Chapitre 8 - Adieux et Bienvenues

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Quelques mois plus tard, Malo reçut un appel désespéré du père de Thor qui pleurait tout en parlant. Malo ne comprenait rien : Tudal parlait en islandais mâtiné de français. Malo imaginait la mort de Thor. Puis, enfin le vieil homme se calma et raconta:

«Il est arrivé un malheur. Ölrún a eu un accident. Après ta visite ici, elle m'a appris qu'elle était enceinte. Tu penses que j'étais fâché. Tu penses, enceinte à seize ans. J'avais même honte de le dire à son frère quand il m'appelait. Elle devait accoucher dans un mois et demi. Et elle a eu ce satané accident de scooter. Elle est dans le coma. Aujourd'hui, les médecins vont faire naître le bébé par césarienne, car son cœur devient trop faible. Je ne sais pas quoi faire. J'ai l'impression de revivre le même cauchemar qu'il y a seize ans. Malo je désespérais.

- Je prends le premier avion possible pour l'Islande. J'arrive. Faut-il que je prévienne Thor?

- Ah non! Surtout pas! Il rentre dans moins de deux mois maintenant. Quoi qu'il arrive, il ne peut hélas rien faire. Je ne sais même pas si c'est raisonnable que tu fasses tout ce chemin pour nous.

- Vous êtes ma famille, alors je viens. Ne venez pas me chercher à l'aéroport, je louerai une voiture. Courage!

- Merci, Malo! dit la voix lasse de Tudal.»

Malo organisa son départ pour l'Islande, et Sam annula ses rendez-vous et passa la consigne à tous de taire ce qui était arrivé dans la famille de Thor au cas où il appellerait.

À peine descendu d'avion, Malo sauta dans la voiture de location et prit la direction de l'hôpital universitaire Landspítali à Reykjavík. Il trouva Tudal, debout sur le parking, l'air hagard, une pipe éteinte au bec. Il la gardait légèrement pendante au coin de sa bouche, son regard bleu délavé s'était perdu dans les nuages bas en face de lui. Il fit un sourire triste à Malo. Tout son visage se creusa de rides profondes: il était flagrant qu'il avait pris un coup de vieux depuis la dernière fois où Malo était venu. Il serra Malo dans ses bras:

«Oh Malo! Merci d'être là. Je suis si fatigué. Je me sens vieillir. Je ne crois pas être capable de continuer à assumer la responsabilité de Vikingur. Oui je me suis permis de l'appeler le bébé Vikingur en hommage à Thor, c'était aussi le prénom du grand-père maternel de ma femme. Ma fille m'avait dit qu'elle n'en voulait plus. Je suis perdu. Si fatigué.

- Venez-vous asseoir.

- Ölrún est dans un coma profond. Les médecins n'ont plus d'espoir. Elle ne respire que grâce à des machines. On me laisse un peu de temps avant de la laisser partir. Comment je vais faire? Tu te rends compte, la même histoire se rejoue. Mais qu'est-ce que j'ai fait au ciel pour vivre ça encore et encore. Je sais bien que tu as déjà eu la bonté de laisser Thor naviguer comme il l'a toujours voulu, mais maintenant j'ai peur de perdre mon fils. Je sais aussi que tu travailles d'arrache-pied pour vous faire une belle vie et je ne t'en remercierai jamais assez. Mais je crois que je vais te demander quelque chose de totalement déraisonnable et inapproprié! Mais je ne peux le demander qu'à toi, tu es ma bouée de sauvetage: peux-tu emmener Vikingur avec toi en France? Je me suis permis de préparer tous les papiers officiels. Thor et toi en serez ses tuteurs légaux.»

Malo resta coi. Il n'aurait jamais pensé s'occuper d'enfant avant cette demande.

Malo resta trois semaines en Islande. Ölrún fut enterrée à côté de sa mère. Le petit Vikingur était solide comme son oncle et son grand-père. Dix jours après sa naissance, il pouvait déjà rentrer à la maison. Malo prit les devants: il acheta tout ce que la vendeuse trouvait nécessaire pour un bébé. Il évita le gros matériel de puériculture, poussette et autres objets encombrants car il accepta la demande de Tudal: Vikingur l'accompagnerait aux Ateliers du Bonheur. Tudal refusa de les suivre, il ne voulait pas quitter son épicerie, mais surtout, il voulait rester près de sa femme et de sa fille. Il avait confié son fils et son petit-fils à Malo. Malo sentait bien tout le poids des responsabilités qu'il venait d'accepter. Il se sentit comme un petit enfant dépassé par les évènements. En larmes, il téléphona à ses papas:

«Papa, appelle papa pour qu'il écoute. Je viens de faire quelque chose de totalement inconsidéré. Je suis perdu. J'ai besoin de vous de toute urgence. J'ai envie que vous me preniez dans vos bras.

