Chapitre Huit
Orlan
C'était la troisième fois que je prenais Diana dans mes bras.
La première, c'était pour l'empêcher de braver un interdit et d'aller dans les ruines. Je l'avais plaquée au sol et elle s'était tant débattue qu'elle avait fini par me flanquer un coup de genou dans le bas-ventre.
La seconde fois, c'était encore pour l'empêcher de faire n'importe quoi, en lui évitant de tomber dans un gouffre. A chaque fois, sa vivacité m'étonnait. Diana agissait comme une enfant délicate, surprotégée et à qui on aurait tout donné, jusqu'à ce qu'elle cesse de geindre pour agir avec férocité.
Je la soulevais et traversais un pont de planches jusqu'à un des troncs qui avaient été travaillés pour y installer des chambres, avant que l'idée ne soit repoussée. Je déposais Diana à terre. Sa peau brûlante et moite m'inquiétait, mais je savais ce qu'elle avait. Son visage était rouge, ses lèvres sèches et elle avait le sommeil agité de quelqu'un de fiévreux. Je connaissais ces symptômes, Diana avait attrapé le Mal du Soleil. Tout le monde savait le soigner. Je l'installais du mieux que je pouvais et retournais au village récupérer du matériel.
Le fait que la nuit soit bien avancée m'aida à ne pas me faire remarquer. Faute de matelas, j'installais Diana sur une natte. Je plaçais un linge humide sous sa nuque, le temps de préparer un cataplasme à base d'argile que j'étalais sur son front. Puis j'humidifiais ses cheveux et patientais jusqu'à ce qu'elle se réveille.
Je changeais le cataplasme pour la troisième fois lorsque Diana finit par sortir de son sommeil agité. J'en profitais pour lui faire avaler quelques gorgées d'infusion. La voir aussi docile m'inquiétait et j'espérais qu'une fois la fièvre tombée, elle retrouverait sa fougue.
J'allais la laisser dormir lorsque sa voix s'éleva, dans un faible murmure.
« Ne me laisse pas toute seule. S'il te plait. »
Elle hoqueta et se mit à sangloter douloureusement.
Le cœur serré, je restais assis près d'elle, à l'écouter pleurer la mort de sa famille et des gens qu'elle avait aimé.
A l'écouter pleurer la disparition de son monde.
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