Des cendres avaient recouvert le ciel, qui gisait noir au-dessus de la ville. Le calme était revenu dans la capitale rhonienne, au milieu des gravats et de la poussière, des blessés et de ceux et celles qui les aidaient.

Les Monts Noirs étaient entrés en éruption. Ils avaient ébranlé les Terres Mortes, loin à l’Est. Leurs hurlements avaient traversé la Mer de l’Entre-Monde et gravi les Montagnes de Cristal. Ils avaient déferlé sur nous, nous avaient noyé dans l’effroi. La cité se relevait doucement.

L’après-midi qui suivit, des crieurs et des soldats nous pressèrent de rejoindre la place principale. La foule amassée gonfla autour de nous pendant une bonne heure, avant que des trompes ne retentissent.

Les portes du palais royal s’ouvrirent sur une procession de nobles, encadrant le couple royal. Les monarques portaient chacun une longue robe rouge, filée d’or en motifs géométriques. Ils s’avancèrent d’un même pas sur la terrasse qui surplombait la foule. Un vent poussiéreux agitait la chevelure de la Reine et la barbe tressée du Roi dans l’ombre d’un ciel morne.

Les souverains s’adressèrent ensemble à leur peuple, déposant leurs voix assurées sur la foule. Ils déplorèrent les morts et les pertes, mais vantèrent l’endurance et l’ingéniosité des nains des sommets, leur opiniâtreté et leur force. L’espoir revint peu à peu dans le cœur de ceux et celles qui étaient là.

Le lendemain, des fonctionnaires balayaient la ville à la recherche de cavaliers survivants, aptes à porter des messages de la catastrophe et à s’enquérir des pertes subies par les autres villes de l’Ouest. Des volontaires se manifestèrent et parmi eux, moi.

Mon père s’y opposa, mais finit par céder. On me confia un cheval des montagnes, dont l’endurance compensait la petite taille, à l’image des nains. Mon père partirait vers le Nord et la forêt d’Apanie, où vivaient les elfes continentaux, les kattels. Je m’élancerais vers la Porte des Cendres, la forteresse qui gardait le passage vers les Terres Mortes.