Chapitre 7 - Vivre la passion et l'amour
Zach est une étoile polaire, un port d’attache. Pourtant je le vois comme une étoile filante qui disparaitra dès qu’il me connaitra mieux. J’ai tellement peur de le perdre. Mais plus je me découvre et lui parle de mon passé, plus Zach se rapproche de moi. Ma peur fond à son contact.
Plus il se donne à moi, plus je me sens affamé. Je n’avais pas imaginé que le velouté et le parfum d’une peau puissent me faire tomber en esclavage consenti. Mon plaisir est de le napper de baisers. Mes caresses coulent sur sa peau brune et poilue. À chacune de nos étreintes, je perds pieds. Mon corps entier devient un pénis sensible et excité. L’envie de son corps, de sa présence enveloppante, du son de sa voix profonde et de ses yeux sombres posés sur moi, sourd, suinte, suppure et exsude de tout mon être. Zach fait naître en moi une frénésie érotique et sexuelle qui me dépasse. Je me sens lubrique, satyre et sans gêne.
L’entrée de Zach dans ma vie et dans mon lit a fait disparaître tous ses anciens amants insignifiants. Je les ai tous oubliés, ils sont radiés de mes souvenirs. Qu'ils retournent d’où ils n’auraient jamais dû sortir, du néant. Ils m’ont fait vivre trop de nuits navrantes, alors que j’espérais l’inattendu et la tendresse.
Il n’y a plus aucune espèce de mesure de temps ou d’espace lorsque je suis avec Zach. Il peut me dire « Viens avec moi ! » que je le suis au bout du monde. Sa capacité à donner sans attendre la moindre contrepartie m’a métamorphosé. Pour la première fois de ma vie, je peux être moi. Je peux rire aux éclats, faire des plaisanteries grivoises ou donner mon opinion sur n’importe quel sujet sans être jugé. Il est d’un naturel sincère et probe. Je suis libre d’être aimé et d’aimer. Je me souviendrais toujours de la saison qui m’a coupé le souffle et qui m’a rendu à moi-même.
Je suis dans un état d’esprit aussi passionnel qu’admiratif. Les vagues de désir qui m’assaillent, me font savoir des choses évidentes, mais jamais encore vécues. Toucher du bout des doigts ce qui ne sera jamais soi, alors que l’on veut se fondre en l’autre, est un tourbillon de sentiments contradictoires et merveilleux. Tout corps plongé dans l’autre se noie dans un déferlement de vénération et d’ensorcellement. Nos nuits sont des successions de passion, de tendresse et de transports sans fin. Même après la jouissance séminale, je désire encore et encore Ben. Détacher mon corps du sien me plonge dans l’affliction. Ma passion est une douleur, c’est la plus douce des tortures. Je suis devenu masochiste consentant. J’aime sentir mon cœur se serrer lorsque je m’éloigne de Ben. Je ne vis plus que pour le retrouver, le voir rire, le voir lire, le voir dormir, le voir manger. C’est ma première fois, ma première passion amoureuse, mon premier véritable amour. Je n’ai jamais rien vécu de comparable. Je veux me donner corps et âme à cet homme. Cet amour fait résonner le présent avec fracas, tout est plus rapide, plus fort, plus bandant et plus beau. L’amour magnifie ce qui m’entoure.
J’entrevois dans les moments plus calmes ce que cette passion peut devenir avec le temps : Une nuit où Ben frissonne de froid, je l’enveloppe d’une deuxième couverture ; De petites attentions jalonnant notre vie pour garder cette flamme allumée. Je profite du brasier de la passion. Plus tard, elle se transformera en une douce chaleur d’amour tendre.
Je me suis toujours dit que la vie est une succession d’expériences. Certaines, et même la plupart, ne mènent à rien, mais aucune ne sert à rien, on en tire des leçons, on prend ce qui nous convient. L’on peut avoir une vie ordinaire qui nous sied ou faire des trucs extraordinaires qui ne nous rendent pas heureux.
D’avoir rencontré les hommes des Ateliers du Bonheur, je suis certain que tout est possible. Chaque couple ou trouple vit selon ses propres règles : Val et Boris papillonnent toujours en couple avec d’autres hommes ; Malo et Thor sont des pères de famille en relation exclusive comme le trouple que forment Sébastien, Victor et Alfred ; Dorian et Salah ont décidé de vivre chacun dans son propre appartement et de se rejoindre quand bon leur semblait, comme d’ailleurs, Sam et Bosco ; Aël et Caleb vivent collés l’un à l’autre dès qu’ils sont ensemble, ils vivent cette fusion avec passion et tendresse ; Éloi et Jean ont une relation dominant-dominé volontaire dans toutes les situations de la vie et ils pimentent leurs ébats de BDSM depuis le début de leur rencontre. Ben et moi, nous trouverons notre façon de suivre nos envies pour faire perdurer notre amour.
Ben a besoin de sentir protéger, cajoler et mis en confiance, c’est exactement ce dont je suis capable. C'est la façon dont je me comporte dans toutes mes relations. Mon ex, Claire trouvait ça ridicule et infantilisant. Alors que pour Ben, cela lui permet de lâcher prise et s’abandonner. Il se sent en sécurité.
Chaque matin, nous nous levons de bonne heure et de bonheur. Nous nous étreignons, nous embrassons et nous chuchotons quelques mots galants. Les dimanches de cet hiver sont particulièrement pluvieux et mornes, autant s’attarder au lit et tenter le tantrisme par temps triste. Pendant les heures lentes, l’hiver froid et humide nous oblige à nous pelotonner sous la couette. Je me délecte à la vue du profil pur et détendu de Ben. Il est beau comme l’homme d’un autre. Chaque jour est un jour où j’ai envie de le reconquérir. D’un commun accord, Ben et moi avons décidé de vivre ensemble entre les murs des Ateliers du Bonheur.