- Bon, mon chéri, calme-toi et raconte nous ce qui ce passe. Cela ne peut pas être si grave. Derrière, Malo entendait son second papa dire «Il ne peut pas tomber enceint alors on est sauvé!» N'écoute pas les blagues de ton père. Vas-y raconte nous.

- Et bien, si, c'est comme si j'étais enceint.

- Mais qu'est-ce que tu nous chantes, mon chéri? Tu as mis une fille enceinte?

- Non, papa.»

Malo narra sa rencontre avec Thor et tout le déroulement des évènements:

«Tu vas avoir trente ans. Maintenant, tu as un bébé et un compagnon. Il va falloir assurer. Nous sommes là en cas de débordement. Dès que tu es rentré d'Islande reste un peu à la maison à Paris. Nous vous avons élevé toi et ta sœur, alors les bébés ça nous connait. Papa va louer ce qu'il faut pour quelques jours. Si tu as une ordonnance pour le petit, fais une photo et envoie-la nous. Ne te fais pas de bile, on est toujours là pour toi. Tu vas être un super papa poule. Courage, mon chéri. On t'attendra à l'aéroport. On t'aime, mon chéri. À dans deux jours!»

Malo resta une semaine chez ses papas qui ne voulaient plus le laisser partir, non pas, que Malo leur manquait vraiment trop, mais ils étaient gagas devant leur premier «petit-fils» comme ils se plaisaient à le nommer. C'étaient eux les papys-gâteau. Vikingur repartit avec un livret A rempli à son maximum. Les assurances-vie eurent un nouveau bénéficiaire. Ils faisaient des plans d'avenir sur un bébé qui n'avait pas deux mois. Ils étaient pires que des parents biologiques. Vikingur leur avait redonné une seconde jeunesse.


Après une période de tristesse, un vent d'excitation souffla sur les Ateliers. Avec la venue de deux nouveaux arrivants, Boris et Éloi, et le retour de Malo et du bébé, il y eut un surcroit d'activités. On mit en stand-by certaines besognes et on ne reprit pas de nouveaux chantiers extérieurs. Le trouple délégua à leurs équipes respectives les chantiers en cours. Alfred, le menuisier, passait ses soirées à fabriquer des meubles pour Vikingur et à aménager la deuxième chambre de l'appartement de Malo. Val s'était porté volontaire pour les achats de puériculture: arrivèrent de nombreux sacs contenant des vêtements, des biberons, des chauffe-biberons et autres, une poussette dernier cri, des transats car Val pensait que chaque appartement devait pouvoir accueillir Vikingur. Victor et Sébastien installèrent une baignoire dans la salle d'eau de Malo, tant pis pour lui, il perdrait des rangements. Sam s'attela aux tâches administratives et au plus important à ses yeux, l'achat de livres, de jouets éducatifs et autres «priorités». Chacun fit ce qu'il faisait de mieux. Une émotion était plus palpable chez certains hommes: Alfred, Sébastien et Val faisaient partie des oncles enthousiastes. Les autres n'avaient rien contre mais ne s'imaginaient pas s'occuper du bébé. Val voulait gérer l'agenda de garde de Vikingur, pour lui, tout le monde pourrait garder le bébé. Il ne parlait plus que de Vikingur. Il avait déjà installé un endroit avec une peau de mouton pour prendre des photos de «son» neveu. Sam mit le holà:

«Vikingur a déjà deux papas. Il va falloir que tu les laisses s'habituer à leur enfant. S'ils ont besoin d'aide, tu pourras te proposer. Mais, je crois que là tu en fais trop et tu risques d'être intrusif. Dis-toi que Thor ne sait pas encore qu'il a perdu sa petite sœur et qu'il se retrouve responsable de son neveu dont il ne connaissait même pas l'existence. Ne crois-tu pas que cela va faire beaucoup pour un jeune homme de vingt-et-un ans? Alors, respire, et sois là s'ils te le demandent. Ils vont devoir gérer l'arrivée d'un enfant, leurs retrouvailles et une vie à trois.»

Val calma son excitation face à la réalité et à la sagesse de Sam.

