La galéasse nous porta sur la mer thyrénique jusqu’à Darsenia. Elle passa devant le chantier naval voulu par Corelus le Grand. C’est lui qui, pendant la Grande Guerre Royale, avait bâti la flotte de la Coalition. Elle l’avait mené à la victoire sur les orques venus de l’Est et avait apporté aux nôtres, les laniochais, la richesse et le respect des peuples de l’Ouest.

Derrière les navires en construction, les maisons et les palais semi-troglodytes se découpaient sur le flanc des falaises, en un dédale d’escaliers et de terrasses. A l’approche du port, les bruits des ouvriers, des marchands et des artisans commencèrent à se mêler à ceux des oiseaux de mer. Le soleil était encore haut et sa chaleur faisait bouillonner la ville d’activité.

Sur le quai, trois femmes de bronze accueillaient les voyageurs. La statue incarnait les trois grandes familles continentales qui gouvernaient Darsenia pour le compte du Roi. Elles constituaient les douze maisons qui menaient notre peuple, aux côtés des grandes familles urbaines, demeurant à Lanioche.

J’aidais mon père à descendre nos marchandises, ainsi que Pator et Calux, heureux de retrouver la terre ferme sous leurs sabots. Nous devrions passer la nuit dans la ville, avant de reprendre la mer pour rejoindre Cacum, à l’embouchure du Nephrate. D’autres marchands nous accompagneraient. Certains remonteraient le fleuve jusqu’à Tavenne, puis la cité souterraine de Beropolis. D’autres, comme nous, prendraient la grand-route des tan qui partait de la côte et traversait les plaines de Dèhle, reliant ainsi les trois peuples humains : laniochais, déhliens et borhéens. J’avais hâte de découvrir ces terres étrangères.