené très loin,
Un autre vent peut-êtr', me ramènera bien.
Ainsi, j'ai dû réinventer
Cette palette fantastique
Et dans mon âme j'ai caché
Un bouquet de fleurs des tropiques.
Je vivais parmi les couleurs,
Maintenant que tout est trop blanc,
Je ne perçois que la douleur
Qui me rapproche du néant.
Ces vents maudits qui tous m'ont emmené trop loin,
Ces vents m'y laisseront, maintenant, c'est certain.
Quand j'étais hardi voyageur,
Lorsque je parcourais les mers,
J'ai dû traverser l'équateur,
Mais du Capricorne... au Cancer.
Chansons JI 1990
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