Chapitre 4 : La rencontre

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Après une nuit dans le motel tout proche de la compagnie de Currie, où j’ai élu domicile pour un temps indéterminé, je me rends à la boutique de piment. Là, je suis accueilli par Linda, la femme de Currie, une dame charmante. Elle m’explique que son mari est parti quelques heures faire une livraison spéciale et qu’il sera de retour avant midi. En attendant, elle me propose une dégustation de leurs spécialités : piments frais, séchés et sauces salsa. Je goute différentes sortes de piment, du moins fort au plus chaud, ou presque. En effet, je sais que Ed Currie veut avoir le privilège de voir ma tête quand je gouterai au fameux Carolina Reaper.

Après quelques verres de lait et un demi-pain, je sens une grosse main se poser sur mon épaule. Un grand sourire aux lèvres comme s’il revoyait un ami de longue date (on ne s’est pourtant parlé que quelques minutes au téléphone), Smokin' Ed Currie me salue avec un “hug” à l’américaine totalement inattendu. Un peu raide, j’attends que l’étreinte se termine. Nous nous présentons en bonne et due forme et Ed - il m’a dit de l’appeler Ed – m'amène dans sa serre.

L’air y est chaud, le soleil inonde cette jungle d’arbustes à piment. Ed semble dans son élément, il s’enfonce très vite entre ses plants. Il en ressort par un autre endroit, deux petits piments rouge vif a la main. Le voilà enfin, le fameux Carolina Reaper. Elu le piment le plus fort du monde par le Guinness world record, entre 2013 – année de sa création - et 2017. Son score sur l’échelle de Scoville se situe autour de 1 570 000 avec des pointes à 2 200 000 Scoville Heath Unit.

Ed m’explique qu’il a obtenu cette merveille en croisant un plan que lui avait donné un médecin Pakistanais et un autre acquis auprès d’un de ses anciens collègues banquiers. Au bout de neuf générations, il a réussi cette hybridation stable qu’il chérit tant. Depuis, on sent tout l’amour que cet homme porte à ses créations, et à voir la vigueur de son jardin, ses plantes le lui rendent bien.

Après ces explications il s’approche tranquillement d’un petit frigo installé dans la serre. Il en sort une brique de lait, verse un verre et me le tend, accompagné du fameux piment tout juste cueilli. Une forme plutôt ronde mais avec une assez longue queue pointue, son aspect fripé et son rouge vif, réveille mon instinct : "Ne mange pas ça, tu vas mourir !" Mais évidemment, je suis venu pour ça et n’écoutant que ma folie, je croque à belle dent dans le petit fruit.

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