Chapitre 6 : L’éveil
Les semaines suivantes furent comme suspendues. Chaque moment passé avec Clémentine devenait une parenthèse lumineuse dans un quotidien que j’avais toujours cru terne. Mais avec elle, tout semblait plus intense. Les conversations sur nos auteurs préférés prenaient une profondeur nouvelle, et même les silences entre nous semblaient chargés de sens. Pourtant, quelque chose restait en suspens, un fil invisible tendu entre nous, mais que ni l’un ni l’autre n’osait franchir.
Un soir, après un cours, elle m’invita à marcher avec elle. La lumière déclinante enveloppait le campus d’un halo doré. Nous longions une allée bordée d’arbres, et je sentais qu’elle avait quelque chose à dire. Elle gardait les yeux fixés devant elle, son regard perdu dans l’horizon.
— Lucas, commença-t-elle après un moment. Tu crois qu’il est possible de vraiment connaître quelqu’un ?
Sa question me surprit. Je pris un instant pour réfléchir avant de répondre.
— Je pense qu’on ne connaît jamais quelqu’un complètement, mais… peut-être que c’est ça, aimer. Accepter ce qu’on ne comprend pas encore.
Elle tourna la tête vers moi, et ses yeux semblaient briller d’une intensité inhabituelle. Je sentis mon cœur s’emballer, mais avant que je puisse ajouter quoi que ce soit, elle murmura :
— Parfois, j’ai l’impression que tu me connais mieux que moi-même.
C’était un aveu, fragile et sincère. Et dans ce moment suspendu, je sentis que quelque chose changeait entre nous.
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