Jeux d’Enfants, Risques d’Adultes

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C’était Samir qui avait eu l’idée des bouteilles consignées. Le petit magasin au bout de la rue, à moins de 100 mètres de chez lui, était familier pour lui. Il connaissait bien le gérant, qui laissait souvent les bouteilles vides à l’arrière, prêtes à être rendues pour obtenir 50 centimes chacune. « Si on les récupère et qu’on les rapporte nous-mêmes, ça nous fait un peu d’argent, » avait-il expliqué à Dragan et Luca. Ce n’était pas un vrai vol, juste une petite arnaque. Avec l’argent, ils achetaient des bonbons, des chocolats, des chips, et des boissons gazeuses sucrées.

Le trio savait que les magazines pour adultes, vendus au kiosque de la gare, leur étaient interdits. Le seul moyen d’en obtenir était de les voler. Ces magazines se revendaient bien auprès des autres garçons de l’école. En plus de cela, il y avait les cartes de basket NBA, qui, depuis les JO de 1992, étaient devenues une obsession pour beaucoup. Samir, lui, était particulièrement fan de basket et avait même rejoint un club d’un village voisin, trouvant dans ce sport une passion qui le détachait de ses bêtises avec Luca et Dragan.

Samir collectionnait les cartes NBA avec fierté. « Un jour, j’aurai la carte de Jordan, » disait-il souvent à ses amis. Luca, quant à lui, se moquait gentiment. « Ouais, mais ça vaut pas un magazine pour adultes, » plaisantait-il, toujours à la recherche de moyens plus excitants de s’amuser.

Avant de se lancer dans le basket, Samir avait pratiqué le judo pendant plusieurs années. Mais après une mauvaise chute en roller qui lui avait cassé le bras, il avait dû arrêter. Le basket avait pris la place du judo, apportant un nouveau défi sportif, tandis que le roller restait un passe-temps occasionnel.

En 1994, la Coupe du Monde de football aux États-Unis attira l’attention de tout le pays, et Samir, comme beaucoup d’autres garçons, se plongea dans la collection des autocollants Panini. Entre les autocollants, les cartes NBA, et le basket, ses journées étaient bien occupées, mais il ne pouvait s’empêcher de retrouver Luca et Dragan pour des aventures plus risquées.

Après avoir exploité les bouteilles consignées, Luca, toujours avide d’adrénaline, eut une nouvelle idée : s’attaquer au kiosque de la gare. « Il y a des magazines là-bas, ceux qu’on peut revendre. On pourrait aussi prendre des cartes NBA. » L’idée semblait tentante, même si Samir et Dragan hésitèrent d’abord. Finalement, l’attrait de l’interdit les poussa à tenter le coup.

« C’est facile, » assurait Luca. « On entre, on prend ce qu’on veut, et on ressort avant que quelqu’un ne remarque quoi que ce soit. » Samir, toujours plus prudent, demanda : « Tu es sûr que c’est pas trop risqué ? » Mais Luca était catégorique. « T’inquiète, c’est comme les bouteilles, mais avec un meilleur butin. » Dragan acquiesça, prêt à suivre.

Un après-midi, ils passèrent à l’action. Le kiosque était souvent fréquenté, mais Luca guida l’opération avec assurance. Il s’empara de quelques magazines pour adultes pendant que Dragan se concentrait sur les cartes NBA. Samir, en retrait, les regardait faire, partagé entre l’excitation et la peur.

Une fois à l’extérieur, Luca ne put s’empêcher d’éclater de rire. « C’était tellement facile ! » Dragan sourit, mais Samir, lui, ressentait un malaise grandissant. Ils s’éloignaient de plus en plus de leurs petites arnaques innocentes, et Samir commençait à s’interroger sur la direction que Luca les faisait prendre.

« Vous voyez, on n’a même pas eu de problème, c’est un jeu ! » s’exclamait Luca, insouciant. Dragan, plus pensif, échangea un regard avec Samir. « Tu trouves pas que ça commence à aller un peu loin ? » demanda Dragan. Samir haussa les épaules, mal à l’aise. « Peut-être, mais Luca a raison, c’est tentant… » Mais il savait que quelque chose avait changé.

Leur soif de frisson les poussa à viser d’autres commerces du village. Ils volaient des bonbons, des cigarettes, et d’autres petits objets. Mais c’était le petit magasin avec le gérant que Samir connaissait qui devint leur cible préférée. Un jour, Luca proposa d’y entrer en pleine journée. Ce qui n’avait été qu’une idée devint une réalité plus risquée.

« On l’a déjà fait avec les bouteilles consignées, » répétait Luca pour les rassurer. « Ce n’est qu’un petit cran au-dessus. » Dragan, lui, commençait à avoir des doutes, tandis que Samir sentait que la limite entre jeu et danger se réduisait.

Ce jour-là, ils se glissèrent dans le magasin comme de simples clients. Samir, bien conscient que le gérant le reconnaîtrait, évita soigneusement son regard. Pendant ce temps, Luca et Dragan prenaient des bonbons et des cigarettes, comme d’habitude. Samir, quant à lui, hésitait.

Alors qu’ils s’apprêtaient à sortir, Samir heurta accidentellement un présentoir. Le bruit attira l’attention du gérant. « Hé, tout va bien ? » demanda-t-il en les observant. Samir se figea, sentant son cœur s’emballer. « Oui, désolé, » murmura-t-il avant de sortir en vitesse avec les autres.

Une fois dehors, Luca ne put s’empêcher de rire. « On l’a échappé belle ! » Mais Samir ne partageait pas cet amusement. Quelque chose n’allait pas, ils allaient trop loin. Dragan, lui, semblait pensif. Seul Luca ne semblait pas voir le danger. « On pourrait aller encore plus loin la prochaine fois, » ajouta-t-il.

Pour Samir, c’était évident. Ils prenaient de plus en plus de risques, et il savait que cela ne pourrait pas durer. L’excitation initiale laissait place à la peur de se faire attraper. Il commençait à se demander si tout cela en valait la peine.

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