Le voyage en ville et le racket dans le train

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Après plusieurs voyages en ville et des vols réguliers de jeux vidéo, de CD, et d’accessoires électroniques, Samir, Dragan et Luca avaient l’impression d’être invincibles. Ils étaient devenus des figures reconnues parmi les jeunes de leur village, et leur commerce parallèle, constitué de revente d’objets volés, prenait de l’ampleur. Mais bien que leur amitié semblait solide, des tensions sous-jacentes commençaient à émerger.

Leur groupe, bien qu’unifié par un passé commun et leurs escapades, était marqué par des conflits internes. La bagarre violente entre Dragan et Luca, survenue quelques mois plus tôt à la piscine municipale, avait scellé leur amitié d’une manière paradoxale. Depuis cet épisode, ils étaient plus soudés, mais Samir ressentait que cette violence, bien qu’oubliée entre eux, ne faisait que croître.

Les vols de jeux vidéo et d’objets ne suffisaient plus à satisfaire leur besoin d’adrénaline. Ils cherchaient toujours plus, et le train qui les transportait chaque fois vers la ville était devenu leur nouveau terrain de jeu. Le racket, au début relativement "soft", commença à devenir plus violent, surtout lorsque leurs victimes hésitaient à leur donner leurs affaires.

Ce jour-là, dans le train, ils repérèrent un adolescent, seul, avec un sac qui semblait contenir des objets de valeur. Dragan, un sourire mauvais aux lèvres, prit les devants. « File le sac, p’tit bâtard. » Sa voix tranchait l’air comme une lame froide. L’adolescent, visiblement terrifié, hésita, les yeux écarquillés. C’est à ce moment que Dragan perdit patience.

« Tu crois qu’on rigole, là ? », rugit-il, avant de frapper le garçon au visage avec une violence brutale. Le coup résonna dans le wagon, faisant vaciller l’adolescent, les larmes lui montant immédiatement aux yeux. Dragan ne s’arrêta pas là. « T’as cru que c’était ton anniversaire ou quoi ? », lança-t-il, se ruant de nouveau sur le garçon avec des coups de pied, sans pitié.

Luca, toujours prêt à en rajouter, regardait la scène, les poings serrés, excité par la tournure que prenaient les événements. « Achève-le, ce con ! », balança-t-il, un sourire cruel aux lèvres. La tension montait d’un cran à chaque coup. Dragan, en transe, continua de marteler le corps de l’adolescent, jusqu’à ce que ce dernier, en larmes, supplie pour que tout s’arrête.

« Tiens, prends tout, juste arrête ! », gémit le garçon, tendant son sac. Samir, quant à lui, restait figé, la scène se déroulant sous ses yeux comme un cauchemar éveillé. Il avait déjà vu des bagarres, mais jamais une telle explosion de violence gratuite, surtout contre un inconnu. C’était une chose de voler des objets dans un magasin, mais frapper un gamin jusqu’à ce qu’il craque... C’était au-delà de tout ce qu’il avait imaginé.

Cette scène marqua un tournant pour Samir. Cela faisait longtemps qu’il ressentait un malaise grandissant face à leurs actes, mais cette fois, c’était différent. Voir Dragan et Luca frapper quelqu’un sans aucune retenue, pour une simple affaire d’argent ou d’objets volés, dépassait tout ce qu’il pouvait tolérer. C’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase.

Le trajet de retour fut marqué par un lourd silence pour Samir. Tandis que Dragan et Luca plaisantaient encore de leur "coup", Samir, lui, ne pouvait s’empêcher de ressentir une profonde culpabilité. Les rires de ses amis résonnaient comme une fausse note dans son esprit. Il n’arrivait plus à se regarder dans un miroir sans être hanté par ce qu’ils venaient de faire. C’était trop. Ce jour-là, il prit une décision qui changerait sa vie.

Il allait s’éloigner de Dragan et Luca, de façon définitive. Il ne leur en parla pas tout de suite, mais dans sa tête, la rupture était déjà consommée. Ce n’était plus juste une question de vols ou de racket, c’était devenu une question de valeurs. Il ne pouvait plus continuer à suivre ses amis sur ce chemin de violence, de plus en plus imprévisible et destructeur. Pour Samir, ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’ils finissent par se faire attraper, ou pire encore.

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