Lorsque Thor appelait au téléphone, Malo n'avait pas eu le courage de lui raconter les évènements de ces deux derniers mois. Thor rentrait en France après avoir laissé le bateau à Vancouver. Malo et Vikingur vinrent le chercher à l'aéroport dans une voiture de location avec siège pour bébé. Malo s'était vite habitué à penser à son bébé, car oui, il considérait Vikingur comme son bébé, comme son fils. Il avait peur que Thor n'accepta pas cet état de fait. Il le comprenait bien, avoir vingt-et-un ans et se retrouver père de substitution, ce n'était pas une mince affaire. Sans compter qu'il reprenait ses études dans quelques jours.

Arrivés dans la salle de débarquement, Malo et Vikingur attendirent Thor. Malo et son bébé attirèrent nombres de jeunes femmes émerveillées. Malo étant dans un état de nerfs effroyable, il ne leur parlait pas ou répondait sèchement qu'il attendait son compagnon. Il n'eut qu'une demi-heure d'attente. Vikingur dormait dans son porte-bébé ventral en suçotant sa main. Poussant un chariot lourdement chargé, Thor était dans les derniers à débarquer. Il voulut courir vers Malo, mais il cassa son élan envoyant le porte-bébé. «Et merde! C'est quoi ça? Il a fait un môme pendant notre séparation? Merde, merde, merde!» pensa-t-il.

Malo avançait doucement, il avait la tête qui tourne et envie de vomir. Son cœur était si serré qu'il eut peur de tomber dans les pommes:

«Ce n'est pas ce que tu crois. Allons-nous asseoir, j'ai énormément de chose à te dire.»

Ils s'assirent l'un à côté de l'autre sur une rangée de sièges vides. Ils ne s'étaient ni embrassés ni pris dans les bras ni même serrés la main. Thor n'avait pas encore ouvert la bouche. Au fur et à mesure que Malo avançait dans son récit, Thor se décomposait. Il serrait les lèvres et respirait de façon saccadée. Plus il essayait de respirer, plus tout se bloquait. D'un coup, sans avoir encore dit un seul mot, il se leva et retourna au chariot. Malo le suivit:

«Attend moi! Thor attend!

- J'ai pas fini mon boulot!» furent ses premiers mots.

Il se dirigea vers la sortie et héla un taxi:

«J'ai loué une voiture. On peut rentrer aux Ateliers?

- J'ai encore du travail, j'aurais fini demain à midi.

- Tu veux venir chez mes pères?

- Laisse tomber. Je vais à l'hôtel me reposer. Tu peux me suivre si tu veux. Je t'envoie l'adresse.

Malo restait bouche bée, il ne fit que hocher la tête.

Très affligé, il rejoignit Thor à l'hôtel. Il était dans le hall, incapable du moindre geste, assis du bout des fesses sur le bord d'un fauteuil avec Vikingur dans le porte-bébé, avec dans une main le sac de Vikingur et dans l'autre, le sien. Son visage était inondé de larmes, il l'essuya maladroitement lorsqu'il vit Thor descendre les escaliers et qui se dirigeait vers la réception:

«Bonjour, je voudrais une chambre simple, s'il vous plaît, madame, demanda Malo à la jeune réceptionniste.

- Ça va monsieur? Vous vous sentez bien?

- Oui, oui. Je suis juste un peu fatigué.»

Thor s'adressa à la jeune femme:

«S'il vous plaît, annulez la réservation. Se tournant vers Malo. Venez dormir avec moi.»

L'étau qui enserrait la cage thoracique de Malo depuis plusieurs jours se relâcha légèrement. Il avait envie de remercier Thor, de le prendre dans ses bras, mais Thor prit d'autorité les deux bagages des mains de Malo et les monta à l'étage. Il redescendit et vit Malo qui était assis sur les marches: il pleurait ainsi que Vikingur. Thor les prit dans ses bras et murmura:

«Je suis désolé! Pardonne-moi!»

Thor posait des questions à Malo sur le bébé. Il n'osait pas le toucher. Il n'évoqua pas les évènements tragiques. Malo partit prendre une douche. Thor se retrouva seul, à tenir Vikingur dans ses bras, qui le regardait intensément, tout en posant des questions sans réponse:

«Qu'est-ce qu'on va faire de toi? Pourquoi les femmes de notre famille disparaissent?»

