Suite seconde
ET LE VENT QUELQUEFOIS...
Et le vent quelquefois s'arrête dans les branches.
Les branches qui, d'habitude, s'agitent sous son action
Se trouvent tout ébahies et prennent leur revanche,
Zéphyr enfin calmé et son frère Aquilon
N'osant pas déranger ce bel ordonnancement.
Les branches qui bruissaient, soudain, se trouvent muettes
Et ne vont pas tarder à demander au vent
De souffler à nouveau afin de faire la fête,
Mais souffler gentiment et non pas en tempête
Car l'arbre tient avant tout à conserver sa tête.
QUAND GRINCE LE PLACARD...!
D'abord il y eut la peur,
Celle qui vous noue le ventre,
La laide, la dure, l'atroce peur!
Celle qui sévit souvent entre
Angoisse et terreur, celle qui donne des sueurs,
Froides, bien entendu!
Celle qui tue!
Et vous transforme le plus souvent, quelle horreur,
En sous-homme qu'en héros.
Ça fait froid dans le dos!
Et puis, il y eut la fuite,
N'importe où,
Mais loin et vite,
Dans un trou,
Comme l'autruche, comme le rat, comme le ver
Devenir invisible enfin
Disparaître soudain
Partir très loin, là-bas, au fond de l'univers,
Tout tremblant,
Grelottant,
Et puis se réveiller,
Ce n'était qu'un cauchemar
Alors, dans son lit, pouvoir se renfoncer,
Bien au chaud, à l'abri, quand... grince le placard... !
LA GALETTE AUX MARRONS
Dans la lueur brûlante, illuminant sa tête,
Ma grand-mère tisonnait le vieux four à charbon
Dans lequel ce matin on grillait les marrons
Qui serviraient ensuite à fourrer la galette.
L'odeur de vanille qui atteignait nos chambres
Nous attirait, enfants, au plus près des chandelles
Derrière les rideaux festonnés de dentelle,
On devinait la crème de couleur ambre.
On savait croustillante, la pâte dorée
Fendue en deux parties, l'une formant chapeau
L'autre en laquelle la crème sera versée
Avant de refermer, puis de remettre au chaud.
Sourire dans l'œil malgré les lèvres pincées
Grand-mère nous sermonnait: "filez ! C'est pour tantôt !"
JI 10/2003
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