A l’approche du matin, le soleil émergeait de sous les voiles des bateaux amarrés dans le port de Lanioche. Les marchandises de mon père attendaient sur l’un d’eux : une imposante galéasse, peinte de rouge. Elle devait nous porter jusqu’à Darsenia, nous permettant d’éviter les dangers de la forêt amerrine et les difficultés du désert blanc au sud.

Alors que le navire quittait son repos et nous emmenait sur la mer thyrénique, la Cité apparaissait dans toute son ampleur. Ses rues étroites serpentaient sur le corps de la vallée qui la portait. Ses places et ses forums perçaient par endroits sa masse comme des clairières. Les feux des torches doraient encore les murs ocres de ses bâtiments et faisaient scintiller ses canaux. Les lanternes des gondoliers voletaient au-dessus de leurs eaux, comme d’énormes vers luisants. Au loin, surplombant les résidences des riches familles, les temples des Sorniates se devinaient seulement, embrumés par le matin.

Le bateau balançait doucement au rythme des vents qui nous menaient au continent. Mon père discutait avec un autre marchand, en caressant nos deux chevaux : Pator et Calux. Regardant les dernières lumières de la cité s’éteindre, je commençais mon premier voyage à travers la Terre de l’Ouest.