Il se mit lui aussi à pleurer. Il se rendit compte à ce moment-là, qu'il ne reverrait jamais plus sa sœur. Il prit la décision d'aller en Islande voir son père:

«Tu vois, Vikingur, Il ne faut pas attendre pour faire un truc important. On va aller voir papy. Si Malo est d'accord, on ira tous les trois. Je crois que quoi qu'il arrive, maintenant, tous les trois, on est lié ad vitam aeternam

Il embrassa le front de son neveu. Il se dit qu'il ne pouvait pas être son neveu, mais bien son fils. Un sourire quelque peu triste aux lèvres, Malo les observait depuis l'embrasure de la porte de la salle de bain. Thor passa à son tour sous la douche, puis ils se couchèrent après la tétée de Vikingur. Thor s'endormit rapidement.

Malo pensa qu'il avait beaucoup changé. L'adulescent qui était parti, il y a un an avait disparu. C'était un homme qui était revenu. Son corps avait changé: il était plus poilu; il s'était aminci, il avait perdu ses joues rondes, son visage s'était émacié. Surtout, il semblait s'être endurci, il avait réussi à garder un peu de sang-froid à l'écoute des malheurs qui s'étaient produits. Il s'était même endormi comme une masse sans avoir besoin des bras de Malo. Malo avait eu un petit pincement au cœur: Thor n'avait plus besoin d'être paterné. Mais Vikingur lui aurait encore longtemps besoin de ses bras et de son parternage. C'était donc un autre Thor qui lui était revenu. Tous trois s'endormirent. Deux heures plus tard, Malo ouvrit les yeux et vit Thor assit sur le lit qui tenait Vikingur qui babillait sur son poitrail poilu. La main de Thor serrait celle de Malo.

Ils nourrirent leur enfant, puis partirent manger au restaurant. Thor garda Vikingur dans le porte-bébé pendant tout le repas. Il fit part à Malo de son désir d'aller voir son père et de rendre hommage à sa sœur. Il lui apprit aussi qu'il s'était engagé pour repartir dans deux mois pour Vancouver. C'était une courte expédition de trois mois, où il naviguerait entre les îles Aléoutiennes, puis dans le Pacifique-Nord et il mettrait cap sur le Japon. Il rentrerait là avant Noël.

Ils revinrent à l'hôtel. Leur fils dormait profondément.

Ils se regardaient, ils se rapprochaient, ils se sentaient, ils se frôlaient, ils se touchaient comme si leurs yeux, leurs nez, leurs bouches, leurs doigts et leurs corps se souvenaient des rencontres oubliées d'antan. Alors que maintenant, à cet instant précis, tout était nouveau. De peur de réveiller leur bébé, ils prirent d'assaut la salle de bain. Ce fut sauvage et brutal, dans l'ivresse de leur concupiscence, ils se mordirent, se griffèrent et se prirent avec âpreté, puis au fur et à mesure des orgasmes, cela devint tendre, attentionné et doux. Sous une douche très chaude, ils prirent le temps de redécouvrir leur peau et leurs muscles respectifs. Ils retrouvèrent leur délicate dévotion mutuelle.

Le retour aux Ateliers du Bonheur fut calme et particulièrement chaleureux. Val offrit son aide, et joignit le geste à la parole en kidnappant Vikingur. Malo et Thor ne se lâchaient pas la main. Ils parlaient peu, mais se regardaient intensément. Il fut décidé qu'ils devaient retrouver leur corps à corps public. Val était aux anges de pouvoir garder Vikingur afin que ses papas puissent se retrouver pour une soirée.

La semaine suivante, Thor et Malo s'étaient vêtus simplement mais élégamment: des pantalons taille haute à pinces noirs, des chemises blanches, des gilets de couleurs vives et des chaussures en cuir à talons plats. Ils étaient prêts pour reprendre leur rendez-vous amoureux hebdomadaire. Ils y tenaient particulièrement: pour Thor, c'était la joie de voir Malo heureux et si beau. Pour Malo, c'était une excitation tout autant émotionnelle que sexuelle: rien n'était plus émoustillant que de serrer Thor étroitement contre lui, surtout depuis la libération des émotions et la reprise de confiance de Thor. Ils formaient un couple peu ordinaire mais si sensuel. Ils étaient bien souvent le seul couple d'hommes dansants ensemble. Malo n'aimait avoir entre ses bras que Thor qui lui n'aurait pas pu lâcher prise avec un ou une autre partenaire.

Depuis le retour en France de Thor, c'était la première fois qu'ils allaient s'exhiber. lls allaient afin se libérer et apprécier leurs corps sur un parquet. Malo avait essayé différentes façons d'aider Thor à avoir une meilleure image de lui-même, pour qu'il se voie tel qu'il était et non tel qu'il croyait être. La danse était une thérapie qui commençait à porter ses fruits.

