1 - Introduction

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La société de consommation paraît aujourd’hui hors de l’histoire. Par les prêtres et les dogmes qui lui appartiennent, une narrative à été mise en place – c’est-à-dire une généalogie implicite valorisant le présent et une projection heureuse vers l’avenir la valorisant. Par la narrative donc, la société devient, dans l’inconscient des consommants, l’aboutissement d’un mouvement historique grand et profond : tout prend son sens parce que cette société existe et qu’elle aurait mené les aventures humaines à la cime d’un progrès jamais atteint.

La société exhibe avec fierté son avancée technologique ; mettant en avant sa conquête vis-à-vis des divertissements et la fin de la misère – pour eux, en tout cas ; voyant dans la mort présumée de Dieu et des religions l’aboutissement moral le plus raffiné ; mettant sans crainte en avant sa “démocratie” comme stade final de la liberté et de l’organisation sociale ; et sans rougir, parvint à affirmer la fin de la philosophie, son détachement vis-à-vis de sa lente évolution, par l’affirmation du libre arbitre, de la “liberté” et de l’individualisme :

« Nous sommes sortis du déterminisme communautaire ! Nous voilà libres ! » lancent les plus “philosophes” d’entre eux – c’est-à-dire ceux-là parvenant à justifier ce système absurde avec le plus de profondeur possible, autant dire pas grand-chose.

La narrative veut faire de la société de consommation en tout point la finalité de l’histoire : l’obscurantisme et la douleur sont du passé, la consommation est venue là en réponse noble face à l’horreur et la misère, comme la seule réponse possible : le reste des problèmes demeurent simplement techniques et, bien sûr, sous le contrôle du progrès. Cette civilisation-là est supérieure, elle est l’avènement ; son adoration par les consommants se fait par l’antagonisme de l’histoire : elle est sa conséquence mais surtout son opposé, puisque l’histoire est apprise comme étant forcément la culture de la terreur Nazi, de la famine et de l’oppression.

Ensemble, les consommants ne répétent qu'une seule chose : « L’homme moderne a inventé le bonheur ». Ainsi parviennent-ils à rendre naturel la plus décadente des civilisations et à banaliser l’idée même de fin du monde. Quels prodigieux prêtres et prédicateurs que voici !

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