Prologue (1/2)

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Les cloches de la grande cathédrale sonnaient minuit. Désormais, on n'entendrait plus leur chant avant le lendemain matin. La douce lumière de l'astre d'argent bénissait la cité d'Arx. Les rues étaient, pour la plupart, bien vides à cette heure tardive. Quelques rares badauds s'y trouvaient encore, déambulant pour retrouver leur chemin, certains encore enivrés par l'alcool consommé quelques heures plus tôt. Au détour d’une rue, on pouvait tomber sur quelques filles de joies qui vendaient leurs corps au premier venu. En espérant que ce premier venu soit en possession d’une bourse bien remplie qu’il était possible de soulager… Le quartier des diverstissements n'était pas le plus accueillant, et ce, malgré son nom avenant. Celà faisait de nombreuses années que ce coin de la ville n'était plus festif. Désormais, il n’y avait pas que les prostituées pour vider les bourses pleines. Des voleurs aux doigts agiles ne se gênaient pas pour faire ce genre de choses en passant avant de disparaître.

La jeune femme courait à en perdre haleine, sans se retourner. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle courait ainsi. Son chignon était en désordre, et de longues mèches brunes volaient derrière elle. Ses grands yeux noirs brillaient de larmes, envahis par une crainte presque palpable. Il lui semblait qu'elle s'enfonçait dans les entrailles de la cité, toujours plus profondément. Avec l'impression que les rues devenaient de plus en plus étroites et sombres. S’arrêtant un instant pour reprendre son souffle, elle remarqua qu’un lourd silence pesant avait prit possession de l'endroit. Elle n'entendait que sa respiration, donnant l’impression que quartier avait été totalement déserté. Mais aucune lumière n'était visible à travers les nombreuses fenêtres. La jeune femme leva la tête vers le ciel, espérant apercevoir la lune. Mais cette dernière était cachée derrière les nuages, laissant sa lumière disparaitre pour faire place à une pénombre malsaine et froide. Elle avait l'impression que des ombres inquiétantes se dessinaient sur le sol. La cité de lumière révélait dans les ténèbres son véritable visage. Un coeur rempli de noirceur. Alors elle s'était remise à courir, chacun de ses pas la plongeant un peu plus dans l'obscurité.

Elle était suivie. Elle devait fuir coûte que coûte ceux qui voulait sa peau. Si jamais elle se faisait attraper... Elle ne voulait même pas imaginer ce que ses poursuivants feraient d'elle. Son coeur battait à tout rompre dans sa poitrine, avec l'impression désagréable qu'il allait exploser d'un instant à l'autre. Elle courait, encore et encore, avant de ralentir de nouveau, à bout de souffle. Elle n'en pouvait plus. Et alors qu'elle pensait que ceux qui la traquaient avaient enfin abandonnés, elle entendit des cris derrière elle. Des cris d'hommes qui avaient jurés sa perte. Son coeur venait de manquer un bond, et elle s'était remise à courir de plus bel, ses poumons enflammés par la course, ne faisant pas attention où elle mettait les pieds tant la peur avait prit le dessus sur le reste. Elle voulait juste fuir cet endroit, fuir ceux qui la poursuivait, simplement fuir. Et alors qu'elle s'élançait vers le bout de la ruelle, elle tomba lourdement sur le sol. La jeune femme retint un grognement de douleur, et tenta de se relever... Avant de recevoir un coup de pied dans les omoplates qui la fit tomber face contre terre. Des voix moqueuses s'élevèrent derrière elle.

—Eh bien alors ? On fait moins la maligne maintenant !

—Par la déesse, elle nous aura quand même fait courir, cette salope…

—Comme si elle pouvait échapper aux Chevaliers de l'Ordre aussi facilement.

Une main gantée de fer, glaciale, l'attrapa par le col de sa robe, la forçant à se retourner vers ses assaillants. Sa gorge était nouée par la frayeur, car elle savait qu'elle était perdue. Elle n'avait plus aucune chance de pouvoir fuir leur courroux. Les trois hommes en armure la regardaient, comme des prédateurs qui observaient leur proie, leurs visages déformés par des sourires carnassiers. La jeune femme tremblait de tous ses membres, incapable de dire quoi que ce soit ou de bouger. En quelques secondes, elle était devenue le gibier qu'on allait abattre sans états d'âme.

—Nous pourrions peut être lui laisser une toute dernière chance ?

Cette fois-ci, la voix provenait de l'autre bout de la rue. La jeune femme bougea doucement la tête pour voir qui lui offrait une chance de salut. Deux autres hommes en armure, membres de l'Ordre sans qu’aucun doute ne fut permis, venaient de faire leurs apparitions. Celui qui venait de parler, un jeune homme aux cheveux clairs et au regard perçant, ajouta sur un ton amusé :

—On lui laisse une quinzaine de secondes d’avance et après on se remet à sa poursuite… Tu en penses quoi mon frère ?

Le frère en question secoua la tête en haussant les épaules, sans même lancer un regard à son interlocuteur, puis lui répondit d’une voix qui semblait fatiguée :

—Fais ce que tu veux Luca… Mon avis ne changerait rien de toute façon. Si faire ce genre de choses t’amuse, alors fais-le.

Le dénommé Luca éclata d’un rire puissant qui résonna dans la rue, puis il donna une bourrade fraternelle à son interlocuteur.

—Il va vraiment falloir que tu apprennes à te détendre un peu Lucian… Surtout pendant la chasse…

—Si tu arrives à te détendre comme ça, tant mieux pour toi…

—Oh, ça finira bien par venir… Il suffirait que tu participes plus souvent, et que tu t’investisse.

Lucian poussa un soupir désabusé, et son regard se posa sur la pauvre femme qui avait du mal à se relever. Elle lui faisait pitié, mais il ne pouvait rien faire pour lui venir en aide. A part peut être prier la déesse pour que cette dernière lui vienne en aide, mais il ne croyait pas aux miracles. Il ne croyait plus aux miracles depuis très longtemps… L’un de ses camarades releva la femme de force, avant de la pousser violemment. Manquant de trébucher sur le sol, cette dernière lançait des coups d’oeil autour d’elle, ses yeux écarquillés et débordant de larmes. Son regard croisa celui de Lucian, et ce dernier ne pu le maintenir plus de quelques secondes, détournant sa tête de ce spectacle, son coeur se gonflant de honte.

La voix de Luca se fit de nouveau entendre, avec une certaine pointe d’amusement dans ses propos :

—Une quinzaine de secondes, pas plus ! Après ce laps de temps, nous nous remettrons à ta poursuite. C’est bien compris la sorcière ?

La jeune femme eut un hoquet de surprise, ne croyant pas trop ce qu’elle venait d’entendre. De toute façons, avait-elle vraiment le choix ? Si il y avait une chance pour elle de s’enfuir et de leur échapper, elle n’allait pas la refuser. Elle hocha doucement la tête, attendant sagement, n’osant pas faire de gestes pour l’instant. Ces monstres étaient capable du pire, et elle ne voulait pas mourir bêtement alors qu’elle pouvait profiter de cette aubaine. La voix désagréable à son oreille de l’homme en armure résonna de nouveau.

—Tu es prête ? ALORS COURS !

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