Le sens du rythme de Thor qui était peut-être dû à son oreille absolue, lui avait ouvert des portes vers l'acceptation de sa corpulence. Il faisait tourner les têtes sans en avoir conscience. Tous deux aimaient la sensualité du tango et le son du bandonéon aussi fougueux que farouche. Ni l'un ni l'autre n'avait le profil de danseurs de tango, pourtant ils étaient connus pour être époustouflants de beauté et d'élégance dans leur pratique.

L'on avait longtemps dit que le tango était étroitement lié à la virilité, à l'affirmation du mâle qui veut faire plier sous lui, la femme soumise; cette description du tango faisait bien sourire Malo qui ne voulait nullement danser avec une femme encore moins soumise. D'après Enrique Santos Discépolo, poète et compositeur argentin de nombreux tango, le tango était aussi «une pensée triste qui se danse». Pour Malo et Thor danser, c'était incarner une pièce de théâtre de bastringue. Ils s'imaginaient marins dans le port de Valparaiso ou de Buenos Aires, glissant entre d'autres couples d'hommes dans un bouge malfamé et enfumé.

Avant de faire le moindre pas, afin d'installer le désir et la sensualité, Thor et Malo commençaient par un cabeceo: Malo guettait discrètement Thor du coin de l'œil, puis après tout un jeu de regard délicat et pudique, il l'invitait à danser en lui tendant une main. Si Thor détournait la tête, c'est qu'il rejetait l'invitation. S'il soutenait le regard fiévreux de Malo, alors il prenait sa main dans la sienne et Malo l'emmenait vers le parquet.

Cette fois-ci encore, Thor n'avait pas détourné les yeux. Malo s'approcha, lui tendant une main ferme et secourable pour l'aider à descendre du haut tabouret. Thor se rajusta et lui sourit timidement. Le «Libertango» d'Astor Piazzolla s'envolait dans les airs. Le couple tournait, se frôlait, se collait, s'enroulait, se rejetait et se rapprochait. La jambe d'un Thor lascif vint à plusieurs reprises enlacer celle d'un Malo impérieux qui dirigeait ce tendre duel. Ils glissaient sur le parquet comme des patineurs des tropiques. Leur tango était passion. Un rituel d'amour: je te cherche, je te fuis, je te veux, je suis à toi, mais prends garde! Lors de leurs chorégraphies tournoyantes, Thor se laissait guider, Malo prenait les rênes et menait la danse avec une exquise vigueur.

Ce fut le tour de «La Llorar por una Mujer» par Sexteto Milonguero de résonner. Chaque note jouée de cette musique endiablée semblait être un coup de talon frappé au sol. À nouveau, Thor se laissa emporter, son corps suivit celui de Malo: il n'était plus. Ils étaient. Ils étaient quatre pieds, deux cœurs et un corps. Thor se sentait passer, trépasser. Puis la musique s'arrêta. Il lâcha prise. Malo ramassa leurs vestes et aida Thor à sortir de la salle de danse. Ils s'engouffrèrent dans un taxi. Si Thor pleurait sur l'épaule de Malo, ce n'était pas de désarroi mais de bonheur. Son hypersensibilité était revenue et elle lui jouait une fois encore un tour. Arrivés chez eux, Thor prit l'initiative de l'amour. Ce qui surprit agréablement Malo qui fut emporté vers le lit, sans ménagement par Thor.

«Veux-tu que l'on échange les rôles? Murmura Malo à l'oreille de Thor.

- Non, jamais! Je veux juste que tu ne bouges pas. Je te veux tout à moi. Est-ce que tu m'aimes encore?

- Non! Je t'aime toujours et je ne pourrais jamais cesser de t'aimer.»

Prestement, Thor se déshabilla et fit de même avec Malo. Il y avait une sorte de frénésie sexuelle chez Thor. Il embrassait Malo sauvagement, lui léchait le cou, le buste, les tétons, puis descendit vers son sexe dressé et l'engloutit au plus profond de sa gorge. Il lâcha sa prise avant que Malo ne puisse capituler. Il prit une noix de lubrifiant, qu'il fit glisser sur la bite adorée, puis sans attention particulière, en appliqua sur son intimité. Il se cambra, et d'un brusque coup de rein fit pénétrer la dureté de son amoureux dans son canal étroit.

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