Chapitre 3 - Soifs inextinguibles
Thor emmène son fils à l'école primaire avant de rejoindre son IUT d'Ingénierie Navale et Nautique. Azza prend le chemin du lycée accompagnée d'une copine et de Salah qui rejoint l'association dans laquelle il travaille toujours. Boris et Jean, qui travaillent ensemble, ont un rendez-vous avec un client. Éloi doit ouvrir son échoppe. Malo et Alfred sont ensemble pour voir les derniers détails de la rénovation d'un hangar qui donne sur l'extérieur du terrain et qui servira d'aire de stationnement et de garage automobile : la communauté a été sollicitée par un couple de mécaniciens auto-moto.
Après s'être habillés, Val et Sam, m’accompagnent pour faire le tour des jardins. Val tient solidement à deux mains, le bras de Sam. Il est si heureux et volubile. Il passe du coq à l'âne ne laissant pas Sam en placer une. Je reste derrière eux. J’avance les mains dans le dos avec un sourire jusqu'aux oreilles. Plusieurs hommes et femmes sont courbés sur les plates-bandes ou les potagers : c’est une journée de désherbage. Val me demande de les présenter à Sam qui les salue déjà.
Sam s'arrête un bref instant et m’invite à lui prendre la main. Mon cœur s'emballe. Nos mains s'étreignent fortement. Je ne me sens plus de joie. En une seconde, les longs mois d'attente fondent comme neige au soleil. J’ai toujours trouvé Sam beau et étonnant, mais là, il nous est revenu détendu, resplendissant et irradiant de sensualité. Finie la froideur apparente, la retenue timorée et la méfiance protectrice, maintenant, Sam a un exquis sex-appeal. Sa virilité naturelle est mise en valeur. Je le sens plus en confiance. Montrer son intérêt pour moi en me prenant la main, est un aspect que je ne lui connaissais pas : cette facette d'homme désirant et sûr de lui me charme au plus haut point.
Sam est très ému en découvrant les allées bordées d'hydrangeas de différentes variétés, formes, couleurs et tailles. Il y a des paniculatas, des macrophyllas et des arborescens. Contre les murs extérieurs de certains bâtiments, des hortensias grimpants montent contre les pierres apparentes, mélangés à des glycines ou des chèvrefeuilles.
Il n'y a qu'une seule grande pelouse d'ornement où une fontaine de granit épurée trône en son milieu. Elle est entourée de pivoines rouges, roses et blanches ainsi que de callas, de lys, d'iris et d'agapanthes bleues et blanches. Des parterres faits de plusieurs plants d'artichauts, Victor est passé par là, pas de perte de place avec des trucs inutiles, entourent les deux potagers où le mélangent légumes et fleurs. Derrière, deux grandes serres protègent des plants de fraisiers, de salades et de tomates. Des poiriers et des pommiers en espaliers courent le long d'un des murs d'enceinte. En face de nous, un coin barbecue, balançoires et un cabanon en pierre et en bois a été construit avec des matériaux de récupération. Accolé à celui-ci un grand appentis abrite une table, des chaises et des fauteuils.
Un long rideau de bambous de plusieurs sortes a été planté. L'on entend clairement un bruit d'eau et de petits claquements réguliers : le jardin japonais, que j’espérais tant, est là. C'est un délicat mélange de minéral, de verdure et d'eau. Un grand bassin dont les bords sont arrimés par des acorus, des papyrus, des oreilles d'éléphant et des massettes donne encore plus de sérénité et de pureté à l'ensemble. Sur l'eau flottent des nénuphars sous lesquels se cachent des carpes koï. Une fontaine Shisho doshi anime le plan d'eau grâce à sa canne en bambou, basculant à rythme régulier et émettant ce " tac " sec caractéristique. Un pont japonais bleu traverse le bassin, c'est la seule façon d'accéder à une petite île sur laquelle est construite une petite maison en bois à la mode japonaise. Je me rends compte que mes plans ont été scrupuleusement suivis. Je suis ébloui et ému.
Plus nous avançons en direction des bois, plus il y a d'arbres fruitiers. Le verger est plus grand que ce qui était prévu : encore une idée de Victor ? Pensé-je, amusé. Lorsque nous arrivons dans la forêt de feuillus, je vois l'atelier où vit Bosco : il n'a pas changé, il est tel que je l’ai laissé. Il est juste mieux caché par des hortensias et des rhododendrons qui ont poussés.
