Chapitre 3 : Le voyage

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Deux jours plus tard, et le visage de mes équipes médusé toujours en tête, me voilà dans le train direction Paris. Je vais rarement à la capitale, j’ai beaucoup de mal à comprendre l‘attrait que certains ont pour cette ville. Le voyage jusqu’à Auray est le plus beau possible. La campagne Bretonne sous les rayons du début de journée offre son plein potentiel de nuance de vert. On sent, à travers les vitres du train, l’air marin s’adoucir en entrant dans les terres. Le changement de train est synonyme pour moi de sieste. Une fois quitté le Morbihan, le paysage n’est plus aussi intéressant. Je m’endors en regardant les villages et les clochers se Succéder au loin. 

Des rires me sortent de ma léthargie. A Rennes, une classe de primaire est montée dans mon wagon, et à voir les oreilles de souris qui ornent certaines casquettes, j’ai une vague idée de leur destination. L’institutrice est une petite femme charmante. Un visage rond et bienveillant, une voix douce et guillerette, elle est pleine d'énergie et se donne à 200% pour garder ses élèves bien assis et pas trop bruyants. Elle a sorti des marionnettes et commence à improviser un petit spectacle avec un des accompagnateurs. Ils doivent bien se connaitre car d’un simple regard chacun semble deviner les idées de l’autre. Ou bien c’est un spectacle qu’ils font souvent. Ils bougent et se démènent pour que cette saynète attire le regard des bambins. Les enfants rient, applaudissent et moi je replonge dans ma somnolence et rêve de princesse maitresse d’école, entourée de moutons élèves mangeant des glaces.

Arrivé près de Paris, c’est encore les enfants qui me réveillent avec des petits cris de surprise et d’étonnement. Pour certains, c’est peut-être la première fois qu’ils montent à Paris ; ils vont vite déchanter. Je tourne la tête vers la fenêtre. Quelle tristesse ! Malgré le soleil je trouve cette ville moche et j’ai l’impression de déjà sentir son odeur d’urine et d’immondices. Et puis les tunnels arrivent, mon Dieu, ces tunnels ! Je suis sûr que c’est aussi à cause d’eux que je hais autant cette ville. L’acouphène que me provoque l’entrée dans ces espaces clos me vrille le cerveau. Si je pouvais faire une glace au tunnel, là au moins, je provoquerais de sacrées émotions à mes clients. Une petite tape me fais ouvrir les yeux. “ Tenez, machez ça ! Moi aussi je déteste les tunnels.” C’est la petite institutrice qui me tend un bonbon mou au citron, elle est vraiment gentille. Grommelant un remerciement à cause de mon mal de crane, j’attrape la sucrerie et commence à macher. Le gout sucré envahit ma bouche à mesure que mes oreilles se débouchent. Dernière pointe de bonheur avant d’arriver à bon port. Heureusement je n’aurais pas à subir trop longtemps le déplaisir d’être à Paris car mon vol pour Charlotte décolle dans quelques heures.

Je file à l’aéroport, enregistre mon bagage, passe la douane, et me cale sur un fauteuil devant la porte d’embarquement. 13h00 et une escale à Toronto plus tard (j’y ai acheté du sirop d’érable évidemment), j’arrive à Charlotte, monte dans la voiture de location et fonce à Fort Mill. Je touche au but, bientôt je rencontrerai Ed Currie.

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