Mon ex traîne des pieds pour libérer le logement. Elle prend pour une lâche vengeance, le fait que je mette mon appartement en vente. Bosco et Thor ont effectué le déménagement. Ils se sont fait insulter et molester par les petits poings de mon ex furax. Ils avaient loué deux camionnettes : une pour mes affaires et l’autre pour celles de Claire. Ça a été réglé en une journée. J’ai de la peine que cela se finisse avec ce genre de scène et surtout de haine. Elle a mis un terme à notre relation et elle avait totalement raison. Pourtant, elle ne me pardonne pas de ne pas m’être accroché à elle, de n’avoir pas tout fait pour la récupérer. Ses réactions disproportionnées la font passer pour une névrosée, exactement le contraire de ce qu’elle voulait. Je suis allé la voir pour lui faire entendre raison. J’ai de la peine qu’elle soit mal perçue par nos amis communs. Crier sur les toits que je suis une « pédale dégénérée », ne lui sert dans son travail, elle est travailleuse sociale.
Ben sait être à mes côtés lors de ce déboire. Il a fait abstraction de son immarcescible besoin d’attention pour m’épauler et me cajoler. Cette épreuve nous prouve à tous deux que nous sommes forts et solidaires :
─ Arrête d’être gentil tout le temps même lorsque j’ai tort. Je me sens encore plus nul ! Dis-je en chouinant.
─ Grand béta, je ne suis pas gentil et tu n’as pas tort, alors tu ne dois pas te sentir nul ! Me répond-il.
─ C’est à moi d’être là pour toi !
─ Alors quoi, je ne peux pas être fort et te soutenir parce que je suis ton bottom ?
─ Mais non ! Tu as raison, je me comporte comme un prétentieux et un arrogant.
─ Tu as un petit côté paternaliste, mais tu t’arranges avec le temps. Je ne me laisserais plus jamais faire, ne t’inquiète pas. J’ai décidé de ne pas brader mes sentiments pour adoucir mes faims d’émoi et d’amour. Si un jour, c’était le cas, je mettrais fin à notre couple. T’es prévenu !
─ Tu es merveilleux ! Merci d’être assez patient pour m’aimer malgré les aléas de ma vie.
─ Tu as fait exactement pareil pour moi lorsque nous nous sommes rencontrés. Il faudra juste s’assurer que l’on continuera à être uni dans l’adversité. M'affirme Ben.
Cette année, nous avons organisé une grande fête de Noël. Les Ateliers du Bonheur font le plein de bonnes nouvelles.
Tudal, le papa de Thor, est venu avec son violon et sa joie de vivre, il a décidé de passer plusieurs mois par an avec son fils, Malo et Vikingur. Il a trouvé un couple qui prend soin de son épicerie-bar. Quant à Thor et Malo, ils vont se marier. Ils font des démarches pour adopter un nouvel enfant.
En début d’année prochaine, les papas de Malo ainsi que Gaëlla, viendront habiter près d'eux. Ils cherchent une grande maison au calme avec un grand jardin pour accueillir la famille.
La maman d’Aël est venue accompagnée de son amoureux, un professeur de français divorcé et souriant.
Azza a présenté à tout le monde, une "amie" proche, tous les hommes font comme s’ils n’avaient pas compris ce que cela sous-entend.
À partir de janvier, Jibril habite avec Fouad qui devient aveugle. Sam leur a trouvé une jolie maison de plain-pied avec un jardinet pas trop loin de leur cité HLM où ils ont leurs habitudes.
Éloi a repris contact avec un de ses frères, celui qui est rentré dans les Ordres : ce qu’il avait pressenti, est juste. Son frère a préféré se retirer du monde que d’assumer son homosexualité. Le Frère Marc ne peut venir aux réjouissances des Ateliers, mais il écrit de longues lettres à Éloi qui peut avoir des nouvelles de sa famille. Ce rapprochement est un soulagement et lui donne le courage de revenir vers la foi catholique.
Dorian et Salah veulent eux aussi se marier, tout en gardant chacun leur propre appartement. Ils tiennent à une certaine indépendance, cela nourrit le feu de leur amour. Salah a lui totalement abandonné son engagement envers l’Islam, il n’est pas l’intègre pour rien.
Val et Boris vivent leur amour au jour le jour. Ils préfèrent batifoler et s’ébattre avec de jeunes hommes de leur connaissance ou inconnus. Ils suivent une vie légère et sans contrainte.
Zach et Ben sont dans leur phase lune de miel. Ben travaille en distanciel. Une fois par mois, je passe deux jours à Paris au siège de sa boîte pour une réunion. Ces jours-là, Zach tourne comme un lion en cage. Il se fait charrier par la communauté.
Victor, Alfred et Sébastien sont en bisbille : Alfred et Sébastien voudraient adopter un enfant et Victor n’est pas emballé. Il est attaché sa liberté. Tous les trois cherchent un compromis. Des pistes s’ouvrent : accueillir un enfant de l’ASE en est une.
Mon Bosco qui a toujours voulu faire un tour d’Europe à vélo, part au printemps pour un temps non défini. Il m’invite à le suivre, mais je préfère aller en Mongolie ! On m’offre la possibilité d’un grand reportage.
Quant à cette saloperie de Franck, il s’est fait prendre la main dans le sac : à défaut de passer sous les fourches caudines de la justice pour ses façons déplorables de se comporter avec ses jeunes amants, il est poursuivi pour malversations, prises illégales d’intérêts et complicité de délits d’initiés. Ouf ! Une enflure de moins dans le circuit !
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