Nous retournons vers l'atelier de Sam. Val part travailler : il a installé ses ordinateurs et sa paperasse chez Boris.
─ Ces deux-là ne se quittent plus. Fais-je remarquer à Sam qui sourit.
─ Je l’espérais. Boris s’est épanoui depuis mon départ. Cela me fait du bien de le voir comme ça.
─ J’ai pris ma journée. Nous pouvons cuisiner ensemble. Retrouver le rythme de nos interactions passées me ferait vraiment plaisir. Allons faire quelques courses.
─ Nous pourrions préparer des sashimis et une salade vietnamienne.
─ Ce sont d’excellentes idées.
Les courses faites et les plats préparés, nous nous mettons à table avec les hommes qui sont aux Ateliers. Je n'ose pas trop m’approcher de mon amour. Dois-je garder la bonne distance comme il y a deux ans ? Dois-je avoir des gestes tendres ? Chaque instant, je veux le prendre dans mes bras, l'embrasser et le caresser. J’attends un signe explicite de Sam.
Le repas terminé, chacun retourne à ses occupations. Sam et moi rangeons la salle :
─ Peut-on aller dans votre maisonnette ? Me demande-t-il.
─ Quand vous voulez !
Sam prend ma main et me tire dans la cour. Nous la traversons en courant ainsi que les jardins. Sam m’emporte sans ménagement. Nous arrivons à l'atelier dans les bois. Il s'assied sur mon futon :
─ Pouvez-vous fermer les rideaux ?
─ Bien sûr !
Dans la pénombre, je vois que Sam retire son tee-shirt. Doucement, je m’approche de lui à quatre pattes. Je suis un félin qui s’approche d'une proie. Sam est de dos. J’aperçois son magnifique tatouage.
Je suis hésitant. Je ne sais pas ce que je dois faire. Je bande comme un âne. Ma queue me gêne. Comment me comporter ? Cela fait si longtemps que je n’ai pas eu de rapprochements physiques avec un partenaire. Je suis redevenu un adolescent maladroit.
Pour moi, il y a l'en-deçà ma disparition et l'au-delà. Avant mes opérations, je me repliais sur moi. Maintenant, une velléité effrénée d'être désiré et de toucher l'autre me brûle corps et âme. Comment l'exprimer ? Que dois-je faire pour satisfaire Bosco avec mes propres désirs et envies ? Avoir vingt-cinq ans et être aussi maladroit !
Je me couche sur le flanc. Bosco fait de même et colle son ventre contre mon dos. Il m’enlace. Je m'endors, mon corps bouillant de désir et mon cœur, serré de frustration. Au milieu de la nuit, je me réveille. J’allume la lampe de chevet. Je m’accoude sur l'oreiller et le regarde dormir. Il se réveille à son tour. Nos regards se croisent :
─ Tu dois savoir ce que je ne sais pas. J'ai envie de le faire, depuis très longtemps. Avant je ne pouvais pas, maintenant je ne sais pas comment m'y prendre. Lui dis-je.
Je viens de le tutoyer. C'est la première fois.
─ Je vais t'embrasser. Si quoi que ce soit est gênant, tu me diras d'arrêter, me dit-il.
─ D'accord. Lui dis-je en fermant les yeux et m'allongeant sur le dos.
Je prends la direction des opérations, embrassant son visage, son cou, le haut de son torse. Comme pris d'une ardeur incontrôlable, Sam me renverse sur le dos et m'embrasse maladroitement sur la bouche. Je lui donne le rythme pour l’aider. Il ne sait que faire de ses dents, de sa langue et de ses lèvres. Tant pis si cela peut être un peu douloureux pour moi, la passion avec laquelle il m'embrasse, est si primale, si tripale que j’en suis bouleversé. Sam est tel un barrage qui cède sous la pression. Nous restons très longtemps à nous embrasser, nous lécher, nous sucer et nous déguster. Il émet de longs soupirs entrecoupés de râles rauques. Il frotte son entre-jambe sur ma cuisse velue. Je me laisse faire avec délice. Ma cuisse est humide de son désir. Il jouit bruyamment. Il se laisse retomber sur moi. Je lui caresse affectueusement le dos. Cet arrêt est de courte durée. Sam prend l'initiative de baisers moins fougueux, plus doux, plus tendres qui descendent de mon visage à ma bite dressé. De mon méat sort une goutte de rosée de désir qui forme un fin filet transparent. Il en enduit mon gland avec son index. Il se met à lécher délicatement mon membre. Je remonte fermement son corps vers le haut :
─ Arrête ! Je ne pourrais pas me retenir plus longtemps !
