Chapitre Un
Diana
Face au miroir de ma chambre, je tournais sur moi-même, évaluant la tenue que mon dressing venait de sélectionner pour moi. Un simple robe blanche, ornée de quelques points de dentelle. Je fis la moue.
« Autre choix. » énonçais-je à voix haute.
Aussitôt mon reflet dans le miroir se troubla, alors que l'intelligence artificielle de mon dressing cherchait une autre tenue à me proposer.
Je me détournais et en profitais pour diviser en deux mon comprimé protéiné. J'avais presque terminé mon régime, je ne voulais pas reprendre les quatre kilos que j'avais perdus et qui m'auraient empêchée d'entrer dans la robe sublime que je devais porter samedi.
Ignorant les protestations de mon estomac, qui en réclamait davantage, j'avalais mon verre d'eau et me retournais vers le miroir au moment où un -DING- retentissait. Le miroir se cadra sur ma position et une nouvelle tenue habilla mon reflet. La blouse était du plus bel effet avec mes cheveux récemment colorés, mais la jupe n'allait pas du tout.
Stupide programme.
J'étais déjà en retard de vingt minutes lorsque je me considérais comme prête.
Appel entrant : Maman.
Je râlais, pour la forme, mais acceptais l'appel.
Le mur de mon salon disparut, remplacé par une vue sur celui de mes parents et la silhouette de ma mère apparut. Ses cheveux courts étaient soigneusement coiffés et elle portait sa veste de travail. Je lui adressais un petit sourire.
« As-tu acheté ton billet, Diana ? »
Bonjour à toi aussi, maman. Je soupirais.
« Je m'apprêtais à y aller. » Et je soulevais mon sac à main pour lui montrer que j'étais sur le départ. Bien sûr, elle n'avait pas à savoir que j'étais surtout sur le point d'aller retrouver mes copines pour une séance de shopping.
« Très bien, fit la voix de mon père et il apparut sur l'écran. D'une main il dénouait sa cravate, de l'autre il tenait un verre de vin. J'espère qu'il restera des places en Classe Privilège. Il ne manquerait plus que tu sois obligée de voyager en Classe Commune. »
Je ne relevais pas.
« Comment se passe ton travail ? » demanda ma mère après un regard moralisateur en direction de son époux.
- Très bien. J'ai obtenu la promotion dont je t'avais parlé. »
J'étais assez fière de pouvoir leur annoncer et peu importait les choses que j'avais dû faire pour y parvenir.
Je travaillais comme hôtesse pour une grande société de loisirs, mais dans le jargon, j'étais un « visage ». Je devais représenter l'entreprise. Les dirigeants travaillaient dans l'ombre et nous autres « visages » apparaissions à chaque événements publiques. J'avais commencé comme simple « visage » d'accueil. Dès demain, je serais sur tous les panneaux publicitaires de la société. Mon visage serait partout et j'allais gagner un joli paquet d'argent.
Un petit rond clignotant me signala un double appel et j'écourtais sans plus de cérémonie la conversation avec ma mère. Le décor du mur changea, j'apercevais à présent les présentoirs d'un magasin et le visage de May apparut. Elle m'appelait avec son téléphone, et me gratifia d'un regard courroucé en voyant que j'étais toujours chez moi.
« Je peux savoir ce que tu fous ? T'es à la bourre ! »
Ses yeux se plissèrent, mais je pouvais quand même apercevoir ses nouvelles prunelles, d'un violet plus éclatant que le bleu saphir qu'elle arborait encore quelques jours plus tôt. Elle avait fait un nouveau passage chez son chirurgien génétique. La petite fille bridée, aux longs cheveux noirs que j'avais connue dans mon enfance, était devenue une blonde platine dont les yeux changeaient de couleur toutes les semaines.
« Et alors ? rétorquais-je.
- Ramène ton cul ici. » ordonna May sur le ton impérieux qu'elle adoptait dès qu'elle s'adressait à un de ses employés.
Je ricanais.
Et j'ouvrais les yeux.
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