Chapitre 7 - La Source
Le défilé continuait sur quelques centaines de mètres avant de s’ouvrir sur la vallée de la source du Rhon. A sa sortie, nos yeux durent se réhabituer à l’éclat du soleil. Ce voile de lumière se levait sur la capitale des sumitor.
La cité s’étendait partout, remontant les flancs des montagnes jusqu’à leurs coiffes de neige et s’allongeant autour de canaux cristallins. Les nains avaient ciselé le corps rocheux en palais et en temples, en terrasses, en ponts et en voies pavées. La vallée entière semblait recouverte d’une dentelle de pierre dorée.
Entourés d’autres voyageurs et de citadins, nous descendîmes la voie principale vers le centre de la ville. Son bouillonnement nous enveloppa. Des accents variés se mêlaient dans les discussions. Des odeurs alléchantes sortaient des auberges, entouré des bruits métalliques des artisans. Les habitants portaient des bijoux d’or dans leurs cheveux ou leurs barbes pour maintenir leur tressage.
A l’horizon de l’avenue, une statue monumentale s’élevait du cœur de la perspective. Ses peintures colorées étincelaient sous le soleil. Korhée. La déesse du destin présentait ses mains au-dessus de la ville. L’une tenait des graines de blé et l’autre de l’ivraie. Contre sa robe de granit se tenaient ses deux bambins : Sorne et Arne, les dieux des choix.
Comme piqués par une peur soudaine, nos chevaux hennirent en tirant sur leurs liens. Un sentiment étrange me parcourut. La ville entière se figea, suspendu au silence. Les regards se croisèrent dans un instant trop long. Des nuées noires avaient avalées le soleil.
La terre trembla ! Le chaos déferla sur nous, en torrents de cri ! Des gens couraient en tous sens et des flots de peur coulaient en nous. La terre trembla !
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