Chapitre Sept

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Orlan

« Je trouve que Diana est comme toi. »


Je traversais les champs de blé, prenant garde à n'écraser aucune des précieuses tiges, en tenant la boule de lumière devant moi pour éclairer ma route. J'avais laissé le village derrière moi pour me diriger vers nos cultures, que j'avais déjà pris la peine de fouiller durant la journée, sans succès. J'avais cherché Diana dans tous les endroits qui m'avaient semblé évident au premier abord, ceux qui seraient les plus susceptibles de convenir à quelqu'un qui se cachait. Je pensais que Diana ne voulait simplement pas qu'on la retrouve.


« Je trouve que Diana est comme toi. »

Je ne répondis pas immédiatement, puis fronçais les sourcils en levant la tête vers Ornélia, qui se tenait dans l'encadrement de la porte de ma chambre. Elle avait repoussé le tissu que je tirais lorsque je voulais m'isoler un peu. Ornélia faisait toujours ça, elle passait outre mes envies de solitude pour débarquer, ses grands yeux étonnés et sa joie de vivre envahissant mon espace et me faisant oublier ce que je pouvais ressentir. A chaque fois, je réalisais à quel point je tenais à ma petite sœur et à quel point j'en souffrais.

Ornélia s'assit à même le sol.

« Qu'est ce que tu veux dire ? » Je la questionnais.

Ornélia tripota une couture de sa robe en conservant le silence pendant un moment.

« Tu fais tout le temps ça. » finit-elle par dire. « A un moment, tu es avec nous, tu discutes et tu ris, et l'instant d'après, tu t'éloignes et on ne sait pas où tu es. Parfois, tu es ici, ou bien à t'occuper de ton potager, parfois je ne sais même pas où tu es. Tu as besoin d'être seul. Je l'ai remarqué, tu sais. » Elle haussa les épaules. « Ça ne me dérange pas. Je ne comprends pas, mais tu es mon frère et ça ne me dérange pas. »

Je la dévisageais un instant, ma petite sœur avec ses boucles rousses, sa silhouette frêle et ses lèvres qu'elle mordillait. Je souris. Je la prenais parfois pour une petite fille étourdie et un peu trop bruyante, mais elle me connaissait décidément bien. Oui, il me prenait parfois l'envie de rester seul. Les autres respectaient cela, mais je n'étais pas idiot, je savais bien que ce comportement me rendait étrange aux yeux des autres villageois et en vérité, je m'en moquais pas mal. Du moment qu'Ornélia continuait à lever son regard perpétuellement surpris vers moi.


Je sortais des champs de blé, dépassais les arbres fruitiers et débouchais sur une partie de la forêt qui était déserte. Il avait été envisagé de l'aménager pour que des villageois s'y installent, mais les chambres autour du centre du village étaient encore nombreuses. Il n'y avait pas beaucoup de naissances et nous avions déjà suffisamment de place. Alors les travaux avaient été mis entre parenthèses pour une durée indéterminée.

Je ne savais pas pourquoi j'avais pensé à cet endroit pour y chercher Diana. Je m'étais simplement mis à sa place. Elle ne connaissait que peu d'endroits où on ne risquait pas de croiser quelqu'un. En fuyant, elle avait dû se diriger vers l'un des rares coins de la forêt où elle n'avait pas vu grand monde et nos cultures en faisaient partis.

Je m'enfonçais au milieu des arbres, dans l'obscurité. Ici, aucune boule lumineuse n'avait été installée, puisque personne ne venait ici, surtout pas en pleine nuit. Cette absence de présence humaine rendit mes recherches encore plus aisées. Diana, en courant, avait laissé des traces, que je suivais sans peine. Avec précaution, je grimpais aux arbres.

Sur une vieille échelle, inutilisée depuis longtemps et abîmée par le temps, je trouvais un peu de sang séché. Je serrais les dents et continuais mon ascension jusqu'à une plateforme. Jamais je n'avais grimpé aussi haut, mais Diana avait dû se dire qu'on ne la trouverait pas, ici.

Elle se trompait.


« Je trouve que Diana est comme toi. »


Diana était endormie, recroquevillée sur les planches. Une mince pellicule de transpiration luisait sur sa peau, sous la lumière. Elle tenait ses mains écorchées contre sa poitrine.

Je m'approchais et la soulevais dans mes bras.

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