Elle s’appelait Clémentine. Je l’appris quelques minutes plus tard, lorsqu’elle griffonna son prénom dans un coin de son cahier. Son écriture penchée trahissait un tempérament à la fois précis et spontané, et je me surpris à observer chacun de ses gestes : la manière dont elle tordait légèrement ses lèvres en réfléchissant, ou la façon distraite dont elle enroulait une mèche de cheveux autour de son doigt.

À la fin du cours, elle se tourna vers moi :

— Tu es toujours assis là, non ? Je t’ai repéré en arrivant ce matin.

J’acquiesçai, légèrement embarrassé.

— Oui, c’est un peu… ma place, je suppose.

Elle sourit, un sourire sincère qui éclaira son visage.

— Eh bien, j’espère que ça ne te dérange pas si je la partage. Je déteste m’asseoir seule.

Et c’est ainsi que Clémentine s’invita dans mon quotidien. Elle était tout ce que je n’étais pas : extravertie, curieuse, toujours prête à engager une conversation. À chaque pause entre les cours, elle me posait des questions sur ce que je lisais, sur mes auteurs préférés, sur mes rêves. Et peu à peu, ma solitude se mit à perdre de sa saveur.