Chapitre Dix
Orlan
Sa fièvre tombée, Diana cessa de pleurer. Je lui conseillais de dormir un peu afin de récupérer avant que l'aube n'apparaisse et elle fit mine de m'obéir en s'allongeant face au mur. Je me postais à l'entrée de la pièce et regardais les dernières heures de la nuit se déliter.
Une fois que le jour se serait levé, Diana devrait retourner au village et accepter d'en devenir membre, ou bien quitter la forêt. Je doutais qu'elle accepte de vivre avec Samuel, dans les ruines de la ville où sa famille était morte. Serafia la laisserait partir si telle était sa volonté et Diana pourrait choisir de s'installer près de l'Océan. A moins qu'elle ne choisisse de rester au village, mais elle en serait bien trop malheureuse. Jamais elle n'accepterait de se plier à nos coutumes.
Il ne semblait pas y avoir de bonheur possible pour elle.
Samuel avait parlé d'un bond dans le temps. Cela voulait dire que Diana avait voyagé au-delà de son présent, elle avait voyagé dans ce qui n'existait pas encore pour elle. Je trouvais cela impossible à réaliser. Impossible à vivre. Pendant qu'elle accomplissait malgré elle ce bond dans le temps, sa famille et ses amis continuaient à vivre sans savoir où Diana était. Les jours s'étaient succédé à un rythme inchangé pour eux et ils avaient finis par mourir. Jusqu'à ce que toute la ville soit abandonnée et se transforme en ruines.
Et Diana était réapparue.
Je me frottais le visage en sentant poindre une migraine qui n'avait rien à voir avec le soleil. Notre appréhension du futur se résumait à prévoir assez de réserves de nourriture en vue de l'hiver. Beaucoup trop de saison s'étaient écoulées dans cette histoire de bond dans le temps. Je m'installais aussi confortablement que possible et attendis que le sommeil m'emporte.
****
Diana se tenait debout sur la plateforme qui reliait les troncs entre eux, lorsque j'ouvrais les yeux. Elle avait le teint pâle de quelqu'un de physiquement éprouvé et elle ne parvint pas à me sourire en se tournant vers moi.
« Je dois voir Serafia. » m'annonça-t-elle.
Je fronçais les sourcils et me relevais. Déranger Serafia n'était jamais une bonne idée, même pour ses propres enfants.
Diana n'attendit pas de réponses de ma part et se positionna pour descendre l'échelle qui la ramènerait au sol. Quoi qu'elle ait pu décider, je doutais que ce soit une bonne chose.
« Orlan ! » appela Diana de la plateforme inférieure.
La forêt était encore plongée dans l'obscurité, mais les oiseaux commençaient à se faire entendre. Le jour ne devait pas être loin.
J'enjambais l'échelle à mon tour.
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