Chapitre 3-Inscription en Mairie
Le père se rendit à l'hôtel de ville pour déclarer la naissance, pensant que ce serait une simple formalité. Un officier d'état civil, manifestement désireux de paraître important, commença à poser des questions.
— Votre nom, s'il vous plaît.
— René Roche.
— Roche, comme la pierre ?
— Oui, c'est cela.
Prenant la carte d’identité.
— Vous êtes né le 28 août 1926, c'est bien ça ? Ma mère est née aussi le 28 août.
— Ah ! Oui ! Bien sûr.
— Quelle est votre profession ?
— Comptable à La Provimi.
— Marié ? Le nom de l’épouse ?
— Rosa Roche.
— Sa date et son lieu de naissance ?
— Le 28 septembre 1931, Figueras.
— Figueras avec un A, en Catalogne, près de la frontière française ?
— Oui, c'est bien ça.
L’agent vérifia dans une nomenclature et confirma que Figueras était bien en Catalogne. Selon la coutume locale, il fallut ajouter deux prénoms auxiliaires. Celle-ci exigeait les choix de ceux des deux grands-parents paternels et maternels qui, disait-on, protégeaient l'enfant du mauvais sort.
Alors que l'agent s'apprêtait à terminer l'inscription, il se tourna soudainement vers la photographie du président de la République Vincent Auriol accrochée au mur. Dans un élan de patriotisme inattendu, il exécuta un salut militaire exagérément solennel, comme s'il était en présence du Président lui-même. Ce geste, totalement hors de propos dans le contexte d'une simple déclaration de naissance, provoqua un éclat de rire chez René, qui ne put s'empêcher de remarquer l'absurdité de la situation. L'agent, réalisant le ridicule de son geste, tenta de se ressaisir en toussotant discrètement, mais le malaise était palpable. Ce moment burlesque, bien que bref, ajouta une touche de légèreté à la scène et resta gravé dans la mémoire de René.
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