Les petits tétons de Sam s'érigent sur son torse musculeux. Je les caresse tendrement, les pince délicatement, les triture doucement, les titille voluptueusement, les lèche voracement et les suce avidement. Ses gémissements passent du ronronnement au feulement, puis au rugissement. Son corps se tend et s'arque. Au summum du plaisir, repu, il s'abandonne dans l'état le plus pur et honnête qui soit : un nouvel orgasme a traversé sa chair et son cerveau. Sa dépouille frémissante gît dans mes bras. Je n’ai jamais vu ni fait vivre une telle puissance de volupté à qui que ce soit : Grâce à ses tétons, il a joui, c'est une première pour moi. Après un moment de repos du guerrier, Sam saisit mon pénis dur et le mène aux portes de son intimité trempée. Sans hâte, par petits coups, j’entre en lui qui tremble de faim et d'appréhension :
─ On peut arrêter si tu as mal !
─ Surtout pas ! Il faut continuer !
─ Où que tu ailles, je te suivrai !
À peine ai-je entré mon gland dans cette crypte mystérieuse que j’éjacule. Je n’ai connu que des hommes sans vagin, à ce moment-là, je me trouve dans un monde inconnu. Je me mets à genoux entre ses jambes écartées. Je découvre son joli phalloris dressé. Je ne mets pas longtemps à reprendre de la vigueur. Je capture dans ma bouche le délicat encapuchonné et lui fais subir les mêmes caresses qu'à un pénis ordinaire. Sam m'exhorte à introduire en lui mes doigts. Une nouvelle jouissance inonde mes doigts et ma bouche.
Nous sommes passés de deux adolescents empruntés et timides à deux hommes libidineux et industrieux. Cela fait des années pour moi et la première fois pour Sam, que nous n’avons pas eu de contact physique et sexuel avec un partenaire. Cette longue abstinence a décuplé notre concupiscence.
─ Je suis désolé ! Je me suis comporté comme un animal en rut ! Pourras-tu me pardonner ? Me demande Sam.
─ Tu as fait ce que j'ai toujours eu envie de voir ! Tu es beau dans la vie de tous les jours, mais lorsque tu jouis, c'est phénoménal ! J'ai pris un plaisir immense ! J'espère que nous recommencerons souvent, tous les jours, enfin autant de fois où tu le voudras !
─ Crois-tu que je peux te donner du plaisir ?
─ Si tu parles de jouissance, bien sûr et on va apprendre à se connaître physiquement. Il ne faudra pas être timide. Il faut me dire ce qui te va et ce qui n'est pas adéquat pour toi. Tu es le premier homme-trans avec lequel je fais l'amour. Tout est nouveau pour nous deux.
─ Je pense que tu le sais déjà : c'est ma réelle première fois, j'étais puceau.
─ Je n'en étais pas très sûr. Je croyais que Malo et toi, enfin tu comprends. Pour une première fois, waouh, c'est impressionnant.
─ Nous n'étions pas allés jusqu'au bout. Je n'avais pas pu me mettre tout nu. Je voudrais que tu m'apprennes à faire ce qui te plaît à toi aussi. Internet donne des éléments mais ton ressenti doit être différent.
─ Je suis gêné d'avoir joui si vite. J'espère que je vais m'améliorer, dis-je en riant. Ne t'inquiètes pas, nous avons le temps. Je suis sûr que tout va bien aller. J'ai attendu ce moment depuis des années, alors je ne suis pas pressé en quoi que ce soit. Embrasse-moi !
Le pic d'excitation passé, nous nous embrassons longuement et affectueusement. J’apprécie que Sam me renifle avec ferveur : il prend de longues et profondes inspirations des odeurs de mon visage, de mon cou et de mon torse, puis de mes aisselles rousses. Il me lèche aux mêmes endroits avec la même suavité et la même douceur. Oui, Sam a une façon animale d'exprimer sa soif inextinguible et inassouvie de sensualité et de sexe. Mon corps est autant caressé par ses yeux, par ses doigts, par sa langue ou par ses narines. « Il va me tuer si cela continue! » pensé-je, amusé. Je n'ai jamais été aimé de la sorte, aimé dans l'exhaustivité de mon corps et d'être le plus irrésistible des hommes. Je suis un gâteau au chocolat appétissant. Sam me fait savoir que je suis le plus délicieux.
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